en même temps il eft plus grand qu'un chat fàiivage,
auquel il reflemble par la figure ; il a feulement la queue
beaucoup plus courte & la robe femée de taches noires,
longues fur le dos & arrondies fur le ventre. Le jaguar,
Je jaguarète , le couguar & le chat-pard font donc
les animaux d’Amérique auxquels on a mal-à-propos
donné le nom de tigres. Nous avons vu vivans le
couguar & le chat-pard ; nous nous fommes donc
alfurés qu’ils font chacun d’une efpèce differente entré
eux, & encore plus differente de celle du tigre & de la
panthère ; & à l ’égard du puma & du jaguar, il eft
évident par les defcriptions de ceux qui les ont vus,
que le puma n’eft point un lion,* ni le jaguar un tigre;
ainfi nous pouvons prononcer fans fcrupule que le
lion, le tigre & même la panthère ne Je font pas plus
trouvés en Amérique que l’éléphant, le rhinocéros, l’hippopotame,
la giraffè & le chameau. Toutes ces eJjjèces
ayant beJoin d’un climat chaud pour fe propager & n’ayant
jamais habité dans les terres du Nord, n’ont pû communiquer
ni parvenir en Amérique : ce fait général, dont
il ne paroît pas qu’on fè fût feulement douté, eft trop
important pour ne le pas appuyer de toutes les preuves
qui peuvent achever de le conftater : continuons donc
notre énumération comparée des animaux de l’ancien
continent avec ceux du nouveau.
l’Acad. des Sciences, ou Mémoires pour fervir à l’Hifioîre des Animaux
, tojne I I I , part. I , page i o y . — Chat - pard. Brillon, Régit,
animal, pag. 273.
d e l ’ a n c i e n C o n t i n e n t . 63
Perfonne n’ignore que les chevaux, non feulement
causèrent de la Jurprife, mais même donnèrent de la
frayeur aux Américains loFfqu’ils les virent pour la première
fois : ils ont bien miJfi dans prefque tous les
climats de ce nouveau continent, & iis y font actuellement
prefqu’auJfi communs que dans l ’ancien \
Il en eft de même des ânes qui étoient également
inconnus, & qui ont également réuJfi dans les climats
chauds de ce nouveau continent ; ils ont même produit
des mulets, qui font plus utiles que les lamas pour porter
des fardeaux dans toutes les parties montagneufes du
Chili, du Pérou, de la nouvelle Efpagne, &e.
Le zèbre b eft encore un animal de l’ancien continent,
* Tous les chevaux, dit Garcilaffo, qui font dans les Indes efpngnoles,
viennent des chevaux qui furent tranfportés d’Andaloufie , d’abord
dans fille de Cuba & dans celle de Saint - Bomingue , enfuite à celle
de Barlovertto, où ils multiplièrent fi fort, qu’il s’en répandit dans les
terres inhabitées, où ils devinrent ftuvages, & pullulèrent d’autant plus
qu’il n’y avoit point d’animaux féroces dans ces ifles qui puflent leur
nuire, & parce qu’il y a de l’herbe verte toute l’année. Hiftoire des
Incas. Paris, 1 7 4 4 . — C e font les François qui ont peuplé les ifles
A milles"’ de chevaux, les Eipagnols n’y en avoient point laifle comme
dans les autres ifles & dans la terre ferme du nouveau continent.
M. Aubert, fécond Gouverneur de la Guadeloupe, a commencé le
premier pré dans cette ifle & y a fait apporter les premiers chevaux.
Hiftoire générale des Antilles, par le Père du Tertre. Paris, 1 6 6 7 ,
terne I I , page a 8p.
bXebra. Ray, Syn. quai. pag. 69. — Edwards, gleanings o f natural.
hiftory. London, 1758, p. 27 & 2 9 .— AfneJàuvage. Kolbe, tom. I I I },
pag. 2 2 . — Le Zèbre ou l’Afiie rayé. Briflon, Regn. animal, pag, 1 o r ,