Afrique ; en forte, que nous ne pouvons nous empêcher
de regarder comme douteux ce caractère, qui fait le fondement
des phrafes indicatives de ces Nomenciateurs.
C ’eft tout le contraire dans ces trois animaux, & peut-
être dans tous ceux du même genre ; car non feulement
ceux de l’Afrique & de l’A fie , mais ceux même de
l ’Amérique, lorfqu’ils ont des taches longues en forme
de verges ou des traînées, les ont toûjours fur les parties
fupérieures du corps , fur le garot, fur le co l, fur le dos
& jamais fur les parties inférieures.
Nous remarquerons encore, que.l’animal dont on a
donné la defcription dans la troilième partie desMémoires
pour fervir à l’hiftoire des animaux , fous le nom de
Panthère tfjjj eft un animal différent de la panthère, de
l ’once & du léopard, dont nous traitons ici.
Enfin nous obferverons qu’il ne faut pas confondre, en
.lifânt les Anciens, le Panther avec la Panthère. La panthère
eft l ’animal dont il eft ici queftion ; le panther du Scho-
iiafte d’Homère & des autres Auteurs, eft une efpèce de
loup timide que nous croyons être le chacal, comme
nous l’expliquerons lorfque nous donnerons l’hiftoire de
cet animal: au refte le mot pardalis; eft l’ancien nom
grec de la panthère , il fe donnoit indiftin&ement au mâle
& à la femelle. Le mot pardus eft moins ancien, Lucain
& Pline, font les premiers qui l’aient employé ; celui de
leopardus, eft encore plus nouveau, puifqu’il paroît que
* Mémoires pour fervir à l’hiftoire des Animaux, partie l i p ,
page j .
de la Panthère, de PO n c e if du Léopard, i 6 3
c ’eft Jule Capitolin qui s’en eft fèrvi le premier ou l’un
des premiers: & à l’égard du nom même de panther a ,
c ’eft un mot que les anciens Latins ont dérivé du grec,
mais que les Grecs n’ont jamais employé.
Après avoir diflipé, autant qu’il eft en nous, les ténèbres
dont la nomenclature ne ceffe d’obfcurcir la Nature ; après
avoir expofé, pour prévenir toute équivoque , les figures
exaétes des trois animaux dont nous traitons ici ; paflons
à ce qui les concerne chacun en particulier.
La panthère que nous avons vue vivante, a l’air féroce,,
l ’oeil inquiet, le regard cruel, les mouvemens brufques &
le cri femblable à celui d’un dogue en colère; elle a même
la voix plus forte & plus rauque que le chien irrité ; elle a
la langue rude & très-rouge, les dents fortes & pointues,
les ongles aigus & durs, la peau belle, d’un fauve plus ou
moins foncé, femée de taches noires arrondies en anneaux,
ou réunies en forme de rofes, le poil court , la
queue marquée de grandes taches noires au deflus &
d’anneaux noirs & blancs vers l’extrémité. La panthère
eft de la taille & de la tournure d’un dogue de forte
race, mais moins haute de jambes.
Les relations des Voyageurs s’accordent avec les
témoignages des Anciens au fujet de la grande & de la
petite panthère, c ’e ft-à -d ire de notre panthère & de
notre once. Il paroît qu’il exifte aujourd’hui comme du
temps d’Appien, dans la partie de l’Afrique qui s’étend
le long de la mer méditerranée, & dans les parties de
l’Afie, qui étoient connues des Anciens, deuxefpèçes