point cette aflertion fondée, car dans tous les animaux
les premières & les dernières portées font moins nom-
breufes que les portées intermédiaires. Ce Philofophe
s’eft encore trompé, & tous les Naturaliftes tant anciens
que modernes le font trompés d’après lui, lorfqu’ils ont
dit que la lionne n’avoit que deux mamelles ; il eft très-
fur qu’elle en a quatre3, & il eft aifé de s’en alfurer par
la feule infpeétion : il dit auffib que les lions, les ours ,
les renards, nailfent informes, prefque inarticulés, & l’on
lait, à n’en pas douter, qu’à leur naiflànce tous ces animaux
font auffi formés que les autres, & que tous leurs
membres font diftinéts & développés ; enfin il affure
que les lions s’accouplentc à rebours, tandis qu’il efl
de même démontré par la foule infpeétion d des parties
du mâle & de leur direélion , lorfqu’elles font dans
l’état propre à l’accouplement, qu’il fe fait à la manière
ordinaire des autres quadrupèdes. J ’ai cru devoir foire
mention en détail de ces petites erreurs d’Ariftote, parce
que l’autorité de ce grand homme a entraîné prefque
tous ceux qui ont écrit après lui fur l’hiftoire naturelle
des animaux. Ce qu’il dit encore au fujet du col du
lion, qu’il prétend ne contenir qu’un foui o s , rigide,
inflexible & fons divifion de vertèbres, a été démenti
I Voyez ci-après fa defcription du lion.
II Vide Arifl. de générationt, fib. IV, cap. v i.
* Idem Hiß. animal, lib. V , cap. i l4. . . Linnæus, Syft. Nat. ed. X ,
pag. 4 1 . Leo rétro mingit & coit.
i Voyez ci-après la defcription du lion.
par l’expérience, qui même nous a donné fur cela un fait
très-général, c ’eft que dans tous les quadrupèdes, fans
en excepter aucun , & même dans l’homme, le col eft
compofë" de fept vertèbres, ni plus, ni moins, & ces
mêmes fept vertèbres fe trouvent dans le col du lion,
comme dans celui de tous les autres animaux quadrupèdes.
Un autre fait encore, c ’eft qu’en général les
animaux carnaffiers ont le col beaucoup plus court que
les animaux frugivores, S t fur-tout que les animaux rumi-
nans ; mais cette différence de longueur dans le col des
quadrupèdes, ne dépend que de la grandeur de chaque
vertèbre & non pas de leur nombre, qui eft toûjours le
même : on peut s’en aflurer, en jetant les yeux fur l’im-
menfo colleétion de fquelètes qui fe trouve maintenant au
Cabinet du Roi ; on verra qu’à commencer par l’éléphant
& à finir par la taupe , tous les animaux quadrupèdes ont
fept vertèbres dans le col , St qu’aucun n’en a ni plus
ni moins. A l’égard de la folidité des os du lion , qu’A-
riftote dit être fons moelle S t fons cavité, de leur dureté
qu’il compare à celle du caillou , de leur propriété de
faire feu par le frottement; c ’efl: une erreur qui n’auroit
pas dû être répétée par Kolbe*, ni même parvenir jufqii a
nous, puifque dans le ffècle même d’Ariftote, Épicure
s’étoit moqué de cette aflertion.
Les lions font très-ardens en amour ; lorfque la femelle
eft en chaleur, elle eft quelquefois fuivie de huit ou dix
* Voye^ les Mémoires Je Kolbe. Amjlefdam, 1 74 1 , tows H it
pages 4 £T J .