
»jeunes garçons des familles nobles, & à l'autre des femmes.de qualité. Les
»uns & les autres chantent en l’honneur du défunt des chants graves & lugu-
»bres.. Aprèscela ils emportent le lit hors de la ville au lieu appelle' le champ
»de Mars , où.eft dreffé un catafalque quarré, qui a les cotez égaux , & ou
»il n'y a que là feule charpente de grandes pie'ces de bois qui forment une
»efpece de maifon. Tout le dedans eft plein de matières les plus combulH-
»bles, & le dehors eft couvert de tapis brochez d’or, d'images d’ivoire &ç
»de belles peintures. Audeffus de ce catafalque il y a un autre étage plus pe-
»tit & orné de même , qui a des portes ouvertes : fur celui-là il y en a un autre
»& encore un autre j c’eft-à-dire.jufqu’à trois ou quatre, dont les plus hauts
»font toujours plus petits & de moindre enceinte que les plus bas, de forte que
»le plus haut eft le plus petit de tous. Tour le catafalque eft femblable à ces
»tours qu’on met aux-ports , & qu’on appelle phares , où l’on met des feux
»pour éclairer les Vaiffeaux , & leur donner moien de fe retirer en lieu fur.
»Ils mettent le lit dans le fécond étage, où l’on met auffi des aromates, des
»parfums , & tout ce que la terre produit-, ils font des tas de fruits, d’herbef,
«de fucs,& de tout ce qui peut exhaler une bonne odeur. Il n’y a point de
»nation, ni de ville, ni d homme conftitué en dignité , qui n’envoie ces dern
ie rs préfens pour faire honneur au Prince. Apre's qu’on a fait une grande
»pile de ces aromates , & que la cavalerie eft arrivée , tous les cavaliers cou-
»rent avec un certain ordre en faifant des voltes, & gardant une certaine
»cadence comme dans la danfe pyrrique. Les chariots y courent auffi avec
»le même ordre, dans leiquels lont des gens vêtus de la prétexte ou d’habits
»bordez de pourpre : autour de ceux là font des figures des Romains qui
»ont brillé ou dans la guerre, ou dans le gouvernement de l’Empire,
»Après que ces ceremonies font achevées, celui qui doitfiicceder à l’Em-
»pire prend une torche, & metle feu à lamachine ; les autres l’y mettent auffi
»de tous cotez ; le feu prend aifêment à ces aromates & à toutes ces matières
»combuftibles. Alors on fait fortir du haut du plus petit appartement qui eft
»comme le faîte de la machine, une aigle qui monte en haut avec le feu, &
»qui porte au ciel, dit-on, l ame du Prince: & depuis ce tems-là on lui rend
»le même culte qu’aux autres dieux.
Il y aquelque endroit dans le texte grec d’Herodien qui paroit corrompu.
Ce qu’il dit que ceux qui laifloient des enfans pour leur fucceder étoient mis
ßrium hyrnnos in de fun ft um p&anafqae canentium Gene-
rando ac Lament ab ill carmine : quibus per a ft is extol-
lunt iterum left um , atque extra urbcm perferunt in
Jldartium camp um, ubi qua latißime campus patet, fug-
geßus q4 dam fpecie quadrangula lateribus aquis afür.
g it , nulla praterquam lignorum in gentium materia
compaftus in tabetnaculi formam. id quidem interius
tot um eß aridis fomitib us oppletum , extra autem int exits
aura fagulis atque eboreis fignjs variifque pifturis
exor natura. Supra vero alt er um minufculum pofitum eß,
fed forma & omatu perßmile , portis januifque paten-
tibus. Tmiumque item & quartum fimper inferiore contra
ftiut 3 donee ad extremum quod eß omnium minimum
perveniatur. Pofßs ejus adificii formam comparare tune
ribus iis qua portibus imminentes , noftu ignem prafe-
rentes , naves in tutas ßationes dirigunt, pharos vulgo
appellant• Igitur lefta in fecundum tabernaculum fubla-
to , aromata (fr fuffmenta omms generis , fruftus , her-
bm Juccofijm omnes odoratos conejuirunt , atcjue acer.
vatim effundunt. Quippe neejue gens eß neejue civitas,
neque qui honore ullo aut dignitate pracellat, quin certatim
fin rerna ilia mimera in pnneipis honorem mitt ant,
TJbi vero ingens aromatum acervus aggejlus eft ac locus
omnis expletui, turn circa adificium illud adequi-
tant, univerjis equeftr/f ordinis certa quadam lege ac
recurfu , motuque pyrrichio numéro que , in orb cm decurrent
ibus, Currus item decenti fimiliter ordine cir-
cumaguntur 3 inf eden tibus pur pur at is reftoribus , qui
perfonas geftent referent es imagines Romanorum omnium
qui gloriofe exercitibus prafuerunt aut imperarunt.
