L ’ H Y Æ N E * -
'■ **■ Ri s t o t e * nous a Iaifle delix notices au fujet de
i Hyæne , qui feules füffiroient pour faire reconnoître cet
animai & pour lediftinguer de tous les autres; néanmoins
les Voyageurs & les Naturalises l’ont confondu avec
quatre autres animaux, dont les efpèces font toutes quatre
différentes entre elles & différentes de celle de l’hyæne.
Ces animaux font le chacal, le glouton, la civette & le
babouin , qui tous quatre font carnaffiers & féroces
comme l’hyæne, & qui ont chacun quelques petites convenances
Si quelques rapports particuliers avec elle , lef-
quels ont donné lieu à Jaméprife&à l ’erreur. Le chacal
fe trouve à peu-près dans le même pays, il approche
comme l’hyæne de la forme du loup ; comme elle , il
vit de cadavres & fouille les fepultures pour en tirer les
* L ’hyæne. Zabo, en Arabie ; Dubbah, en Barbarie ; Kaftaar ou
Caßar, en Perte.
Hyoena. Ariflotelis. H iß. animal lib. V I , cap. XXXJI.
Taxus porcinus feu hyoena veterum. Kæmpfer, amoenitates, pag. 41 i.
Hyoena. Canis caudâ redâ annulatâ , pilis cervicis ereâis, auriculis
nudis. Linn. Syfl. nat. edh. x , pag. 40. Nota. Que ce caractère de
la queue annefée, qui a autü été donné par Kæmpfer, n’eft ni bien
fenfibie ni confiant; l ’hyæne que nous avons vue, a tous les caractères
que M. Linnæus donne à cet animal, à l’exception de celui de la
queue qui n’avoit pas des anneaux bien marqués, mais feulement
quelques teintes de brun fur un fond gris qui formoient piuflôt des
ondes que des anneaux.
* Ariflot. Hiß. animal, lib. V I , cap. x x x n ; & lib. V I I I , cap. v.
corps : c ’en eft affez pour qu’on les ait pris l’un pour
l’autre. Le glouton a la même voracité, la même faim
pour la chair corrompue , le même infîinél pour déterrer
les morts , & quoiqu’il foit d’un climat fort différent de
celui de fhyæne Si dune figure auffi très-différente,
cette feule convenance de naturel a fuffi pour que les
Auteurs les aient confondus. La civette fe trouve auffi
dans le même pays que l’hyæne , elle a comme elle
de longs poils le long du dos & une ouverture ou
fente particulière ; caractères finguliers qui n’appartiennent
qu’à quelques animaux, & qui ont fait croire
à Bellon que la civette étoit l’hyæne des Anciens. Et à
l’égard du babouin, qui réffembie encore moins à fhyæne
que les trois autres, puifqu’il a ffes mains & des pieds
comme l’homme ou le finge ; il n’a été pris pour elle
qu’à caufe de la reffemblance du nom : l’hyæne s’appelle
dubbah en Barbarie, félon ledoéleur Shatv ; & le babouin
fe nomme dabuh, félon Marmoi & Léon l’Africain; &
comme le babouin eft du même climat, qu’il gratte auffi
la terre & qu’il eft à peu-près de la forme de l’hyæne,
ces convenances ont trompé les Voyageurs & enfuite les
Naturaliftes qui ont copié les Voyageurs ; ceux même qui
ont diftingué nettement ces deux animaux, n’ont pas laiffé
de conferver à l’hyæne le nom dabuh, qui- eft celui du
babouin. L ’hyæne n’eft donc pas le dabuh des Arabes ,
ni le je fe f ou f if e f des Africains, comme ledifent nos
Naturaliftes*; St il ne faut pas non plus la confondre
* Charleton, Exercit. pag. 14. -— Briflon ; Regn, animal pag. 234.