de l’hyæne : il en eft de même du glouton , qui eft une
bête du Nord, reléguée dans les pays les plus froids,
tels que la Laponie , la Ruffie, la Syberie ; inconnue
même dans les régions tempérées, & qui par conféquent
n’a jamais habité en Arabie , non plus que dans les autres
climats chauds où fe trouve l’hyæne • aufft en différé-t-il
à tous égards, le glouton eft à peu-près de la forme
d’un très-gros blaireau, il a les jambes courtes , le ventre
prefqu’à terre, cinq doigts aux pieds de devant comme
à ceux de derrière, point de crinière fur le col, le poil
noir fur tout le corps, quelquefois d’un fauve brun fur les
flancs. Il n’a de commun avec i’hyæne que d’êtretrçs-
vorace; il n’étoit pas connu des Anciens, qui n’avoient
pas pénétré fort avant dans les terres du Nord. Le premier
Auteur qui ait fait mention de cet animal eft Olaüs 1 ,
il l’a appelé gulo à caufe de fa grande voracité : on l’a
en lu i te nommé rofomak en langue Sclavone b, je r ff 8c
wildfras en Allemand : nos voyageurs François c l’ont
appelé glouton. Il y a des variétés dans cette efpèce auffi-
bien que dans celle du chacal, dont nous parlerons dans
* Inter omnia ammatia qua immani voracitate eredimtur infatiabilia ,
gulo in partibus Sut:cioe feptentrionalis , proecipmm fujccp 'U notnen, ubi
patrio fermone Jerff dicitur, à 1 lingua Germanica Wilsfraff, Sclavonicc
Roiomaka , a multâ commeßione ; latinâ vero non nifi fiâitio gulo videlicet
a gulofitate appellatur. Hirt, de gern, feptent. ab Olao magno. Antuer-
piæ , i p p 8 , pag. i q 8.
b Hiftoire de la Laponie, par Scheffer, Paris, 1 6 7 8 , page 3 1 4 .
— Rzaczynski, Audi. Hjl. nat. Rohm, pag. 311.
Relation de la grande Tartarie, Amjkrdam, 1 7 3 7 , page ! .
l’hiftoire particulière de ces animaux; mais nous pouvons
affurer d’avance que ces variétés, loin de les rapprocher,
les éloignent encore de l’efpèce de l’hyæne.
La civette n’a de commun avec l ’hyæne que l’ouverture
ou fàc fous la queue , & la crinière le long
du cou & de l’épine du dos ; elle en diffère par la
figure, par la grandeur du corps étant de moitié plus
petite ; elle a les oreilles velues & courtes, au lieu
que l ’hyæne les a longues & nues; elle a de plus, les
jambes bien plus courtes, cinq doigts à chaque pied,
tandis que l ’hyæne a les jambes longues & n’a que quatre
doigts à tous les pieds; la civette ne fouille pas la terre
pour en tirer les cadavres : il eft donc très-facile de les
diftinguer l’une de l’autre. A l’égard du babouin qui eft
le papio des latins, il n’a été pris pour l’hyæne que par
une équivoque de noms, à laquelle un pafîàge de Leon
l ’Africain *, copié par Marmolb, femble avoir donné lieu.
Le dabuh, difent ces deux Auteurs, ejl de la grandeur & de
la forme du loup , il tire les corps morts des fépulcres. La
reffemblance de ce nom dabuh avec dubbah, qui eft celui
de l’hyæne, & cette avidité pour les cadavres commune
au dabuh 6c au dubbah, les a fait prendre pour le même
animal, quoiqu’il foit dit expreffément dans les mêmes
* Dabuh Arabica appellations Africanis Sefèf dicitur. Animal ù"
magnitudinc c f forma lupum refert, pedes & crura hominis fnni!e> ;
reliquo bejtiarum genere non ejf noxius fed humana corpora fepulcbrit
evel/it ac dévorât. Leon. Afric. de Afric. defeript. Lugd. Bat. 1 63 2,
tom. I l , pag. 7 3 6,
fc L ’Afrique de Marmol. Paris 1 8 6 7 , tome I , page 3 7 .
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