petits d’une feule portée: ces exemples font rares, mais
s’ils font vrais, ils fuffifent pour prouver que les lions
ne font pas abfolument étrangers au climat tempéré;
cependant il ne s’en trouve actuellement dans aucune
des parties méridionales de l’Europe, & dès le temps
d’Homère il n’y en avoit point dans le Péloponèfe,,
quoiqu’il y en eût alors , & même encore du temps
d’Ariftote, dans la Thrace, la Macédoine & laTheftàlie;
il paroît donc que dans tous les temps ils ont conftamrnent
donné la préférence aux climats les plus chauds, qu’ils fe
font rarement habitués dans les pays tempérés, & qu’ils
n’ont jamais habité dans les terres du nord. Les Natu-
raliftes que nous venons de citer, & qui ont parlé de
ces lions nés à Florence & à Naples, ne nous ont rien
appris fur le temps de la geftation de la lionne, fur la
grandeur des lionceaux lorfqu’ils viennent de naître, fur
les degrés de leur accroilfement. Ælien a dit que la
lionne porte deux mois, Philoftrate & Edoward Wuotd
difent au contraire qu’elle porte fix mois ; s’il fàlloit
opter entre ces deux opinions , je ferais de la dernière ;
car le lion eft un animal de grande taille , & nous
fa von s qu’en général dans les gros animaux , la durée
de la geftation eft plus longue qu’elle ne i’eft dans les
petits. Il en eft de même de l ’accroiflement du corps ;
les Anciens & les Modernes conviennent que les lions
nouveaux nés font fort petits, de la grandeur à peu près
* Vide Gefner, Hift. quadrup. pag, 575 & fuiv.
1 Vide lib. de diff. animal, cap. t XXX.
d’unë
d’une belette \ c ’eft-à-dire de fix ou fept pouces de
longueur ; il leur faut donc au moins quelques années
pour grandir de huit ou neuf pieds : ils difent auffi que
les lionceaux ne font en état de marcher que deux mois
après leur naiflànce. Sans donner une entière confiance
au rapport de ces faits, on peut préfumer avec affez de
vrai-femblance que le lion , attendu la grandeur de fâ
taille, eft au moins trois ou quatre ans à croître, & qu il
doit vivre environ fept fois trois ou quatre ans, c eft-
à-dire à peu près vingt-cinq ans. Le S. de Saint-Martin,
maître du Combat du Taureau à Paris , qui a bien voulu
me communiquer les remarques qu il avoit faites fur les
lions qu’il a nourris, m a fait afiurer qu il en avoit garde
quelques-uns pendant feize ou dix-fept ans, & il croit
qu’ils ne vivent guère que vingt ou vingt-deux ans ; il en
a gardé d’autres pendant douze ou quinze ans, & 1 on
fent bien que dans ces lions captifs le manque d exercice,
la contrainte & l’ennui, ne peuvent qu’affoiblir leur ftnté
& abréger leur vie.
Ariftote aftîire, en deux endroits difîèrens de Ion
ouvrage b fiir la génération, que la lionne produit cinq
ou fix petits de la première portée, quatre ou cinq de la
fécondé, trois ou quatre de la troifième, deux ou trois
de la quatrième, un ou deux de la cinquième, & qu apres
cette dernière portée, qui eft toûjours la moins nom-
breufe de toutes, la lionne devient fterile. Je ne crois
* Vide lib. de diff". animal. cap. LXXX.
b Vide Arijl. de generatione, lib. III, cap. n & X.
. Tome IX . C