& qui n’a peut-être jamais été tranfporté ni vu dans le
ncmveau; il paroît afïeéter un climat particulier & ne fe
trouve guère que dans cette partie de l’Afrique qui s’étend
depuis l’Équateur jufqu’au cap de Bonne-efpérance.
Le boeuf ne s’efl trouvé n i dans les ifles ni dans la
terre ferme de l’Amérique méridionale : peu de temps
après la découverte de ces nouvelles terres, les Efpa-
gnols y tranfportèrent d’Europe des taureaux & des vaches.
En 1550 on laboura pour la première fois la terre avec
des boeufs a dans la vallée de Cufco. Ces animaux multiplièrent
prodigieufement dans ce continent, aulfi-bien
que dans les ifles de Saint-Domingue, de Cuba, de
Barlovento, &c. ils devinrent même fauvages en plufieurs
endroits. L ’efpèce de boeuf qui s’eft trouvée au Mexique,
à la Louifiane, &c, b & que nous avons appelé boeuf
fauvage ou bifon, n’eft point ifliie de nos boeufs ; le
bifbn exiftoit en Amérique avant qu’on y eût tranfporté
le boeuf d’Europe , & il diffère aflez de celui-ci pour
qu’on puiffe le confidérer comme faifknt une efpèce à
part: il porte une boflè entre les épaules; fon poil eff
plus doux que la laine, plus long fur le devant du" corps
que fur le derrière , & crêpé fur le col & le long de
l ’épine du dos; la couleur en eff brune, obfcurément
marquée de quelques taches blancheâtres. Le bifon a de
* Voyer l’Hiftoire des Incas. Paris, 1 7 4 .4 , tome I I , pages 2 6 6
i f fuiv.
b Voyei l’Hiftoire du nouveau Monde, par Jean de Laet. Leyde,
1-6 40 , !iv. X , chap. 1 y.
plus
d e l ’ a n c i e n C o n t i n e n t . 65
plus les jambes courtes ; elles font, comme la tête & la
gorge, couvertes d’un long poil : le mâle a la queue
longue avec une houpe de poil au bout, comme on le
voit à la queue du lion. Quoique ces différences m’aient
paru fuffifàntes, ainfi qu’à tous les autres Naturaliftes,
pour faire du boeuf & du bifon a deux efpèces differentes,
cependant je ne prétends pas i’afliirer affirmativement :
comme le feul caractère qui différencie ou identifie les
efpèces, eff la faculté de produire des individus qui ont
eux-mêmes celle de produire leurs femblables, & que
perfonne ne nous a appris fi le bifbn peut produire avec
le boeuf, que probablement même on n’a jamais eflàyé
de les mêler enfèmble, nous ne fommes pas en état de
prononcer fur ce fait. J ’ai obligation à M. de la Nux,
ancien Confeiller au Confeil royal de l’ifle de Bourbon &
Correlpondant de l’Académie des Sciences, de m’avoir
appris, par fà Lettre b datée de l ’ifle de Bourbon du
“ Voye^ le quatrième volume de cette Hiftoire Naturelle, article
du Boeuf,
b Extrait de la Lettre écrite par M . de la Nux à M . de Buffbn.
Je ne dois pas négliger de vous donner à connoître que les Bifons ,
fi la loupe ou boflè qu’ils ont fur le garot eft le feul caractère qui
les diftingue des boeufs, ne font point une elpèce particulière &
differente de ceux-ci, comme vous paroifîèz en être perfuadé ( au VIII*
vol. in-12 de votre Hift. Nat. page i y 4)- En cette Ifle, où, depuis
plus de trente ans, j’ai vû boeufs bretons, boeufs indiens , bifons, il eft
très-aflùré que ce font des animaux de même efpèce, mais de races
différentes, qui s’étant mêlées depuis ce temps, ont produit des individus
qui en ont eux-mêmes produit d’autres, dont nos fàvanes font
actuellement couvertes. J ’ai eu entr’autres une vache bretonne qui a été
Tome IX , I