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d ’autres d ro g u es balfàm iq ues & o d o riféran tes. P o u r re cu
eillir c e parfum , ils m ette n t l’anim al dans une cage
é tro ite o ù il n e p e u t fe to u rn er ; ils o u v re n t la cage par
le b o u t, tire n t l’anim al par la q u eue , le co n traig n en t à
d em e u re r dans c e tte lïtuation en m ettan t un b â to n à
travers les barreaux d e la cage , au m o y en d u q u el ils
lui g ê n e n t les jam b es d e d errière., enfuite ils fo n t e n trer
u n e p e tite cuiilier dans le lac qui c o n tie n t le p a rfu m ,
ils ra clen t av ec foin to u tes les p aro is in térieu res d e ce
lac & m e tte n t la m atière q u ’ils en tiren t dans un vafe
q u ’ils co u v ren t av ec foin : c e tte o p ératio n fe ré p è te deux
o u tro is fois par fèm aine ; la quantité d e l’h u m eu r o d o ran
te d é p e n d b e au co u p d e la qualité d e la n o u rritu re &
d e l’ap p étit d e l’an im al; il en re n d d ’autant plus q u ’il efl
m ieux & plus d é lica tem en t no urri : d e la chair c ru e &
h a c h é e , d es oe u f s , du riz , d e p etits anim aux , d es
o ifè a u x , d e la jeu n e v o la ille , & fu r -to u t du p o iflo n ,
fo n t les m ets q u ’il faut lui offrir , & varier d e m a n
ière à e n tre ten ir fa fànté & ex citer fo n g o û t ; il lui
faut très-p eu d ’eau , & q u o iq u ’il b o iv e ra rem e n t, il u rine
fortes, où on leur donne à manger du ïait, de la farine, du blé cuit,
du riz & quelquefois de la viande, &c. L ’Afrique de Alarmai, tome /,
page y 7 ' — Voyez auffi le Voyage de Thevenot, Paris, i 6 6q , tome /,
page 4.y 6• — Les civettes de Tille de Java rendent bien autant de
parfum que celles de Guinée, mais il n’eft pas fi blanc ni fi bon.
Suite de la Relation d’Adam Olearius, tome I I , page y y o. — Indigence
ita hoc pigmentum adultérant ut aufm ajfrmare nullum ^ibethum fncerum
ad nos deferri. Prolp, Alp. H iß. Ægypt. Lugd. Bat. 1735, pag. 239.
fré q u em m e n t,
d e l a C i v e t t e e t d u Z i b e t . 3 1 3
fréquemment, & l’on ne diflingue pas le mâle de la
femelle à leur manière de piffer.
Le parfum de ces animaux efl fi fort, qu’il fe communique
à toutes les parties de leur corps , le poil en efl
imbir-éc la peau pénétrée au point que l’odeur* s’en con-
ferve long-temps après leur mort, & que de leur vivant
l ’on ne peut en foûtenir la violence, fur-tout fi l’on efl
enfermé dans le même lieu. Lorfqu’on les échauffe en les
irritant, l’odeur s’exalte encore davantage; & fi on les
tourmente jufqu’à les faire fuer, on recueille la fueur qui
efl auffi très-parfuniée & qui fertàfalfifier le vrai parfum
ou du moins à en augmenter le volume.
Les civettes font naturellement farouches & même
lin peu féroces; cependant on les apprivoife aifément,
au moins affez pour les approcher & les manier fans grand
* Le réiervoir qui contient la' liqueur odorante de îa civette, efl:
au deflous de Tanus & au deflùs d’un autre orifice fi femblable dans
ies deux fexes, que làns la diffeétion toutes les civettes paroîtroient
femelles........... Comme on a remarqué que les civettes font incommodées
de cette liqueur, quand les vaiflëaux qui la contiennent en font
trop pleins, on leur a trouvé au fil des nmfcles dont elles fe fervent
pour comprimer ces vaiflëaux & la faire fortir. Quoiqu’elle foit .en
plus grande quantité dans ces réfervoirs & qu’elle s’y perfectionne mieux,
il y a lieu de croire qu’elle fe répand auffi en fueur par toute la peau ;
en effet, le poil des deux civettes fenlcit bon, & fur-tout celui du
mâle étoit fi parfumé que quand on avoit paffié la main deflùs, elle en
confervoit long-temps une odeur agréable. Hijloire de l ’Académie
fies Sciences depuis fon étqblijfement• Paris, t y ] j , tome I , page o 2
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