on dit qu’il préfère les hommes noirs aux blancs , qu’il
femble les çonnoître à l’odeur, & qu’il les choilit la nuit
comme le jour.
Les Auteurs qui ont écrit I’hilfoire du nouveau monde,
ont prefque tous fait mention de cet animal, les uns fous
le nom de Tigre ou de Léopard, les autres fous les noms
propres qu’il portoit auBrefd, au Mexique , &c. Les
premiers qui en aient donné une defcription détaillée,
font Pifon & Marcgrave ; ils l’ont appelé Jaguara au lieu
de J an ouara, qui étoit fon nom en langue Brafilienne * ;
ils ont auffi indiqué un autre animal du même genre &
peut-être de la même efpèce fous le nom de Jaguarete.
Nous l’avons diffinguédu Jaguar dans notre énumération,
comme l ’ont fait ces deux Auteurs , parce qu’il y a
quelqu’apparence que ce peuvent être des animaux
blanc & l’autre noir qui dorment l’un près de l’autre, ces animaux
vont de furie contre le noir fins offenlër le blanc en aucune forte.
Voyage autour du monde , par François Drack. P a ris, i 6 4 1 ,
page 1 o j .
* Il y a au Brefil une bête ravivante que les Sauvages appellent
Janou-ara, laquelle eft prefqu’auffi haute de jambes qu’un levrier,
mais ayant de grands poils autour du menton (il entend les poils de
la mouftache ), la peau fort belle & bigarée comme celle d’un once,
elle lui relfemble auffi bien fort en tout le relie. Voyage par Jean
de Lery. Paris, 1 y 7 8 , page 162 . — Le janouar eft une efpèce
d’once grande comme un dogue d’Angleterre , ayant la peau fort riche
& toute marquetée. Alijjion des Capucins, par le Pire d ’Abbeville.
Paris, 1 d 1 4 , page 2 y 1 . — Le jnnouara du Brefil ne vit que de
proie ; il eft de la taille d’un levrier, il a la peau tachetée. Voyage de
Coreal, tome I , page 1 y y .
d’efpèce différente ; cependant comme nous n’avons vû
que l’un de ces deux animaux , nous ne pouvons pas
décider fi ce font en effet deux efpèces diftincles , ou
fi ce n’efl qu’une variété de la même efpèce. Pifon &
Marcgrave difent que le jaguarete diffère du jaguar en
ce qu’il a le poil plus court, plus luftré & d’une couleur
toute différente, étant noir, femé de taches encore plus
noires. Mais au reffe , il reffemble fi fort au jaguar par la
forme du corps, par le naturel & par les habitudes,
qu’il fe pourrait que ce ne fût qu’une variété de la
même efpèce ; d’autant plus qu’on a dû remarquer, par
le témoignage même de Pifon , que dans le jaguar, la
couleur du fond du poil & celle des taches dont il eft
marqué , varient dans les diffé’rens individus de cette
même efpèce. Il dit que les uns font marqués de taches
noires, & les autres de taches ratifies ou jaunes; & à
l’égard de la différence totale de la couleur, c ’eft-à-dire,
du blanc, du gris, ou du fauve au noir, on la trouve
dans plufieurs autres efpèces d’animaux ; il y a des loups
noirs , des renards noirs, des écureuils noirs, &c. Et
fi ces variations de la Nature font plus rares dans les
animaux fauvages que dans les animaux domeffiques ,
c ’efl que le nombre des hafàrds, qui peuvent les produire,
eft moins grand dans les premiers , dont la vie étant
plus uniforme, la nourriture moins variée, la liberté
plus grande que dans les derniers, leur nature doit être
plus confiante, c ’eft-à-dire, moins flijette aux changemens
& à ces variations qu’on doit regarder comme
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