i 4 H i s t o i r e N a t u r e l l e
extérieure, une légère reffemblance de taille & de figure
fuflîrent pour attribuer à ces objets inconnus les noms
des chofes connues; de-là les incertitudes, l’équivoque,
la confufion qui s’eft encore augmentée , parce qu’en
même temps qu’on donnoit aux productions du nouveau
monde les dénominations de celles de 1 ancien continent,
on y tranfportoit continuellement, & dans le même
temps, les efpèces d’animaux & de plantes qu’on n’y
avoit pas trouvées. Pour fe tirer de cette obfcurité &
pour ne pas tomber à tout infiant dans l’erreur, il eft
donc néceffaire de diftinguer foigneufement ce qui
appartient en propre à l’un & à l ’autre continent, &
tâcher de ne s’en pas Iaifïer impofer par les dénominations
actuelles, lefquelles ont prefque toutes été maj
appliquées ; nous ferons fentir toute la néceffité de
cette diftinétion dans l’article fuivant, & nous donnerons
en même temps une énumération raifonnée des animaux
originaires de l ’Amérique & de ceux qui y ont été
tranfportés de l’ancien continent. M. de la Condamine,
dont lé témoignage mérite toute confiance, dit expref-
fément qu’il ne lait pas fi l’animal que les Efjsagnols de
l’Amérique appellent Lion, S t les naturels du pays de
Quito Puma, mérite le nom de lion il ajoute qu’il ell
beaucoup plus petit que le lion d’Afrique, S t que le
mâle n’a point de crinière*. Frefier dit auffi que les
animaux qu’on appelle Lions au Pérou, font bien diffé-
rens des lions d’Afrique ; qu’ils fuyent les hommes,
* Voy?{ le Voyage de i’Amérique méridionale, pages 2.4 & fuir>
qu’ils ne font à craindre que pour les troupeaux ; St il
ajoûte une chofe très - remarquable, c ’eft que leur tête
tient de celle du loup S t de celle du tigre, & qu’il a la
queue plus petite que l’un St l’autre a. On trouve dans
des relations plus anciennes m que ces lions d’Amérique
ne relfemblent point à ceux d’Afrique; qu’ils n’en ont
ni la grandeur, ni la fierté, ni la couleur; qu’ils ne font
ni rouges , ni fauves, mais gris ; qu’ils n’ont point de
crinière, St qu’ils ont l’habitude de monter fur les
arbres; ainfi ces animaux diffèrent du lion par la taille,
par la couleur, par la forme de la tête, par la longueur
de la queue, par le manque de crinière, & enfin par
les habitudes naturelles ; caractères affez nombreux St
affez e-ffentiels pour faire ceffer l ’équivoque du nom,
& pour que dans la fuite l’on ne confonde plus le Puma
d’Amérique avec le vrai lion , le lion de l ’Afrique ou
de f’Afze.
Quoique ce noble animal ne fe trouve que dans les climats
les plus chauds, 3 peut cependant fribfifter St vivre
affez long-ternps dans les pays tempérés, peut-être même
avec beaucoup de foin pouroit-ïl y multiplier. Gefner
rapporte qu’il naquit des lions dans la ménagerie de Florence;
Wiihigby dit qu’à Naples une lionne , enfermée
avec un lion dans la même tanière, avoit produit cinq
* Voyez le Voyage- de, .Frefier à 4« mer du &#. -Paris., i y i € ,
page 132.
Voyez i’Hiftoire naturelle des Indes de Jofeph Acolla ., traduction
dç Robert Renaud. Paris, 1 i 0 0 , pages 4 4 à “ 19