308 H i s t o i r e N a t u r e l l e
Faber empruntées de Bolivar; mais ce qui achève de
démontrer l’erreur, c ’eft que l’on trouve dans un petit
ouvrage de Fernandès fur les animaux d’Amérique, à la
fin du volume qui contient l’Hiftoire naturelle du Mexique
de Hernandès, de Recchi & de Faber, que l’on
trouve, dis-je, chap. x x x i v , page 1 1 , un paffàge qui
contredit formellement Bolivar, & où Fernandèsa affure
que la civette n’efl point un animal naturel à l’Amérique,
mais que de fon temps l’on avoit commencé à
en amener quelques - unes des ifies Philippines b à la
nouvelle Elpagne. Enfin en réunifiant ce témoignage
pofitif de Fernandès avec celui de tous les Voyageurs
qui difent que les civettes font en effet très-communes
aux ifies Philippines, aux Indes orientales, en Afrique,
& dont aucun ne dit en avoir vû en Amérique ; on ne
* De Ælùro à quo Gallia vocata corraditur, cap. XXXI v.
Non me latet vùlgare ejfe, hoc felis vocari genus Hifpanis, quanqmm
advenam non indigenam , verum qui ex infulis Philippicis ccepit jam in
lanc novam Hifpaniam adferri. Hift. anim. & miner, nov. Hifp, lib. I,
à Francifc. Fernandes, pag. i i.
1 La civette le trouve aux ifles Philippines dans fes montagnes; là peau
reflemble allez à celle du tigre, elle n’ëft pas moins fanvage que lui,
maïs elle eft beaucoup plus petite. Ils la prennent, la lient, & après
lui avoir ôté la civette qui eft dedans une petite bourfe qu’elle a defl
lous la queue, ils la laiflent en liberté pour la reprendre une autre fois.
Relation de divers voyages, parThevenot. Paris, i 6y 6. Relation des ijles
Philippines,page i o.— On trouve quantité de civettes dans les montagnes
des ifles Philippines, Hiftoire générale des Voyages, tome X ,
page y y j .
d e l a C i v e t t e e t d u Z i b e t . 309
p e u t plus d o u te r d e c e q u e n o u s avons av an cé dans n o tre
én um ératio n d es anim aux d es deux c o n tin e n s , & il ref-
tera p o u r c e rta in , q u o iq u e to u s les N aturaiiftes aien t écrit
le c o n tra ire , q u e la civ ette n ’efl p o in t un anim al naturel
d e l’A m é riq u e , m ais un anim al p articulier & p ro p re aux
clim ats ch au d s d e l ’an cien c o n tin e n t, & qui n e s’eft
jam ais tro u v é dans le no u v eau , q u ’après y av o ir été tranf-
p o rté . Si je n ’euffe pas m o i-m êm e été en g ard e c o n tre
ces efp èces d e m ép rifes qui ne fo n t qu e tro p fré q u e n te s,
n o u s aurio ns d o n n é n o tre c iv e tte p o u r un anim al A m é ricain
, p a rc e q u ’elle n o u s é to it v en u e d e S aint -
D o m in g u e ; m ais ayant re c h e rc h é le m ém o ire & la
lettre d e M . P a g è s * qui no us l’avoit e n v o y é e , j’y ai
tro u v é q u ’elle é to it v en u e d e G u in é e. J ’infifle flir tous
c es faits particuliers c o m m e fur autant d e p reu v es d u
fait général d e la d ifféren ce réelle qui fe tro u v e e n tre
* La civette a été amenée de Guinée ; elle le nourriflbit des fruits
de ce pays, mais elle mangeoit auflî très - volontiers de la viande.
Pendant tout le temps qu’elle a été vivante, elle répandoit une odeur
de mufe infoûtenable à une très-grande diftance. Quand elle a été
morte, j’ai eu beaucoup de peine d’en foûtenir l’odeur dans la chambre.
Je lui ai trouvé une fente précifément fur le ferotum, qui étoit une
ouverture commune de deux poches qu’elle avoit, une de chaque
côté des tefticules. Ces poches étoient pleines d’une humeur grifè,
ëpaifle & gluante, mêlée de poils aflèz longs qui étoient de la même
couleur de ceux que j’ai trouvés dans ces poches. Ces fàcs pouvoient
avoir environ un pouce & demi de profondeur ; leur diamètre eft
beaucoup plus grand à l’ouverture que dans le fond. Extrait du M émoire
de M . Pagès, Médecin du Roi à Saint-Domingue, daté du
Cap-, le 6 feptembre i y y y ,
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