troupeaux & fouvent rompt dans la nuit les portes des
étables & les clôtures des bergeries : Tes yeux brillent
dans Pobfcurité , & l’on prétend qu’il voit mieux la nuit
que le jour. Si l’on en croit tous les Naturalises, Ton cri
reffemble aux fànglots d’un homme qui vomiroit avec
effort, ou pluftôt au mugiffement du veau, comme le
dit Kæmpfer, témoin auriculaire1.
L ’hyæne fe défend du lion, ne craint pas la panthère,
attaque l’once, laquelle ne peut lui réfifter ; lorfque la
proie lui manque, elle creufe la terre avec les pieds &
en tire par lambeaux les cadavres des animaux & des
hommes que dans le pays qu’elle habite , on enterre
egalement dans les champs. On la trouve dans prefque
tous les climats chauds de l’Afrique & de l ’Afie* & il
paroît que 1 animal appelé farajfh à Madagafcar **, qui
reffemble au loup par la figure, mais qui eft plus grand.,
plus fort & plus cruel, pourrait bien être l’hyæne.
Il y a peu d ’animaux fur lefquels on ait fait autant
d’hiftoires abfurdes que fur celui - ci. Les Anciens ont
écrit gravement que l’hyæne étoit mâle & femelle alternativement;,
que quand elle portoit, allaitoit & élevoit
* Kæmpfer, in loço fupra citato.
b II fe trouve à Madagafcar des animaux que les habitant appellent
Farajfes, de la nature du loup, mais encore plus voraces. Mémoires
pour finir à fhijtoire des Indes orientales, 1702, page 1 68. — Voyez
autïi l’hijioire de l’Orejioejue , par Jojeph Jumitla. Avignon, 1778,
tome 111, page 6~o7 , où il paroît que l’auteur a copié le paflage que
nous venons de citer.
fes petits, elle demeurait femelle pendant toute l’année ;
mais que l’année fuivante, elle reprenoit les fondions
du mâle, & fàifoit fubir à fon compagnon le fort de la
femelle. On voit bien que ce conte n’a d’autre fondement
que l’ouverture en forme de fente que le mâle a,
comme la femelle, indépendamment des parties propres
de la génération qui, pour les deux fexes, font dans
l ’hyæne femblables à celles de tous les autres animaux.
On a dit qu’elle favoit imiter la voix humaine, retenir
Je nom des bergers, les appeler , les charmer , les
arrêter, les rendre immobiles; faire en même temps
courir les bergères, leur faire oublier leur troupeau , les
rendre folles d’amour , &c__ Tout cela peut arriver
iàns hyæne ; & je finis pour qu’on ne me faffe pas le
reproche que je vais faire à Pline , qui paroît avoir pris
plaifir à compiler & raconter ces fables.