
I5S L’A N T IQ U I T E ' E X P L I Q U E E , &c. L i v. IV.
cipale figure, qui eft celle du milieu, a été un fujet de conteftation: elle
porte une couronne radiale ; derrière les premières pointes de la couronne eft
un voile qui lui defeend fur les épaules; & elle tient de la main gauche un
feeptre. Triftan dit que c’eft Jupiter ; les trois autres font contre lui, & avec
raifon: on n’a jamais vu de Jupiter de cette forme s & quoiqu’il y ait eu des
Jupiters {ans barbe, les exemples en font rares ; c’étoient quelques Jupiters
particuliers ou locaux : en un mot, cela ne doit point faire exemple, d’autant
plus qu’il n’y a ici aucun des fymboles propres à Jupiter. Les trois qui ont re-
jetté le fentiment de Triftan, prétendent que c’eft Augufte. Je ne puis adopter
leur fentiment ; je ne vois rien ici qui me puilTe perlùader que c’eft véritablement
Augufte ; il n’en a nullement l’air ; la couronne radiale ne fe voit
jamais fiir la tête de cet Empereur, ou du moins puis-je répondre que je ne
l’y ai jamais vue. De plus cette figure a la robe d’une femme, comme il eft
aile de voir en la comparant avec toutes les femmes qui font dellous dans le
fécond rang, hors Agrippine , qui comme nous dirons plus bas, porte la
chlamyde. Je crois donc que c’eft une déelfe, & à mon avis Venus la Reine,
ou Venus Génitrice, avec fon fils Enée, qui pâroit être fur fon fein, & de l’autre
côté Jules-Cefar defeendant d’Enée à ce qu’il difoit, & à ce que les autres
diloient après lui ; Virgile entre autres qui dit que le nom Julius defeend du
grand lulus, quiétoit Afcanius fils d’Enee.
Au côté droit de la déelfe eft Cupidon fon autre fils, menant par la bride le
cheval Pegafe qui porte Augufte couronné de laurier. Cupidon préfente Augufte
à la mere pour l’affocier à toute fa famille déifiée. Enée préfente à Augufte
un globe, apparemment le globe celefte, pour lui marquer qu’il va régner
dans le ciel comme il a régné fur la terre. Voila ma penfée, ou pour
mieux dire, ma conjecture. Venus avec tous les principaux de fa famille reçoit
ainli Augufte dans la troupe celefte. Cette déefle couronnée tient un Iceptre,
marque quelle régné dans le ciel avec fes enfans & fes defeendans. Les dieux
lé voient fouvent avec ces couronnes radiales, comme Jupiter, Junon, Vefta,
Hercule & d’autres. Sur toutes les autres figures de ce rang je conviens avec
quelqu’un ou plufïeurs de ceux qui ont expliqué cette pierre. Enée porte comme
il doit l’habit Phrygien. Ce ne peut être R ome, comme M. de Peirelc l’a
çru -, on n’a jamais peint la ville de Rome en cette maniéré. Il eft vrai pourpraecipuumque
locum tenet, magnam peperit contro-
verûam. Ea coronam radiatam geftàt : pone coronam
velum eft partem capitis operiens & in humeros de-
fluens 5 manu vero finiftra feeptrum tenet- Jovem
elle dicir Triftanus , réclamant très alii nec finecau-
fa j licet enim Jupiter in nonnullis imaginibus imber-
bis repræfentetur i. illæ imagines perraræ funt, & ad
quædam loca peculiariter pertinent, nec debent hic
in excmplum adduci, cum maxime nullum præterca
hic adfit Jovis fignum aut fymbolum. Très illi qui
Triftani Jovem efle dicentis fententiam répudiant,
Auguftum efle dicunt, cui ego fententiæ ne adftipu-
ler multa fuadent : neque enim Auguftum rerert,
corona item ilia radiata nufquam in Augufti imagini-
bus vifa fuit. Tunica etiam ejus omnino muliebris
efle videtur , quod utique deprehendas fi conféras
cum aliis aliarum feminarum hoc in anaglypho com-
prehenfarum tunicis, quæ feminae omnes in fècunda
imaginis parte confiftunt ; excepta tamen Agrippina,
quæ, ut dicemus, chlamydem ad viri modum geftat.
