de près à celles du loup , du renard & du chacal, qu’on
peut regarder comme des branches dégénérées de la
même famille. Et e-n defcendant par degrés aux efpèces
inférieures, comme à celles des lapins, des belettes,
des rats, &c. on trouvera que chacune de cés efpèces
en particulier ayant un grand nombre de branches
collatérales, l’on ne peut plus reconnoître la fouche
commune ni la tige direéte de chacune de ces familles
devenues trop nombreuses. Enfin dans les infeétes, qu’on
doit regarder comme les efpèces infimes de la Nature,
chacune eft accompagnée de tant d'e-fpèees voifines, qu’il
n’eft plus poffible de les confidérer une à une, & qu’on
eft forcé d’en faire un bloc , c’eft-a-dire un genre,
iorfqu’on veut les dénommer. C ’efldà la véritable origine
des méthodes , qu’on ne doit employer en effet que
pour les dénombremens difficiles des plus petits objets
de la Nature, & qui deviennent totalement inutiles &
même ridicules lorfqu’il s’agit des êtres du premier
rang : claffer l’homme avec le Singe, le lion avec le chat,
dire que le lion eft -un chat n crinière Hr à queue -longue ;
c ’eft dégrader, défigurer la Nature au lieu de la décrire
ou de te dénommer.
L ’efpèce du lion eft donc une des plus nobles,
puifqu’eHe eft unique & qu’on ne peut la confondre avec
celle du tigre, du ‘léopard, de l’once , &c. & qu’au
contraire ces efpèces, qui femblent être les moins éloignées
de celle du lion , font allez peu diftinéles entre
elles pour avoir été confondues par les Voyageurs &
prifes les unes pour les autres par les nomenclateurs a.
Les lions de la plus grande taille ont environ huit ou
neuf pieds de longueurb depuis le mufle jufqu’à l’origine
de la queue, qui eft elle-même longue d’environ quatre
pieds; ces grands lions ont quatre ou cinq pieds de
hauteur. Les lions de petite taille ont environ cinq pieds
& demi de longueur fur trois pieds & demi de hauteur,
& la queue longue d’environ trois pieds. La lionne eft
dans toutes les dimenfions d’environ un quart plus petite
que le lion.
Ariftote c diftingue deux efpèces de lions, les uns
grands, les autres plus petits ; ceux - c i , dit-il, ont le
corps plus court à proportion, le poil plus crépu, &
ils font moins courageux que les autres ; il ajoute
qu’en générai tous les lions font de la même couleur,
c ’eft-à-dire de couleur fauve. Le premier de ces faits
me paroît douteux ; car nous ne connaiflons pas ces
lions à poil crépu , aucun voyageur n’en a fait mention;
quelques relations, qui d’ailleurs ne me paroiffent
pas mériter une confiance entière , parlent feulement
m Voyez dans ce Volume l’article des Tigres, où if eft parle' des
animaux auxquels on a donné mal-à-propos ce nom.
>.Un lion fort jeune, diflequé par M / ‘ de l’Académie, avoit fèpt
pieds & demi de long depuis l’extrémité du mufle jufqu’au commencement
de fa queue, & quatre pieds & demi de hautéur depuis le
haut du dos jufqu’à terre. Voye^ fes Mémoires pour fervir à l’hiftoire
des animaux. Paris, i 6 j 6 , page 6.
c Vide Arijlrhift, animal, cap. x l i v .
B i j