éloignés de toute habitation ; & dans le Canada meme,
qu’on doit encore regarder comme un vafle défert, ils fe
font retirés fort loin des habitations de toute la Colonie.
Les loups & les renards font auffi des animaux communs
aux deux continens : on les trouve dans toute
les parties de l’Amérique feptentrionale, mais avec des.
variétés ; il y a fur-tout des renards & des loups n o i r s&
tous y font en général plus petits qu’en Europe, comme
le font auffi tous les autres animaux, tant ceux qui font
naturels au. pays , que ceux qui y ont été tranfportés.
Quoique la belette & l’hermine fréquentent les pays
froids en Europe r elles font au moins très-rares en Amérique;
il n’en eft pas abfolument de même des martes r
des fouines & des putois.
La marte du nord de l’Amérique paroît être la même
que celle de notre nord ; le vifon de Canada reffemble.
beaucoup à la fouine, & le putois rayé de l’Amérique
feptentrionale, n’eft peut-être qu’une variété de l’efpèce
du putois de l’Europe.
Le lynx ou loup-cervier qu’on trouve en Amérique,,
comme en Europe, nous a paru le même animal ; il
habite les pays froids -de préférence ,. mais il ne laiffe
pas de vivre & de multiplier fous les climats tempérés,.
& if fo tient ordinairement dans- les forêts, & fur les,
montagnes..
Le phoca ou veau marin paroît confiné dans les paya
du nord r & fe. trouve également fur les côtes de i’Europe
& de l’Amérique feptentrionales.
Voilà tous les animaux , à très-peu près, qu’on peut
regarder comme communs aux deux continens de l ’ancien
& du nouveau monde ; & dans ce nombre qui, comme
l’on v o it, n’efl pas confidérable, on doit en retrancher
peut-être encore plus d’un tiers, dont les elpèces, quoi-
qu’affez femblables en apparence, ' peuvent cependant
être réellement différentes. Mais en admettant même dans
tous ces animaux l ’identité d’efpèce avec ceux d’Europe,
on voit que le nombre de ces elpèces communes aux
deux continens, eft affez petit en coniparaifon de celui
des elpèces qui font propres & particulières à chacun des
deux : on voit de plus qu’il n’y a de tous ces animaux
que ceux qui habitent ou fréquentent les terres du
Nord , qui foient communs aux deux mondes , &
qu’aucun de ceux qui ne peuvent fe multiplier que dans
les pays chauds ou tempérés , ne fe trouvent à la fois
dans tous les deux.
Il ne paroît donc plus douteux que les deux conti-
pens. ne foient ou n’aient été contigus vers le nord,
& que les animaux qui leur font communs n’aient paffé
de l’un à l’autre par des terres qui nous font inconnues.
On feroit fondé à croire , fur - tout d’après les nouvelles
découvertes des Ruffes au nord de Kamtchatca, que c ’efr
avec l’Afie que l’Amérique communique par des terres
contiguës, & il femble au contraire que le nord de l’Europe
en foit & en ait été toujours féparé par des mers
affez conlidérables pour qu’aucun animal quadrupède
n’ait pu les franchir; cependant les animaux du nord de
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