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bois, le plus grand nombre d’andouillers & par la queue
qu’il a plus longue.
Il en eil de même du chevreuil, qui fe trouve au
midi du Canada & dans la Louifiane, qui eft auffi plus
petit, & qui a la queue plus longue que le chevreuil
d’Europe; & encore de l’orignal qui eft le même animal
que l’élan, mais qui n’eft pas fi grand.
L e renne de Lapponie, le daim de Groenland & le
karihou de Canada me parodient ne faire qu’un feu! &
même animal. Le daim ou cerf de Groenland, décrit
& deffiné par Edouard2, reffemble trop au renne pour
qu’on puifle le regarder comme fàilànt une efpèce différente
; & à l’égard du karibou dont on ne trouve nulle
part de defcription exaéle, nous avons cependant jugé
par toutes les indications que nous avons pû recueillir,
que c ’étoit le même animal que le renne. M. Briffon1’
a cru devoir en faire une efpèce différente, & il rapporte
le karibou au cer.yus Burgundïcus de Jonfton ; mais ce
cervus Burgimdicus eft un animal inconnu, & qui fièrement
n’exifte ni en Bourgogne ni en Europe : c ’eft
Amplement un nom que l’on aura donné à quelque tête
de cerf ou de daim dont le hois étojt bizarre ; ou bien
il fe pourroit que la tête de karibou qu’a vue M. Briffon,
& dont le bois n’étoit compofé de chaque côté que
d’un feul mérain droit, long de dix pouces, avec un
“ Voye^ A Natural Hiftory o f birds By George, Edwards. London,
1 7 4 3 , pag. 3 1 .
1 Briffon, Rrgrt. animai, png, 9 1 .
A U X D E U X C O N T I N E N S . 99
andouifler près de la bafe tourné en avant, fort en effet
une tête de renne femelle, ou bien une jeune tête d’une
première ou d'une féconde année : car on fait que dans
le renne la femelle porte un bois comme le mâle, mais
beaucoup plus petit, & que dans tous deux la direction
des premiers andouillers eft en avant ; & enfin que dans
cet animal l’étendue & les ramifications du bois, comme
dans tous les autres qui en portent, fuivent exactement
la progreffion des années.
Les lièvres, les écureuils, les hériffons , les rats muf-
qués, les loutres , les marmottes, les rats, les mufàraignes,
les chauve-fouris , les taupes font auftï des efpèces qu’on
pourroit regarder comme communes aux deux conti-
nens, quoique dans tous ces genres il n’y ait aucune
efpèce qui foit parfaitement femblable en Amérique à
celles de l’Europe ; & l’on fent qu’il eft bien difficile,
pour ne pas dire impoffible, de prononcer fi ce font
réellement des elpèces différentes , ou feulement des
variétés de la même efpèce , qui ne font devenues conf-
tantes que par l’influence du climat.
Les caftors de l’Europe paroifiènt être les mêmes
que ceux du Canada ; ces animaux préfèrent les pays
froids , mais ils peuvent auffi fubfifter & fe multiplier
dans les pays tempérés, il y en a encore quelques-uns
en France dans les ifles du Rhône; il y en avoit autrefois
en bien plus grand nombre, & il paroît qu’ils aiment
encore moins les pays trop peuplés que les pays trop
chauds : ils n’établiffent leur fbciété que dans des défèrts
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