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mtropomorpha, feræ, glires, jumenta, pecora, auxquelles
il avoit réduit tous les quadrupèdes, l’Auteur dans cette
dernière édition en a fait fept *, primates, hrutoe, feræ,
bejliæ, glires, pecora, belluoe. On peut juger par ces chan-
gemens effentiels & très-généraux, de tous ceux qui fe
trouvent dans les genres ; & combien les efoèces, qui
font cependant les feules chofes réelles, y font balottées,
tranfportées & mal mifes enfemble. Il y a maintenant
deux efpèces d’hommes, l’homme de jour & l’homme
de nuit liomo diurnus fapiens; homo noüumus troglodiies;
ce font c , dit l ’auteur, deux efpèces très-diftinctes, & il
faut bien fe garder de croire que ce n’eft qu’une variété.
N ’eft-ce pas ajouter des fables à desabfurdités ! & peut-on
préfenter le réfultat des contes de bonnes-femmes ou les
vifions menfongères de quelques voyageurs fiifpeéls ,
comme failànt partie principale du fÿftème de la Nature !
déplus ne vaudrait-il pas mieux fe taire fur les chofes
qu’on ignore que d’établir des caraélères effentiels &
des différences générales fur des erreurs groffières, en
affurant, par exemple, que dans tous les animaux à
mamelles, la femme 6 feule a un clitoris; tandis que nous
’ Vide Linnæi, Syft. Nat. edit. X . Holmiæ, 1758 , pag. 1 6 & 1 7,
11 Idem ibid. pag. 2 0 & 2 4 .
Speciem trogloditte ab hominefapiente dijlinflijjimam, nec nojfri generts
illam nec fanguinis ejfe, Jlatura quamvis Jimillimam dubium non ejl, ne
itaque varietatem credas quam vel fola membrana niâltans ahfolute negat,
Linnæi, Syft. Nat. edit. x , pag. 24,
J Idem ibid. pag. 2 4 2 p,
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fàvons par la diffeétion que nous avons vû faire de plus
de cent efpèces d’animaux , que le clitoris ne manque
à aucune femelle! Mais j’abandonne cette critique, qui
cependant pourrait être beaucoup plus longue, parce
qu’elle ne fait point ici mon principal objet ; j’en ai dit
affez pour que l’on foit en garde contre les erreurs, tant
générales que particulières, qui ne fe trouvent nulle part en
auffi grand nombre que dans ces ouvrages de nomenclature,
parce que voulant y tout comprendre, on eft forcé
d’y réunir tout ce que l’on ne fait pas au peu qu’on fait.
"En tirant des conféquences générales de tout ce que
nous avons dit, nous trouverons que l’homme eft le
feul des êtres vivans dont la nature foit afîèz forte, affez
étendue, affez flexible pour pouvoir fubfifter, fe multiplier
par-tout, & fe prêter aux influences de tous les
climats de la terre ; nous verrons évidemment qu’aucun
des animaux n’a obtenu ce grand privilège, que loin de
pouvoir fe multiplier par-tout, la plufpart font bornés
& confinés dans de certains climats, & même dans des
contrées particulières. L ’homme eft en tout l’ouvrage du
ciel ; les animaux ne font à beaucoup d’égards que des
productions de la terre : ceux d’un continent ne fe
trouvent pas dans 1 autre ; ceux qui s’y trouvent font
altérés , rapetiffés , changés fouvent au point d’être
méconnoiflàbles : en fàut-il plus pour être convaincu que
l ’empreinte de leur forme n’eft pas inaltérable ; que leur
nature, beaucoup moins confiante que celle de l’homme,
peut fe varier & même fe changer abfolument avec fe
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