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R a b a i s s e r un arbre î c’ eft quand il monte
trop , le ravaler en le coupant plus bas 3 ou fur
des bons yeux, ou fur des branches jeunes &
vigoureufes.
On rabaiffe les branches fur les côtés quand
au lieu de les placer perpendiculairement aux
efpaliers, ou aux contre-efpaliers, on les tiré de
côté depuis le bas du mur , ou du contre-efpalier
jufqu’en haut.
RABATTRE un arbre ; c’eft , en terme de
jardinage , tailler court un arbre qui poulie foi-
blement ou qui fe dégarnit du bas.
R a b a ttr e les branches ; c’eft diminuer de
longueur toutes les branches d'un arbre.
L’opération du rabattement fe fait, principalement
fur un arbre dont on n’efpère prefque plus
rien. Elle confifte alors à réceper tous les vieux
bois de l’arbre , & à couper toutes les branches
près du tronc.
RABLE ou R ou ab lË; efpece de rateau fans
«lents, qui fert à égaliler un terrain nouvellement
r m u é ,& à divers autres ufages dans les travaux
de la culture. £
RABOT ou butte-avant ; outil de jardinage.
( Voye% P'I- XXIII , fig. 9 .) Cet outil eft fait
avec une douve ronde par en haut & plate par
en bas. On y attache vers le mil eu un long
manche de bois ; on s’en fert pour unir les allées
après que le rateau- ou la charrue y ont paffé.
Le rabot fart aufli pour ramaffcr le. grain épars
lorfqu’il a .été battu , <k à le raflembisr en
un tas.
R abot de menaife r le . O n ‘fe fert de' cet inf-
trument pour dégrofùr le bois & polir les planches.
Le rabot eft fait d’une pièce de bois fort polie
par-deffous, qui lui fert de fut ; au milieu de ce
Dois eft une entaille nommée lumière, par où
p a (Te un fer ou efpèce de cifeau incliné, fort
tranchant, qui enlève les inégalités du bois fur
lequel on le fait couler.
La taille du fer du rabot varie , elle eft ou
pointue, ou tranchante, félon les diverfes lignes
ou figures, droites ou courbes que l’on veut
.Lire avec Je fil de ce tranchant.
RABOUGRI , terme de jardinage qui exprime
la mauvaife venue des plantes dont la figure
annonce leur mauvaife qualité. Un arbre rabougri
eft celui dont les pouffes font maigres, qui ne
donne que des fruits mefquins, dont l’écorce eft
toute raboteufe & mouffeufe, qui au lieu de
profiter, femble décroître. C ’en un*arbre hideux
& vilain à voir.
Ces fortes d’arbres pèchent par un vice d’origine,
par la mauvaife nature de la terre , ou
par une mauvaife plantation & un mauvais régime.
Il n’y a point d’autre remède que de le
remplacer par un autre, en changeant aufli U
ter-re. . -»
Les fruits rabougris font de-petits fruits ratatinés,
graveleux en dehors , pleins de boffes &
de creux, pierreux en dedans , & qui font dénués
de faveur.
On dit aufli des plantes & des herbages rabo»
gris , lorsqu’ ils ont les mêmes défâuts que les
arbres & les fruits rabougris.
RACINE ; c’ eft dans les plantes la partie inférieure
qui tient à la terre. La racine eft toujours
formée la première dans les femences. Elle pompe
directement les fucs de la terre pour les tranf-
mettre à tout le refte^ de la plante. Le principal
brin des racines fe nomme pivot, p.arce qu’il eft
ordinairement ditigé comme le tronc.
Excepté le lierre, la eufeute, le g u i, les
lichens, qui ont la plupart de leurs racines découvertes
, on ne connoît point de plantes qui
les ait hors de terre. Celles qui rampent, au
lieu de plonger, s’alongent horifontaiement fans
s’éloigner de la furface de la terre.
T u ll, agriculteur anglois, & fon commentateur
Duhamel du Monceau , rangent les racines
des pLuues fous deux claiTes. relativement à la
! direction qu’ elles prennent en terre.
Les unes, dit-il, nommées -pivotantes , s’enfoncent
prefque perpendiculairement dans le
terrain, & les autres , appelées rampantes , s’étendent
fuivant une direction prefque hori-
fontale.
Les racines qui fortent immédiatement de la
femence , font toujours du genre des pivotantes.
Elles pénètrent perpendiculairement dans la terre,
jtifqü’à ce qu’elles trouvent le'fol trop dur ; &
quand h terre facile à percer, ,a du fond, ces
radius pivotantes pénètrent quelquefois à plu-
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fleurs braffes de profondeur, à moins qu’on ne , fe diftribuer dans la terre de la. fuperfleie qui
les co.upe ou qu’on ne les rompe , foit de deflein étoit labouree.
prémédité, foit par accident ;* car alors elles ’! j jaj fajt même obfervation fur une allée
changent de direction. C eft_ une obieivatton é ’ormes qui penfa périr, parce qu’on avoit fait
qu’on a eu occafion de faire bien" des fois , mais ^ tj!ie petite diflance un graid fofle, dans l’ in-
principalemen-t en elevant des plantes dans de . mention d’empêcher - les racines d’endommager
*’eau bien pure. une pièce de terre; mais les ormes jeterent des
Les racines pivotantes pouffent des rameaux j racines dans la terre qui s étoit écoulee dan* le
qui s’étendent horifontaiement ; ces rameaux j fofle ; ces racines remontèrent de 1 autre côte
font d’autant plus vigoureux qu’ils font moins j du fofle pour (è diftribuer dans la terre labou-
orofonds en terre ; de forte que les plus forts f ree, & bientôt les ormes reprirent leur prefe
trouvent à la fuperficie dans cette épaiffeur
dé terre qui eft remuée parla clrarrue.