Qua ubi célébrât a funt, facem capit imperii fuccejfor,
eamque tabernaculo admovet. Turn cateri omnes undi-
qtie ignem fubjiciunt : cunftaque illico fomitibus ill is
aridis odoramentifque referta , igni va lido corripiun-
tur. Mox ab extreme minimoque tabernaculo, tamquam
e faftigio quodam ,Jimul cum fubjefto igni afeenfura in
atherem aquila dimitritur, qua tn calum creditur ipfam
principis animam deferre : ac jam ex illo tempore ma
cum cateris numinibus imperator colitur.
Aliqua funt in texcu græco Herodiani quæ vitiata
videntur. Quod aurem dicit eos, qui hlios rclin-
querent fucceiTores, in dcorum numemm adferiptos
au
A P O T H E O S E S D E S E M P E R E U R S . ijj
au nombre des dieux, eft vrai : mais il ne faut pas reftraindre la coutume à cèux^ '
là feulement, y aiant eu plufieurs Empereurs qui ont mis leurs prédeceffieurî
au nombre des dieux , quoiqu’ils ne fuffient ni leurs peres ni leurs parens.
Voici ce que dit Pline le jeune fur ces apothéofes :» Tibere a confacré au «
ciel Augufte, pour l’élever à la dignité d’un dieu; Néron a auffi confacré «
Claude , mais pour fe moquer de lui. Tite confacra Velpaficn, & Domitien «
déifia Tite ; mais le premier le fit pour paroitre fils , & le fécond pour paroi- <«
rre frere d’un dieu. Pour vous , ( il parle à Trajan ) fi vous avez déifié votre •«
pere , vous n’avez pas eu en vue d’infpirer la crainte au peuple , ni de faire «
injure aux dieux, ni de vous faire honneur à vous-même -, mais vous l’avez «
fait parce que vous le croiez dieu, «
On voit fouvent fur les médaillés les cohiecrations ou les apothéofes des
Empereurs ; on y voit ces machines,ou catafalques à plufieurs étages qui diminuent
toujours en montant. On voit auffi fiir les médaillés des aigles qui p ^
s’envolent, & qui emportent lame des Empereurs représentée par leur image cxxvit
même : nous en donnons quelques- unes dans la grande planche qui luit. La
figure qui vient après, tirée d’une pierre gravée du T refor de Brandebourg,
repréfente l’apothéofe de Jules-Cefar monté fur le globe celefte , & qui a un
gouvernail, comme pour gouverner le ciel, & pour dilputer à Jupiter, comme
dit Julien, la monarchie celefte. En effet Silene lui di t , pourfuit Julien,
Prenez garde que cet homme ambitieux ne tente de vous déthroner.
fuilTe , verum qüidem eft ; fed non in eos folum
mos ille referendus eft: qüandoquidem multi foe-
re imperatores , qui deceflbres fuos in deorum nu-
rcerum retulere, licet nec fiiii nec cognati eorum
efteht.
Hxc de apotheoGbus inquit Plinius junior in pa-
negyrico Trajarii cap. 11. Uicavit calo 'Tiberius A u-
guftum s fed ur ma;eßatis mmen irtduceret s Claudium
dS/ero 3fed utirrideret: Vefpaßanum Titus, Dotnitia-
nus Timm : fed ille ut dei flips , hie ut frater videre-
tur : tu fideribus patrem intulifii> non ad met urn civium3
non ad contumeliam numinum, non in honorem tuum,
fed quia deum credit.
In numifmatibus fa:pe vifuntur confecrationes feu
apotbèofes imperatoriim : ibi tabulata ilia videre eft ,
quæ multis conrignationibus infurgunt j ira ur grada-
tim contignationes illæ minuantur j itemque in num-
mis vifuntur aquiîæ , quæ avolantes animam impera-
torum extollunt eoiumdem imagine figutatam. Aliquot
hujufeemodi in magna tabula fequenti proferi-
mus. Aliud vero quod fequiftur fchema, ex infculpta
Mufæi Brandeburgici gemma prodit, & asobte>cif
Julia Cæfaris repræfentat in cælefti orbe cön G dentis*
gubernaculumque habentis , quaft ut cælum regat >
deque imperio cælefti ciim jovelpfo contendat, ut
ait Julianus imperator in Cafaribus : etenim Silenus
Jovi ait, permit Julianus, cave ne vir hicarabitiofui
te folio depellere tenter.
Tom. y. V