mâles *, qui ne ceffent de rugir autour d’elle & de fe
livrer des combats furieux, jufqu’à ce que l’un d’entre
eux, vainqueur de tous les autres, en demeure pailible
polfelTeur & s’éloigne avec elle. La lionne met bas au
printemps ^ & ne produit qu’une fois tous les ans ; ce
qui indique encore qu’elle eft occupée pendant plufieurs
mois à foigner & allaiter fes petits, & que par conféquent
le temps de leur premier accroilfement, pendant lequel
ils ont befoin des fecours de la mère, eft au moins de
quelques mois.
Dans ces animaux toutes les palfions, même les plus
douces, font exceffives, & l’amour maternel eft extrême.
La lionne, naturellement moins forte, moins courageufe
& plus tranquille que le lion, devient terrible dès qu’elle a
des petits ; elle fe montre alors avec encore plus de har-
dieffe que le lion , elle ne connoît point le danger, elle
fe jette indifféremment fur les hommes & fur lesanimaux
qu’elle rencontre , elle les met à mort, fe charge enfuite
de là proie, la porte & la partage à fes lionceaux, auxquels
elle apprend de bonne heure à fucer le fang &
à déchirer la chair. D ’ordinaire elle met bas dans des
lieux très-écartés & de difficile accès, & lorfqu’elle craint
d’être découverte, elle cache fes traces en retournant
plufieurs fois fur fes pas, ou bien elle les efface avec
fa quuie ; quelquefois même , lorfqtie l’inquiétude eft
grande, elle tranfporte ailleurs fes petits, & quand on
* Vide Gefher, H iß. quadrup. pag. 575 & fuiv.
1 Idem ibidem.
veut les lui enlever, elle devient furieufe & les défend
jufqu’à la dernière extrémité.
On croit que le lion n’a pas l’odorat auffi parfait ni
les yeux auffi bons que la plufpart des autres animaux
de proie : on a remarqué que la grande lumière du fofeil
piroït l’incommoder , qu’il marche rarement dans le
milieu du jour, que c ’eft pendant la nuit qu’il fait toutes,
fes courfes, que quand il voit des feux allumés autour
des troupeaux, il n’en approche guère, &c. on a
obfervé qu’il n’évente pas de loin l’odeur des antres
animaux, qu’il ne les chaffe qu’à vûe & non pas en les
fuivant à la pifte, comme font les chiens & les loups
dont l’odorat eft plus fin. On a même donné le nom de
Guide ou de Pourvoyeur du Lion à une efpèce de lynx
auquel on fuppofe la vûe perçante & l’odorat exquis,
& on prétend que ce lynx accompagne ou précède
toujours le lion pour lui indiquer fà proie : nous con-
noiffons cet animal, qui fe trouve, comme le lion, en
Arabie, en L ib y e ,j& c . qui, comme lui, vit de proie,
& le fuit peut-être quelquefois pour profiter de fes.
relies , car étant foible & de petite taille, il doit fuir le
lion pluftôt que de le fervir.
Le lion, lorfqu’il a faim , attaque cfe face tous les
animaux qui fe préfentent; mais comme il eft tres-rt douté,
& que tous cherchent à éviter fà rencontre , il eft fou-
vent obligé de fe cacher & de les attendre eu paflàge-;
il fe tapit fur le ventre dans un endroit fourré , d’où il
s’élance avec tant de force, qu’il les faifit fouvent du.