Ce font là les racines rampantes. Elles s’éloignent
quelquefois affez confidérablement de la
plante qui Jes a produites ; mais alors elles deviennent
fl fines, qu’ elles -échappent à la vue ,
fur-tout quand elles ont pris la couleur de la
terre qui les enyironne , ce qui arrive ordinal
rement.
Une carotte, par exemple , qui ne paroit
avoir qu’une, grofie racine en navet, garnie de
quelques filamens , jette néanmoins , fuivant
T u l l, fes racines à une diftance cônfldérable ;
mais elles font fi déliées qu’ on ne peut les distinguer
de la terre qui les couvre, à moins
qu’on n’y fafle beaucoup d’attention. Il en eft
de même de prefque toutes les plantes. Pour s’ en
convaincre, on peut faire l’expérience fuivante
que cet auteur prôpofe.
Il faut choifir un champ qui n’ ait pas été labouré
depuis long-tems, & y bêcher un efpace
de terre triangulaire A B D C , qui ait vingt
braffes de longueur de A en El, douze pieds de
'largeur de B en G , & que cet efpace fe termine
en pointe du côté- A. Enfuite il faut femer dans .
la longueur AD .vingt graines de ces gros navets ;
qu’ on appelle des rabes, & avoir foin d£? labourer
fréquemment cet efpace de terre. Quand
les navets feront parvenus à leur groffeur , fi
l’on obferve que celui qui eft à la pointe A eft
le plus petit , & que les autres grofliffent toujours
déplus en plus en s’approchant d e E , où
le champ labouré a quatre pieds de largeur, on
pourra conclure que les racines de ces navets fe
feront étendues à deux pieds de diftance; & fi
les navets font à peu près d’une égale groffeur
df puis E jufqu’à D , on aura lieu de croire que
leurs racines ne le feront pas étendues au-delà
de deux pieds.
C ’eft une façon très-commode de connoitre
à quelle diftance une forte de plante peut eten-
dre fes racines dans une terre labourée, qui eft
la plus favorable à leur extenfion. Voici com- ;
ment on s’en eft alluré. En examinant celles
d une haie foffoyée , on a vu qu’après • avoir
paffé par-deffous le foffé, elles remontoient pour
miere vigueur.
J’ ai encore remarqué que fi , à une petite diftance
d’un jeune orme, on faifoit une tranchée,
en la rempliffant de bonne terre , les racines de
cet orme prenoient la - direction de cette tranchée.,
& y devenoient fort longues. $
De plus, quand on a planté des arbres trop
avant en terre, ils languiffent jufqu’à ce que
leurs racines étant remontées vers la fuperficie,
aient atteint l’épaiffeur de terre qui eft remuée
par les labours ; mais fouvent il vaut mieux les
arracher pour les planter plus à D fuperficie.
Toutes ces obfervations prouvent que les racines
s’étendent fort loin , fur-tout quand elles
rencontrent une terre remuée. Cela eft aflez naturel.
Les feuilles font les organes de la tranf-
piration, & les racines, ceux delà fii6lion.de la
feve^Or il eft néceffaire qu’il y air plus de fève
afpirée qu’il ne s’en diflipe par la tranfpiration: ~
Si maintenant on fait attention à l’énorme fur-
face des feuilles, & à la- grande étendue des
organes de la tranfpiration, on fera difpofé à
croire que les racines 3 ou les organes de la faction
fe procurent par leur- grande étendue en
longueur , des furfaces au moins aufli confldér..-
blés que celles des feuilles.
C e raifonnement exige1 une petite reftriétion.
Les feuilles qui trap.fpirent pendant la chaleur,
afpirent U nu.ic l’humidité des plu;es & des r.o-
fées ; & il eft très-bien prouvé que cetre afpira-
tion contribue beaucoup à la nourriture des
plantes. D’ailleurs il n’y a point d’expérience
qui prouve que la tranfpiration & la faction fe
flaffent en raifon des* furfaces; & ii pourroit arriver
qu’un pouce de furface des racines afpire-
roit plus-de fève qu’un pouce de furface des
feuilles ne laifferoit échapper de tianfpiration.
Il eft pourtant Vrai que les racines courent beaucoup
; car de même que les vemes laêlées des
ani-ûalivrant leur ouverture dans les inteftins
pour fucer le chyle, les plantes ont les ouvertures
de leurs vaiffeaux laêtés, ou plutôt de
leurs vaiffeaux à fève a la fuperficie de leurs
racines. Mais les animaux vont chercher leur
nourriture, & ils en rempliffent leur eftomac &
leurs inteftins ; au lieu que les racines font obli»