» de Saint-Domingue & de Cuba, non plus qu’aux An-
» tilles, prefque aucuns animaux du nouveau continent de
« l ’Amérique, & pas un feul des animaux femblables.à
» ceux d’Europe 3__Tout ce qu’il y a aux Antilles, dit le
« Père du Tertre, de moutons, de chèvres, de chevaux,
» de boeufs, danes, tant dans la Guadeloupe que dans les
» autres ifles habitées par les François, a été apporté par
» eux , les Efpagnols n’y en mirent aucun , comme ils ont
» fait dans les autres ilîes, d’autant que les Antilles étant
» dans ce temps toutes couvertes de bois, le bétail n’y
aurait pu fubfifter fans herbages b ». M. Fabry, que j’ai
déjà eu occafion de citer dans cet Ouvrage, qui avoit
erré pendant quinze mois dans les terres de l’ouefl de
l ’Amérique, au delà du fleuve Miffiffipi, m’a afliiré qu’il
avoit fàit fouvent trois & quatre cents lieues làns rencontrer
un feul homme. Nos Officiers qui ont été de Quebec
à la belle rivière d’O h io , & de cette rivière à la Loui-
fiane, conviennent tous qu’on pourrait fouvent faire cent
& deux cerits lieues dans la profondeur des terres fans
rencontrer une feule famille de Sauvages : tous ces
témoignages indiquent aflez jufqu’à quel point la Nature
eft défertë dans les contrées même de ce nouveau continent,
où la température eft la plus agréable ; mais ce *
* V°yeZ l’Hiftoire naturelle des Indes, par Joleph Acofta, traduction
de Renaud. Paris, i $ o o, pages 144 & fuivantes.
,b Féÿeç l’Hiftoire générale des Antilles, par le P. du Tertre. Paris,
J 6 6 y, tome 11, pages 2 8p & fuiv. où l’on doit obferver qu’il y »
plufieurs chofes empruntées de Jofèph Acofta.
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qu’ils nous apprennent de plus particulier & de plus utile,
pour notre ob jet, c ’eft à nous défier du témoignage:
poftérieur des Defcripteurs de cabinets ou des Nomen-
clateurs, qui peuplent ce nouveau monde d’animaux, lef-
quels ne fis trouvent que dans l’ancien, & qui en défignent
d’autres comme originaires de certaines contré e soù .
cependant jamais ils n’ont exifté. Par exemple, il eft;
clair & certain qu’il n’y avoit originairement dans rifle
Saint-Domingue aucun animal quadrupède plus fort qu’un
lapin ; il eft encore certain que, quand il y en auroit eu,
les chiens Européens , devenus fàuvages St méchans
comme des loups, les auraient détruits : cependant on
a appelé chat-tigre ou chai-tigré3' de Saint-Domingue le
tnarac ou maracaïa du Brefil, qui ne fè trouve que dans
la terre ferme du continent. On a dit que le lézard
écailleux ou diahle de Java fe trouvoit en Amérique, &
que les Brafiliens '• l ’appeloient tatgë, tandis qu’il ne fe
trouve qu’aux Indes orientales, : on a prétendu que la
civettec , qui eft un animal des parties méridionales de
l’ancien continent, fe trouvoit auffi dans le nouveau,
& fur-tout à la nouvelle Efpagne, fans faire attention
que les civettes étant des animaux utiles, & qu’on élève-
en plufieurs endroits de l’Afrique, du Levant St des
Indes comme des animaux domeftiques pour en recueillir
le parfum dont il fe fàit un grand commerce;
Felis Silveftris, ’Tigrmus en hifpaniola. Seba, vol, I , paig. y y,
1 Seba, vol. 1, page 8S.
* Brillon, Regn. animal, pag. 258.
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