Putarim egodeam efle & quidem Venercm reginam,
aut Venerem genitricem , cum Ænca filio qui ejus
gremio hærere videtur , & ex altera parte cum Julio
Caefare , ex Ænea, ut ipfe quidem putabat omnefque
dicebant, originem ducente, atque adeo ex Venere
îpfa : fie Virgilius:
Julius a magno demiffum nomen Iulo.
Id eft , Afcanio Æneæ filio.
A dextris Veneris eft Cupido ejusfilius alter, qui
Pegafum habenis durit Auguftum lauro çoronatum
geftantem. Cupido Auguftum matri offert, ut in fo-
cietatcm totlus familiæ in deorum numerum receptas
admittatur. Æneas Augufto orbem, ut puto , cæle-
ftem offert, ut fignificet eum jam regnaturum in carlo
ut in terra regnavit. H arc eft opinio , vel ut tutius
djeam , conjectura mea. Venus cum filiis nçpotibufi
que præcipuis fie Auguftum in carleftem tuibam atque
focietatem admittit. Venus coronata feeptrum tenet
, quo fignificatur earn in carlo regnare cum filiis
atque nepotibus. Nam cum radiatis coronis fæpc dit
vifuntur ; fic vidimus Jovem , Junonem, Veftam ,
Herculem & alios. Circa omnes alias hujufee prima:
partis figuras cum quibufdam ex praemi/Iis fcripcori-
bus confentio. Æneas vefte Phrygia, ut decebat,
indutus eft *, Roma nunquam fie depiria fuit -, Peiref-
çius tamen efle Rorcum arbitratur : verum tamcn eft
A G A T H E DE LA S AI NTE-CHAP ELLE. iJ7
tant qu’il y a une médaillé Confulaire où elle porte la tiare Phrygienne ou un
cafque qui en a la forme : ici tout l’habit eft Phrygien. Je conviens fur ce point
avec Triftan & Rubens. Je conviens auffi avecM. de Peirefc & Jaques le Roi
fur Jules-Celar, qui paroit derrière Enée, tenant un bouclier & couronné de
laurier ; la tête a afléz l’air de Jules-.Celar que nous voions fur les médaillés :
Triftan a prétendu que c’eft Nero Claudius Drufus Germanicus. Celui qui va
au ciel monté fur Pegafè meparoit être Augufte, & non pas Nero Drufus ni
Marcellus : je fuis en cela du lèntiment de T riftan ; tout le delfein de la pierre
mêmefemblele perfuader. C’eft Tibere qui occupe le milieu de la pierre avec
fa troupe, & qui régné fur la terre tandis que fon prédecelfeur eft reçu dans le
ciel pour y regner , comme marque le globe celefte que lui prélente Enée.
Cette apothéofe dans une image où Tibere paroit fur Ion throne, .convient
mieux à un Empereur Ion predecefléur qu’à tout autre. On a beau dire qu’Augufte
paroit trop jeune ; il paroit de même dans les médaillés, avec lefquelles
cette tête a afléz de raport.
La partie du milieu qui fait comme un autre tableau , eft bien plus ailé'e à
expliquer que la précédente. L’Empereur Tibere eft affisfûr fon throne couronné
de laurier , tenant un feeptre de la main droite, & un bâton augurai de
la gauche, il eft nu jufqu’àla ceinture , & couvert de la ceinture en bas d’une
égide environnée de ferpens : T riftan a nié que c’en fut une, mais d eft rejette
de tous les autres. A la droite de Tibere eft aifîfe Livie, que Triftan a mal prile
pour Antonia. Livie couronnée de laurier , tient des pavots comme la déefle
Cerès.On voit 11 fouvent dans les médaillés les Impératrices porter les fymboles
des déeflès , que cela ne peut faire aucune peine.
