L E C O U G U A R * .
I_ iE Couguar a la taille auffi longue, mais moins étoffée
que le Jaguar; il eft plus levreté, plus effilé & plus haut
fur fes jambes ; il a la tête petite , la queue longue, le
poil court & de couleur prefqu’uniforme , d’un roux vif,
mêlé de quelques teintes noirâtres, fur-tout au deffus du
dos ; il n’eft marqué ni de bandes longues comme le
tigre, ni de taches rondes & pleines comme le léopard,
ni de taches en anneaux ou en rofes comme l’once &
la panthère ; il a le menton blancheâtre , ainft que la
gorge & toutes les parties inférieures du corps. Quoique
plus foible, il eft auffi féroce & peut-être plus cruel
que le jaguar ; il paraît être encore plus acharné fur là
* Le Couguar, nom que nous avons donne' à cet animal, & que
nous avons tiré par contraction de ton nom Brafiiien Cuguacu ara,
que l’on prononce Cougouacouarè. O n l’appelle Tigre rouge à la
Guiane.
Cuguacu ara. P ilon, H iß. Nat. pag. i o j .
Cuguacu arana. Marcgravii, H iß. Brafil. pag. 245.
Cuguacu arana. Brafilienfibus. R ay, Synopf. quadrup. pag. 16g.
Tigris fulvus. Barrère, H iß. Franc, équin, pag. 1 66.
Felis ex flavo rufefeens, mento ù “ infimo ventre albicantilus. . . . . .
Tigrisfulva. Le tigre rouge. Brillon, Regn. animal, pag. 272.
T igre, en Amérique, dont la peau eft brune fins être mouchetée.
Voyage de M. de la Condamine ftir la rivière des Amazones. Paris,
174) , PaS e l ! >2.
proie
proie*, il la dévore fins la dépecer ; dès qu’il l’a faille,
il l’entame, la fuce , la mange de fuite & ne la quitte
pas qu’il ne foit pleinement raffalié.
Cet animal eft affez commun à la Guiane; autrefois
on l’a vû arriver à la nage & en nombre dans l’ilîe de
Cayenne b , pour attaquer & dévafter les troupeaux:
c ’étoit dans les commencemens un fléau pour la Colonie,
mais peu à peu on l ’a chaffé, détruit & relégué loin des
habitations. On le trouve au Brefil, au Paraguay, au pays
des Amazones, & il y a grande apparence que l’animal
qui nous eft indiqué dans quelques relations, lotis le
nom à'Ocorome c dans le pays des Moxes au Pérou , eft
le même que le couguar, auffi-bien que celui du pays
des Iroquoisd, qu’on a regardé comme un tigre, quoiqu’il
ne foit point moucheté comme la panthère, ni
marqué de bandes longues comme le tigre.
* Cuguacu-arana, tigre rouge, ou pluftôt bay rouge, qui eft le plus
goulu & le plus carnallîer de tous. Barrère, Hiß. de la France équin,
page 1 <S 6.
k Voyage de Definarchais , page g o o. — La Colonie de Cayenne
n’eut pas de plus grand fléau à efluyer que celui des tigres. Voyage
de Voodes Rogers. Amßerd. 17 10 , tome I II, page 2 8,
* L ’ocorome, du pays des Moxes au Pérou, efif de fi grandeur d’un
grand chien ; ton poil eft roux, (on inufeiu pointu, lès dents fort
affilées. Lettres édifiantes , dixième recueil. Paris, 1 7 1 7 . — Second
volume des Voyages de Coreal. Paris, 1722, page 472.
i On trouve, au pays des Iroquois, des tigres de couleur de petit-
gris qui ne font point mouchetés ; ils ont la queue fort longue, &
donnent la chaflè au porc-épic. Les Iroquois les tuent plus fouvent
Tome JX , E c