Guinée & du Sénégal que nos fourreurs appellent Tigre.
Au relie, c ’eft la feule petite utilité qu’on puilfe tirer
de cet animal très - nuilible, dont on a prétendu que la
lueur a étoit un venin & le poil de la mouftache un
poifon B fûr pour les hommes & pour les animaux ;
mais c’eft allez du mal très-réel qu’il fait de fon vivant,
fins chercher encore des .qualités imaginaires & des
poilons dans fi dépouille ; d’autant que les Indiens mangent
de fa chair & ne la trouvent, ni mal faine , ni mau-
vaife ; & que, fi le poil de fi mouftache pris en pillule ,
tue , c ’eft qu’étant dur & roide, une telle pillule fait dans
l ’eftomac le même effet qu’un paquet de petites éguilles.
* Hiftoire naturelle de Siam, par Gervaife. Paris, 1 6 8 8, page 3 S.
' 1 La Chine illuftrée, par Kircher , tradudion de Dalquier. Amjlerd.
1 6 7 0, pages 1 1 0 à 1 1 1
D E S C R I P T I O N
D U T I G R E .
O n a eu, il y a plufieurs années, à la ménagerie de Verlâilles
un tigre qui y mourut, là peau fut empaillée ; elle a été apportée
dans la fuite au cabinet d’Hiftoire Naturelle. Autant que l’on
peut juger de la taille de ce tigre par ce qui en relie, je crois
qu’il avoit près de fix pieds &■ demi de longueur, depuis le
bout du nez julqu a l’origine de la queue qui ell longue de
deux pieds lèpt ou huit pouces ; le lômmet de la tête ell large
& les oreilles font courtes & fort éloignées l’une de l’autre. Il
paraît que la forme du corps avoit beaucoup de rapport à celle
de la panthère : on pourra prendre quelqu’idée de cette reflêm-
blance en comparant la figure du tigre (pi. ix ) deflmée d’après
la peau empaillée, avec les figures (pi. x i & x ii) des panthères,
qui ont été deffinées d’après ces animaux vivans.
La peau du tigre, dont il s’agit, a de longues taches noires fur
un fond de couleur fauve ou blancheâtre avec une teinte jaunâtre
dans quelques endroits : le nez & les côtés du nez font fauves
lâns aucunes taches. Les temples, le front & le fommet de la tête
ont des taches noires fur un fond de couleur fauve; ces taches
font fort irrégulières , prefque toutes en forme de bandes dirigées
en differens fens ; celles du bas du front ont peu de longueur &
de largeur : il y a de chaque côté de la partie moyenne du front
une tache prefqu’ovaie, & au deflus de ces taches une bande étroite
& p eu apparente qui traverfe le deflus du front, & dont les deux
extrémités font recourbées en bas & en dedans ; il fort du milieu
de cette bande deux autres bandes un peu plus larges & beaucoup