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Pietro délia Vallea ; ce font-là les feuis noms qu’on doive
appliquer à l’hyæne , puilque ce font les feuis fous lefquels
on paille la reconnoître clairement : il nous paroît ce*
pendant très-vraifemblable, quoique moins évident, que
le lycaon 3c la crocuta des Indes & de l ’Ethiopie dont
parlent les Anciens, ne font pas autres que i’hyæne.
Porphyreb dit exprelfément que la crocuie des Indes efl
l ’hyæne des Grecs; & en effet tout ce que ceux-ci
ont écrit, 3c même tout ce qu’ils ont dit de fabuleux
au fujet du lycaon 3c de lacrocute , convient à l’hyæne,
fur laquelle ils ont auffi débité plus de fables que défaits.
orbem- quodam modo varie g a la , pofieriora prioribus fimt Ibngiora; pedes
in quaternos rngues divifi, quos lupino more contrahit, ne videantur. Corpus
kabet fin is a dorfo ventre tenus piâum paucis, lalis & inaquali bus, alternatim
fufeis & nigris........Mira vi terram effodit, cavernifque ubditum fit
illatebrare amat, diu fine cibo vivit, à? raptu vitlum quoerit., , . Ferox Ù1
carnivora befiia quippe in Humana Jceviens cadavera, quoe ,noâu ex tumulis
impigre effodit, & c. Kæmpfer, amoenitates, pag. 4 1 1 & 41 2.
* Je vis à Schiras un certain animal vivant , qtie les Perlàns nomment
en leur langue Cafiar, atiffi puilîimt qu’un gros chien, qui n’étoil
pas encore, à ce .que je crois, dans fa perfection ; il avoir Jla grandeur,
la forme & la couleur d’un tigre ( il entend la panthère ) , & la tête
avec le mulèau effilé d’un pourceau. L ’on dit qu’il fe nourrifibit de
chair humaine, & qu’il fouiüoit les tombeaux & les ïepulcres pour
manger les cadavres, ce qui m’a fait juger depuis que ce pourrait
être l’hyæne des Latins; quoi qu’il en foit, c’était un animal farouche
que je n’avois jamais vû. Voyage de Pietro délia Valle, Rouen, 1 7 4 5 ,
tome V, page 3 4 3 .
b Porphyrius in eo opéré quod injiripfit de abfiinentiâ ab ufu carnium,
Hycenam dicit ab Indis appellari crocutam, -Giliius apwd Gefnerum ,
H'ifi.quadrup. pag. 555. Mais
Mais nous bornerons ici nos conjeétures fur ce fujet,
afin de ne nous pas trop éloigner de notre objet préfent,
3c parce que nous traiterons dans un difeours à part,
de ce qui regarde les animaux fabuleux 3c des rapports
qu’ils peuvent avoir avec les animaux réels.
Le panther des Grecs , le lupus Canarius de Gaza, le
lupus Armenius des Latins modernes 8c des Arabes, nous
paroiffent être le même animal; & cet animal efl le chacal
que les Turcs appellent cical félon Polluxa, thaï al fui van t
Sport b & Wheler ; les Grecs modernes £achalia c, les
Perfàns Jîechal * ou fchachai' , les Maures de Barbarie
deeb { ou jactal. Nous lui conferverons le nom chacal,
qui a été adopté par plufieurs Voyageurs, & nous nous
contenterons de remarquer ici qu’il différé de l ’hyæne
non feulement par la grandeur, par la figure, par la
couleur du poil ; mais auffi par les habitudes naturelles,
allant ordinairement en troupe, au lieu que l’hyæne efl
un animal folitaire : les nouveaux Nomenclateurs ont
appelé le chacal d’après Kæmpfer, lupus-aureus parce
qu’il a le poil d’un fauve jaune , vif & brillant.
Le chacal efl, comme l’on voit, un animal très-différent
* Gefiier, Hifi. quadrup. pag. 67 5.
b Voyage de Jacob Spon & George Wheler, Lyon, 167 8 , tomeI,
pages 1 1 4 à “ 1 1 y .
' Idem ibidem.
* Voyage de Chardin en Perlé. Amfierd. 1 7 1 1 , tome I I , page 2 y .
* Kæmpfer, ameenitates exotices, pag. 413.
1 Voyage de Shaw. L a Haye, 1 7 4 3 , tome Irpage 3 1 3 .
Tome IX . Mm