qu’on a défignés par le nom de Jinges, ne fe trouvent
pas plus en Amérique que les éléphans, les rhinocéros
ou les tigres. Plus on fera de recherches & de compa-
raifons exactes à ce fujet, plus on fera convaincu que
les animaux des parties méridionales de chacun des con-
tinens n’exiftoient point dans l’autre, & que le petit
nombre de ceux qu’on y trouve aujourd’hui ont été
tranfportés par les hommes, comme la brebis de Guinée
qui a été portée au Brefd ; le cochon d’Inde, qui au
contraire a été porté du Brefd en Guinée, & peut-être
encore quelques autres efpèces de petits animaux, def-
quels le voifinage & le commerce de ces deux parties
du monde ont fàvorifé le tranfport. Il y a environ cinq
cents lieues de mer entre les côtes du Brefil & celles
de la Guinée ; il y en a plus de deux mille des côtes
du Pérou à celles des Indes orientales : tous ces animaux
qui par leur nature ne peuvent lùpporter le climat
du Nord, ceux mêmes qui pouvant le fupporter, ne
peuvent produire dans ce même climat , font donc
confinés de deux ou trois côtés par des mers qu’ils ne.
peuvent traverfer, & „d’autre côté par des terres trop
froides qu’ils ne peuvent habiter làns périr ; ainfi l’on
doit cefiër d’être étonné de ce fait général, qui d’abord
paraît très-fingulier, & que perfonne avant nous n’avoit
même foupçonné, lavoir qu’aucun des animaux de la
zone torride dans l’un des continens, ne s’eft trouvé
dans l’autre.
A N IM A U X
A N 1 M A
C O M M U N S A U X D E U X C O N T IN E N S .
N o u s avons vû par l’énumération précédente, que
non feulement les animaux des climats les plus chauds
de l’Afrique & de l’Afie manquent à l’Amérique, mais
même que la plufpart de ceux des climats tempérés de
l ’Europe y manquent également. Il n’en efl pas ainfi
des animaux qui peuvent aifément fupporter le froid &
fe multiplier dans les climats du Nord ; on en trouve
plufieurs dans l’Amérique feptentrionale, & quoique ce
ne foit jamais làns quelque différence affez marquée, on
ne peut cependant fo refufer à les regarder comme lés
mêmes, & à croire qu’ils ont autrefois paffé de l’un à
l ’autre continent par. des terres du Nord , peut-être,encore
aétueilement inconnues, ou pluftôt anciennement
fubmergées ; & cette preuve tirée de l’Hiftoire Naturelle
, démontre mieux la contiguité prefque continue
des deux continens. vers le Nord, que toutes les con-
jeétures de la Géographie fpéculative.
Les ours des Illinois de la Louifiane, &c. paroiffent
être les mêmes que nos ours; ceux-là font feulement
plus petits & plus noirs.
Le cerf du Canada, quoique plus petit que notre, cerf,
n’en diffère au refte que par la plus .grande hauteur du
Tome IX . N