qui dans ces climats les di flingue fl fort des autres animaux.
Les chevaux ont à peu près également multiplié
dans les pays chauds & dans les pays froids du continent
de l’Amérique ; il paraît feulementa qu’ils font devenus
plus petits ; mais cela leur eft commun avec tous les
autres animaux qui ont été tranfportés d’Europe en Amérique
; car les boeufs, les chèvres, les moutons, les cochons,
les chiens, font plus petits en Canada qu’en France ;
& , ce qui paraîtra peut-être beaucoup plus fingulier, c ’eft
que tous les animaux d’Amérique, même ceux qui font
naturels au climat, font beaucoup plus petits en général
que ceux de l’ancien continent. La Nature femble s’être
fervie dans ce nouveau monde d’une autre échelle de
grandeur ; l’homme efl le feul qu’elle ait mefuré avec
le même module : mais avant de donner les faits fur
lefquels je fonde cette obfervation générale, il faut achever
notre énumération.
Le cochon ne s’efl donc point trouvé dans le nouveau
monde, il y a été tranfporte ; & non feulement
il y a multiplié dans l’état de domeflicité, mais il eft
même devenu fauvage b en plufieurs endroits, & il y
vit & multiplie dans les bois comme nos fangliers ,
* Voyei l’Hiftoire Je la Jamaïque, par Hans Sloane. Londres, 1 7 0 7
& 1725-
h Les cochons d’Europe ont beaucoup multiplié dans toutes les
Indes occidentales ; ils y font devenus tàuvages, & on les chaflè
comme le fangtier dont ils ont pris te naturel & la férocité. Hifloire
naturelle des Indes, par Jofeph Acofta. Paris, 16 0 0,pages g .j.ù 'fu iv ,
fans
d e l ’ a n c i e n C o n t i n e n t . 7 3
fins le fecours de l’homme. On a aufli tranfporté de la
Guinée au Brefil a une autre efpèce de cochon différente
de celle d’Europe , qui s’y eft multipliée. Ce
cochon de Guinée, plus petit que celui d’Europe, a
les oreilles fort longues & très-pointues, la queue aufli
fort longue & traînant prefqu a terre; il n’eft pas couvert
de foies longues, mais d’un poil court, Sc il paraît faire
une efpèce diftinéle & féparée de celle du cochon d’Europe
; car nous n’avons pas appris qu’au Brefil, où
l ’ardeur du climat favorife la propagation en tout genre ,
ces deux efpèces fe foient mêlées, ni qu elles aient meme
produit des mulets, ou des individus féconds.
Les chiens, dont les races font fi variées & fi nom-
breufement répandues, ne fe font, pour ainfi dire, trouvés
en Amérique que par échantillons difficiles à comparer
& à rapporter au total de l’efpèce. Il y avoit à Saint-
Domingue des petits animaux appelés gofqués, femblables
à des petits chiens ; mais il n’y avoit point de chiens
femblables à ceux d’Europe, dit Garcilaflo, & il ajoute1*
que les chiens d’Europe qu’on avoit tranfportés à Cuba
& à Saint-Domingue, étant devenus fauvages, diminuèrent
dans ces illes la quantité du bétail aufli devenu
fiuvage ; que ces chiens marchent par troupes de dix
ou douze & font aufli méchans que des loups. Il n’y
avoit pas de vrais chiens aux Indes occidentales, dit
* Vide Pifon, H iß. Nat. Braßl. cum app. Marcgravii.
b Voye^ l’Hiftoire des Incas. Paris, 1 7 4 p , tome 11, pages 3 2 2
g t fuivantes.
Tome IX . K