
A P O T H E O S E S DES GRECS.
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C H A P I T R E X I I .
1. Apotheofes des Gvets. II. d Hephe(iion, IIl. d*Anûnoiis%
L T ’U sage des apotheofes avoit paffé des Grecs aux Romains : flous
1 _,avons vu à la fin du premier tome plufieurs grands hommes mis au
nombre des Héros ou des dieux. L Heroifme fe prenoit auffi pour une efpece
de déification ; nous en avons un exemple dans T hucydide. Brafidas fameux
capitaine Lacedemonien aiant été tué près d Amphipolis, les foldats & les auxiliaires
fe tenant fous les armes l’enfevelirent devant 1 endroit de la ville ou
fut depuis le marché. Les Amphipolitains non contens de cela firent une cm
ceinte autour de fon tombeau, lui rendirent les honneurs quon rend aux
Héros , établirent des jeux & des facrifices annuels, & le regardèrent depuis
comme le fondateur de leur colonie.
11. Ce que Lucien raconte dans fon traité contre la calomnie, touchant l’a-
potheofe d'Hepheftion ami d’Alexandre le grand, mérité d’être rapporté ici.
Hepheftion étant mort, Alexandre qui l’aimoit jufqu à la folie, ne fe contentant
point des funérailles magnifiques qu il lui avoit fait faire, le mit au
nombre des dieux. D'abord les villes lui bâtirent des temples, lui érigerent des
autels , & lui offrirent des facrifices ; on fit des fêtes par tout en l’honneur du
nouveau dieu, & le plus grand de tous les fermens étoit par Hepheftion. Si
quelqu’un eût ri de tout cela, ou eut paru n avoir pas pour le dieu Hepheftion
tout le refpeét qui lui étoit dû, c’eût été un crime capital irré-
miffible. Les flateurs voiant cette conduite puerile & fi deraifonnable d A-
lexandre, loin de l’en détourner , envifageant plutôt leur faveur que 1 honneur
de leur maitre , l’animerent même à en faire davantage: ils feignoient
des fonges & des apparitions d’Hepheftion, ils lui attribuoient des guerifons
& des prédirions, & lui facrifioient comme à un dieu reçu en la compagnie
des autres dieux, & qui délivroit de toutes fortes de maux. Cela fit plaifirâ
Alexandre, il le crut, il s’enfla de vaine gloire, non feulement comme étant
fils d’un dieu, mais auffi comme aiant le pouvoir de faire de nouveaux dieux.
Combien n’y eut il pas en ces tems-là d’amis d Alexandre qui accufez de n a-
voir point la vénération due au nouveau dieu bienfaéleur de tous les hommes,
C A P U T X 1 1.
/. Apotheofes Gracorum. I I . Apotheoßs H e -
pbaftionis. I I I . Antinoi.
I> * P o t h e o s e o n ufils a Grid s ad Ro-
J \ manos manavit. In calceprimi tomi vidimus
prscclaros homines bene multos in heroum 8c deorum
r.umerum relatos. Heroifmus quippe qui ftrenuis vi-
risdabatur, apotheofis quiedamerat : hujus rei exem-
plum fubminiftrat Thucydides 1.7. p- 350. Poftquatii
Brafid.isdux Lacedarmonum Celebris prope Amphi-
polin occifus fuerat, milites & auxiliarii armati ante
eum urbis locum , in quo poftea forum conftitutum
eft, ipfum fepelierunt. Amphipolita: vero his non contend,
circa fepulcrum ejus feptum ftruxerunt, ipfique
tamquam hcvoi parentarunt, cettamina & facrificia
annua conftituerunt, ipfumque poftea quafi colonia:
fuse fundatorem habuerunt.
I I . Id quod in fuo de calumnia libro refert Lucia-
nus circa Hephreftionis Alexandri amici apotheonn,
T om. K
hic îocüfti habere meretur. Pofteaqiiam e Vivis excef-
fit Hephæftiôn, Alexander ad reliquam Funeris magni-
ficentiam additum voluit, ut mortups inter dcos
Hephæftiôn haberetur. Continuo civicates ei templà
cbndiderunt, delnbta dedicarünt -y aras , vi&imas 8c
fefta novo huic deo confacrarunt : eratque nomen
Hephæftionis jusjurandum omnium religiofiffimumi
Si quis autem vel rififfet ad ea quæ fiebant, vel non
omni ftudio colere ipfum vifus effet, ei capitalis poena
erac indi&a. Affentatorés autetn perfpé&a hac ju-
venili Alexandri cupiditate, ei ignera & fotniteni
addere coeperunt, fomniâ narrantes quidam & vifi
Hephæftionis , ac medelas etiatn ei attribuentes ,
ejulque oracula prsfcdicantes ; denique affeffori malo-
rumque depulfori deo facrafecerunt. Alexander au-»
tem hæc jucunde audiebat, tandemque etiam iis Ut veris
fidem habebat , 8c gloriabatur quod non modd
dei filius effet, fed quod deos etiam Creare poffet«
Quot igitüt Alexandri amicos putamusob illam Hephæftionis
divinitatem turn male habitós Fuiffe , curü
accufarcntur quod communefia omnium deum non co»
X ij