d’un tigre à poil frifé qui fe trouve au cap de Bonne-
efpérance a ; mais prefque tous les témoignages paroiffent
s’accorder fur l’unité de la couleur du lion, qui eft fauve
fur le dos, 6c blancheâtre fur les côtés & fous le ventre.
Cependant'lÆüen & Oppien ont dit qu’en Éthiopie les
lions étoient noirs comme les hommes, qu’il y en avoii
aux Indes de tout blancs, & d’autres marqués ou rayés
de différentes couleurs, rouges, noires 6c bleues ; mais
cela ne nous paroît confirmé par aucun témoignage qu’on
puiffe regarder comme authentique; car Marc-Paul,
Vénitien, ne parle pas de ces lions rayés comme les
ayant vus , 6c Gefner b remarque avec raifon qu’il n’en
fait mention que d’après ÏÏElien. Il paraît au contraire
qu’il y a très-peu ou point de variétés dans cette efpèce,
que les lions d’Afrique & les lions d’Afie fe relfemblent
en tout, 6c que fi ceux'dès montagnes different de ceüx
des plaines, c ’eft moins- par les couleurs de la robe que
par la grandeur de la taille.
Le lion por e une crinière, ou pluflôt un long poil,
qui couvre toutes les parties antérieures de fon corps %
& qui devient toujours plus longue à mefùre qu’il avance
en âge. La lionne n’a* jamais ces longs poils, quelque
vieille qu’elle.foi.L L ’animal d’Amérique que les Européens
ont appelé L ion, & que les naturels du Pérou
’ Voy. les Me'in. de Kolbe,clnns lefquels il appelle cet animal Loup-tigre.
4 Vide Ge'ner, H ß . animal, quadrup. pag. y y 4.
' Cette crinière n’ett pas du crin, mais du poil atlêz doux & Iiflè,
comme celui du reite du corps.
appellent PuniaI n’a point de crinière, il eft affffi beaucoup
plus petit, plus' foffble 6c plus poltron que le vrai
lion. Il ne ferait pas impoffible que la douceur du climat
de cette partie de l’Amérique méridionale, eût affez influé
fur la nature du lion, pour le dépouiller de fa crinière,
lui ôter fon courage & réduire fa .taille ; mais ce qui
paroît impoffible, c ’eft que cet animal, qui n’habite que
les climats fitués entre les tropiques au quel la Nature
paroît avoir1 fermé tous les chemins du nord, ait paffé
des parties méridionales de l’Afie oie de I Afrique en
Amérique, puifque ces continens font féparés vers le
midi par des mers immenfes ; c eft ce qui nous porte à
croire que le Puma n’eft point un lion, tirant fon origine
des lions de l’ancien continent, & qui aurait enfuite dégénéré
dans le climat du nouveau monde; mais que c ’eft
un animal particulier à l’Amérique, comme lé font auffi
la plufpart des animaux de ce nouveau continent. Lorfque
les Européens en firent la découverte, ils trouvèrent
en effet que tout y étoit nouveau, les animaux quadrupèdes,
les oifeaux , les poiffons , Jcs infeétes, les
plantes, tout parut inconnu , tout fe trouva différent de
ce qu’on avoit vu jufqu’alors.' Il fallut cependant dénommer
les principaux objets de cette nouvelle Nature; Tes
noms du pays étoient pour- fa plufpart barbares, très-
difficiles à prononcer'encore plus à retenir : on emprunta
donc des noms de nos langues d’Europe, &
fur-tout de l’Efpagnole & de la PortugaifeJ Dans cette
difette de dénominations , un petit rapport dans la forme