302 H i s t o i r e N a t u r e l l e
ce n’eft point un jugement abfolu, mais feulement une
préfomption très-forte, puifqu’elle.eft fondée fur la différence
confiante de leurs caractères, St que c ’eft cette
confiance des différences qui diffingue ordinairement les
elpèces réelles des fimples variétés.
L ’animal que nous appelons ici Civette, fe nomme
Falanouea àMadagafoar, INpime ou N ifu jih à Congo,
Kankanc en Ethiopie , Kaflord dans la Guinée. C ’eft la
civette de Guinée, car nous fommes fûrs que celle que
nous avons eue avoit été envoyée vivante de Guinée à
Saint - Domingue à un de nos Correlpondans, qui l ’ayant
nourrie quelque temps à Saint-Domingue, la fit tuer
pour nous l ’envoyer plus facilement.
Le zibet eft vrai-femblablement la civette de l’Afie,
des Indes orientales & de l’Arabie, où on la nomme
Zebet ou Zibet, nom Arabe qui lignifie auffi le parfum
de cet animal, & que nous avons adopté pour défigner
l ’animal même ; il diffère de la civette en ce qu’il a le
corps plus alongé St.moins épais, le mufeau plus délié,
plus plat St un peu concave à la partie fupérieure, au lieu
que le mufeau de la civette eft plus gros, moins long St
un peu convexe. 11 a auffi les oreilles plus élevées & plus
* Voyage de Flaçcourt. P a ris, 1 6 6 1 , p a g . 1 y o & i y 4 .
b Merolla cite'par M. I’A b b é Prévoit. H ijlo ire générale des Voyages,
tome I V , p age y S y .
* Voyez id em , tome III, p a g es 2 y y & 2 y 6 . Kanlan.
* Voyez idem ibid em ; St tome I V , p a g e 2 3 6 ; tome V , p age 8 6
ig /viva n tes.
d e l a C i v e t t e e t d u Z i b e t . 303
larges, la queue plus longue & mieux marquée de taches
St d’anneaux, le poil beaucoup plus court & plus mollet;
point de crinière, c ’eft-à-dire de poils plus longs que
les autres fur le co l, ni le long de l’épine du dos,
point de noir au deffous des yeux , ni fur les joues ;
caractères particuliers & très-remarquables dans la civette,
Quelques voyageurs avoient déjà foupçonné qu’il y avoit
deux efjaèces de civettes*, mais perfonne ne les avoit
reconnues affez clairement pour les décrire. Nous les
avons vues toutes deux, St après les avoir foigneufement
comparées , nous les avons jugées d’efpèce St peut-être
de climat différent.
On a appelé ces animaux chats mufqués ou chats civettes
; cependant ils n’ont rien de commun avec le
chat que l’agilité du corps ; ils reffemblent piuftôt au
renard, ftir-tout par la tête: ils ont la robe marquée de
bandes & de taches , ce qui les a fait prendre auffi pour
de petites panthères par ceux qui ne les ont vues que
de loin, mais ils diffèrent des panthères à tous autres
égards. Il y a un animal qu’on appelle fa Genette, qui eft
taché de même, qui a la tête à peu près de la même
forme, St qui porte, comme la civette, un lac dans lequel
fe filtre une humeur odorante : mais lagenette eft plus petite
que nos civettes ; elle a les jambes beaucoup plus courtes
St le corps bien plus mince; fon parfum eft trèsfoible
St de peu de durée, au contraire le parfum êtes civettes;
eft très - fort, celui du zibet eft d’une violence extrême
* Aidrov. de quadrup. digit. pag. 341»