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chameaux au Pérou; ils les avoient (l’abord dépofés aux
ifles Canaries, d’où ils les tirèrent enfuite pour les paffer
en Amérique : mais il faut que le climat de ce nouveau
monde ne leur fort pas favorable , car quoiqu’ils aient
produit dans cette terre, étrangère , ils ne s’y font pas
multipliés, & ils n’y ont jamais été qu’en très-petit
nombre.
La giraffe * ou le camelo-pardalis, animal très grand,
très-gros & très-remarquable, tant par là (orme fingulière
que par la hauteur de fa taille, la longueur de fon col &
celle de fes jambes de devant, ne s’eft point trouvé en
Amérique; il habite en Afrique & fur-tout.en Éthiopie,
6 ne s’eft jamais répandu au-delà des Tropiques dans
les climats tempérés de L’ancien continent.
Nous avons vû dans l’article précédent, que le lion
n’exiftoit point en Amérique , & que le Puma du Pérou
eft un animal d’une efpèce différente. Nous verrons de
même que le tigre & la panthère ne fe trouvait que dans
l ’ancien continent , & que les animaux de l’Amérique
méridionale auxquels on a donné ces noms font d’efpèces.
différentes.. Le vrai tigre, le feui qui doit conferver ce
nom, eft un animal terrible & peut-être plus à craindre
que le lion ; fa férocité n’eft comparable à rien ; mais
Robert Renaud. Paris, 1 6 a o , depuis la page 4 4 jufyidà la page
AP A Voyez*aufli l’H-iflewe des Lacas. Paris, ‘ 7 4 4 , tome I I , pag.
x 6 6 i f fuie,
* Giraffa quam Arabes Zurnapa, Greeci i f Latini Cawelo-pordalin
nommant,, Reliât., abf. page 1 18 .
d e l ’ a n c i e n C o n t i n e n t . 59
on peut juger de fa force par fa taille ; elle eft ordinairement
de quatre à cinq pieds de hauteur fur neuf, dix
& jufqu a treize & quatorze pieds de longueur, fans y
comprendre la queue; là peau n’eft pas tigrée, c’eft-à-
dire parfemée de taches arrondies ; il a feulement fur un
fond de poil fauve des bandes noires qui s’étendent
tranfverfalement fur tout le corps, & qui forment des
anneaux (tir la queue dans toute là longueur, ces feuls
caractères fuffifent pour le diftinguer de tous les animaux
de proie du nouveau monde , dont les plus grands font
à peine de la taille de nos mâtins ou de nos lévriers. Le
léopard & la panthère de 1 Afrique ou de 1 Alie n approchent
pas de la grandeur du tigre , & cependant font
encore plus grands que les animaux de proie des parties
méridionales de rAmérique. Pline, dont on ne peut ici
révoquer le témoignage en doute, puifque les panthères
étoient fi communes qu’on les expofoit tous les jours
en grand nombre dans lès fpeétacles de Rome, Pline,
dis-je, en indique les caractères effentiels , en dilànt
que leur poil eft blancheâtre & que leur robe eft variée
par-tout * de taches noires, lèmblables à des yeux ; il
ajoute que k feule différence qu’il y ait entre le mâle &
la femelle , e’eft que la femelle a la-robe plus blanche.
Les animaux d’Amérique auxquels on a donné le nom
* Pantheris in candido brèves macularum oculi va ria i... & par dos, qui
mares funt appellant in eo ornai généré crebemmi in Africâ Syriaque,
quidam ab iis Pantberas candtrte folo Afcernmt, nec adksc aliam diffe-
rentiam imeni. PHn. U ifi. Nat. iib: V I I I , cap. XVU,H ij