
O R A I S O K S F U N E B R E S . iC
avoit dans la République pendant qu’il étoit envie. Quand ils font arrivez «
àuxRofîra, ils s’affeient tous félon leur rangfur des fieges d’ivoire : on ne peut «
rien voir de plus beau que ce fpeétacle, ni de plus propre à exciter les jeunes «
gens à l’amour de la belle gloire : car qui ne leroit ému & faifl d’un defïr «
îï louable, voiant les images comme vivantes de ces grands hommes, à la «
vertu defquels on fait tant d’honneur ? Joignez à cela l'oraifon funebre que «
fait l’Orateur delliné pour cela : il y parle non feulement de celui que l'on va «
enfèvelir, mais auffi de tous les autres dont les images font préfentes, en»
commençant par le plus ancien ; il étale leurs belles actions, & les honneurs «
qu’on a faits à leur mérite. Il arrive de là que les eloges de ces grands hom- «
mes font fouvent réitérez, & que la gloire de leurs grandes actions par là «
confacrée à l’immortalité, fe répand par tout, & paffe à la pofterité : la jeu- «
nëlfe éprife du defîr d’arriver à de pareils honneurs, fe porte avec ardeur à «
tout faire & à tout entreprendre pour le bien de la République. »
IV. Ces éloges funèbres étoient encore enufàgechez les Grecs, comme
dit Periclès au commencement de l’oraifon funebre des Athéniens morts à la
guerre pour leur patrie : c’eft la feule des oraifons funèbres de ces anciens tems
qui nous refte. On faifoit ces oraifons funèbres non feulement pour les hommes
de diftindtion, mais auffi pour les femmes illuflres qui avoient fait quelque
chofe de remarquable pour la République. Platon fait mention de cette
coutume ; cela fè faifoit auffi chez les Romains, comme dit Cicéron au fécond
livre de l’Orateur : « J’ai pris plaiflr, dit-il, auffi bien que tous les auditeurs , «
de vous entendre faire l’éloge de JPopillia votre mere. Je crois que c’eft la «
première femme à qui on a fait un pareil honneur dans cette ville. »
chinait. A d Roftra ut vmtum efi , ordirte omttes fellis
infident eburneis j quo fpettaculo nullum pulcrius juve-
wis ver a lundis etc virtutis amans queat intueri. Quis efi
enim quem lundis cupido non invadat , cum imagines
virorum quos fua virtui fecit inßgnes g velut vivas om-
ves fpettet ac fpirantes ? Aut hoc fpettaculo quod pote
f i aliud effe pulcrius ? Caper um qui mox fepeliendum
laudat, abfoluta hu jus laudatione , ad altos orationem
conferens, ab maxima natu omnium qui adfunt orditur,
& decora fîngulorum ac res gefias commémorât, atque
hoc modo bonorum prafianti laude ac fama fubinde rénovât
a } edr urn gloria q u if acinus aliquod memorabile
ediderunt, fit immort dis : nomen autem eorum qui de
patria praclare funt meriti , vulgo innotefcens adpofle-
ritatis memoriam propagaturquod longe maximum,
juventus ad omnia ferenda excitatur, quo tandem illam
adipifcaturgloriam qua bonos comitari (olet.
IV. Hæ funèbres orationes etiam apud Græcos
in ufu erant , ut ait Pericles ifiitio elogii funebris
Athenienfium illorumqui pro patria in bello cecide-
rant 3 quod unum ex omnibus fupereft. Non folum
autem v iri, fed étiam mulieres nobilitate infignes 3
quæ aliquid Reipublicæ gratia feci (lent iftis oratio-:
nibus laudabantur, ut ait Plato de Legibus libropri-*
mo. Idem obfervabatur apud Romanos, quemad-:
modum teftificatur Ciçero Iib. 2. de O rat. In eo qui
dem genere , inquit 3 fcio & me & omnes qui adfuerunt
delettatos effe vehementer, cum abs te efi Popillia mater
vefira laudat a : eut primum mulieri hune honorem in no-
fira civitate tributumputo. Hujus rei eti^niapud Plu-'
tarchum exempla reperiuntur%
Tom. W.