L’Empereur Tibere parle à Germanicus , qui fe tient devant lui arme de
pied en cap , & qui porte la main lur fon cafque, tandis qu’Antonia la mere
qui eft à côté de lui couronnée de laurier , lui pafle le bras derrière le cou
comme pour l’embraffér. Triftan a pris mal à propos Antonia pour Livia.
Germanicus fe préfente à l’Empereur après fon expédition de Germanie félon
Triftan , dont le fentiment paroit fort plaufible ; de là vient, à ce que je crois,
qu’après les viétoires qu’il a remportées lur les Germains, tant l’Empereur
qui en devoir avoir l’honneur, que Livie & Antonia, font couronnez de laurier.
Antonia qui embralfe fon fils femble aufli favorifer ce fentiment.Tous les
In quodam nummo confulari Romæ caput caflîde or-
nari ad tiaram Phrygiam accedence -, at hic coca ve
ftis Phrygia eft. Peirefcium & Jacobum le Roi Ii-
benter fequor exiftimantes eum qui pone Æneam ftac
clipeum geftans & lauro coronatus, efle Julium Cæ-
farem : ejus caput révéra Julium Cæfarem refert, ut
in nummis habetur. Triftanus putavit efleNeronem
Claudium Drufum Germanicum. Isqui Pegafo vc-
$us in cælum afcendic, Auguftuseflc mihi videtur,
non Nero Drufus, neque Marcellus, eaque in te ad
Triftanum accedo : tota quoque anaglvphi ratio id
jfuadere videtur.-Tiberius medium totum cum turma
fualapidcm occupât , ifque in terra imperat, dura
deceffor ejus in cælum admittirur ibi regnaturus, ut
ex globo cælefti quem ipfi Æneas offert arguitur :
nam globum melius Imperatori ofFerri puto. Hxc
apotheofis in imagine in qua Tiberius in folio fedens
confpicitur , Imperatori & deceflbri ejus melius
competit quam cuipiam alii. Fruftra dicitur Auguftum
hicquampat eft juniorem efle videri : in nummis
etiam juvenis confpicitur , hocque caput cum
nummis confentic.
Pars anaglyphi media, quje quad aliameffkit imaginem
, longe facilius explicatur , quam prior. Tiberius
Imperator lauro cöronatus in folio fedet feeptrum
dextera tenens, & lituum finiftra. Superne nudus a
zona ad pedes ufque tegitur aegide ferpenrihus circum-
data. Negat Triftanus xgidtm efle , fed ab aliis omnibus
rejicitur. A dextris Tibcrii fedet Livia, quam
pro Antonia male habuit Triftanus. Livia lauro coronata
papavera tenet ut Ceres. Tam frequenter in
nummis Äuguftarum vifuntur dearum fymbola ge-
ftantes, ut nihil hinc difticultatis fuboriri poflit.
Imperator Tiberius Germanicum alloquitur ar-
mis inftrurium & manum galeae imponentem , dum
Antonia mater ejus , quae lauro coronata adeft, ipfum
brachio complerii videtur. Triftanus qui Antoniam
pro Livia habuit, haud dubie lapfuseft. Germanicus
Imperatori fe fiftit poft expedirionem Germanicam ,
ut probe ait Triftanus. Hinc autem eft, ut puto,
quod poft: tot tancafque ab illo de Germanis reporta-
tas viriorias 3 qux in ipfum haud dubie redur.dabant
Imperatorem , tarn Imperator quam Livia & Antonia
lauro coronati fint: huic lententix favet mater
Antonia filium poft reditum compleriens > alii prxter
Triftanum, cui ego aflencior, yolunt hie Germanicum