Nous nous croyons donc certains que les tigres de
M. Perrault, l’uncia de Caïus & notre léopard , font le
même animal : Nous nous croyons également allurés que
notre panthère elt le même animal que la panthère des
Anciens ; elle en diffère à la vérité par la grandeur, mais
elle lui reffemblepar tous les autres caractères ; & comme
nous l’avons déjà dit plufieurs fo is , on ne doit pas être
étonné qu’un animai élevé dans une ménagerie ne prenne
pas fbn accroiffement entier, & qu’il relie audeffous des
dimenfions de la Nature. Cette différence de grandeur
nous a tenu nous-mêmes affez long-temps dans la
perplexité ; mais après l’examen le plus long, & nous
pouvons dire le plus fcrupuleux, après la comparaifon
exacte & immédiate des grandes peaux de la panthère,
qui fe trouvent chez les Fourreurs avec celle de notre
panthère, il ne nous a plus été permis de douter, &
nous avons vû clairement que ce n’étoient pas des animaux
différens. La panthère que nous décrivons ici &
deux autres de la même efpèce, qui étoient en même
temps à la ménagerie du Ro i, font venues de la Barbarie :
la régence d’Alger fit préfent à Sa Majeflé des deux
premières, il y a dix ou douze ans ; la troifième a été
achetée pour le Roi, d’un Juif d’Alger.
Une autre obfervation que nous ne pouvons nous
difpenfer de faire , c ’eft que des trois animaux dont nous
donnons ici la defcription fous les noms de Panthère,
A’Once & de Léopard, aucun ne peut fe rapporter à l ’animal
que les Naturaliftes ont indiqué par le nom de Pardus
ou
ou de Leopardus. Le. Pardus deM. Linnæus & je léopard
de M. Briffon,, qui paroiffent être le même animal , .font
défignés par les phrafèsfuivantes : Pardus, felis candâ clon-
gatâ, corporis maculis fuperioribus orbiculatis , infcrioribus
virgatis. Syft. Nat. édit. X , pag. 4.1... Le léopard, Felis ex
albo flavicans , maculis nigris in dorfo orbiculatis, in ventre
longis, variegata. Regn. anim. pag. 272. Ce caractère des
taches longues fur le ventre, ou alongées en forme de
verges fur les parties inférieures du. corps, n’appartient ni
à la panthère, ni à l’once , ni au léopard,! defquels il efl
ici queftion. Cependant il paraît que c ’eft de la panthère
des anciens ; du Panthera, Pardalis, Pardus, Leopardus
de Gefher ; du Pardus , Panthera de Profjier Alpini ; du
Panthera, Varia, Affricana de Pline; de la panthère, en
un mot, qui fè trouve en Afrique * & aux Indes orierù-
tales que ces Auteurs ont entendu parler, & qu’ils ont
défignée par les phrafes que nous venons de citer. Or.,
je le répète:, aucun des trois animaux que nous décrivons
ic i, quoique tous trois d’efpèce différente , n’ont ce
caractère, de taches longues & en forme de verges fur
les parties inférieures; & en même temps nous pouvons
affurer par les recherches que nous avons , faites, que
ces trois efpèces & peut-être une quatrième dont nous
parlerons dans la fuite, & qui n’a pas plus que les trois
premières , ce caractère des taches longues fur le ventre ,
font les feules de ce genre qui fe trouvent en Afie & en
* Briflon, Regn, 'animal, pag. 273.
Tome IX .