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Ôn examine suffi les endroits où il faut élever
des brandies de réferve , pour fuppléer à
celles qui ont quelques défauts , que Ton fup-
primera à îa taille fuivante , & qui feront remplacées
par celles de réferve 5 on - taille ces
branches de réferve à un , deux, eu trois boutons
au plus 3 pour qu'elle produife une belle
gourmande.
En taillant 3 on ne touche pointgénéralement
parlant^ aux lambourdes ni aux brindilles, dans
tous les fruits à pépin,
Quelquefois cependant 3 quand l’arbre manque '
de bois dans quelque place 3 on taille à un ou
deux yeux , les lambourdes, & même les brindilles
/'pour les faire pouffer en bois ; ce font j
alors des branches de réferve.
S'il n’y a que des lambourdes furies arbres à
pépin 3 & qu’elles ne fe mettent pas à fruit , on
en taille légèrement quelques-unes à l'extrémité ,
ce qui les rend fruétueufes.
Si l’arbre ne donne point de fru it , & qu'au
contraire , il pouffe beaucoup de faux-bois & de
gourmandes , on pratique d’abord la taille longue
fur un grand nombre de branches , pour
.dompter la fève 3 & l’obliger à travailler en
fruit.
En fécond lieu , on pratique le caffement, qui
eff infaillible pour mettre un arbre à fruit; mais
il faut en ufer avec modération , pour ne pas
ruiner un arbrë tout d’un coup, & il faut le
régler fur fa vigueur.
Le caffement fe fait à la taillé 3 ou bien à
rétourgeonnement, en appuyant le taillant de la
ierpette ou du ferpiilon près des fous-yeux &
de l'empâtement de la branche ou bourgeon ,
eue l’on fait éclater avec le pouce.
On fait airfi éclater les faux-bois , gourmandes
inutiles , 8c quelques -unes des branches chiffonnes
les plus fortes.
En général , les faux - bois ou gourmandes
veulent être taillés longs dans le corps de l’arbre
; îorfqu'on eff obligé d'en laiffer, pour remplacer
quelques branches ruinées / leur taille doit
être d'un pied , dix-huit pouces , & même plus,
fauf à rabattre l ’année fuivante; les gourmandes
fe choififfent fur les branches de réferve qu'on a
ménagées l’année précédente, ou parmi celles qui
ont pouffé dans le cours de l’année.
Il faut Lrffer environ une demi-douzaine de
gourmandes , des mieux nourri-.s , fur chaque arbre
, aux extrémités des mères-branches &" des
membres : on les titille depuis un pied jufqu’à
trois , fuivant la vigueur dé l’arbre ; on rabat!
sont près de cesgcu. mandes, la partie des mères- |
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branches des membres qui font au-delà de la
naiffance des gourmandes.
On taille des crochets , autant qu'on le peut,
fur cette continuation des branches.
Celles des gourmandes ainfi taillées , qui fe
trouvent au haut de l’efpalier , fe p'aliiTent en
les courbant, Jorfque le mur n’a pas affez d’élévation
, ou pour lé mettre à fruit.
Cette courbure eff encore un.moyen de fructification
pour les efpaliers ; elle eff prife des
arbres à haut-vent, fur iefqueh les branches les
plus courbées font les plus fruôtueufes.
.Quand on veut conferyer te.us les boutons à
fruit qui fe trouvent fur une branche , on courbe
cette branche en demi-cercle ou anfe de panier ,
& l'on fixe cette courbure p^r Tôlier , le jonc,
ou autres liens v
A l’égard des branches à bois qui font dans
le corps de l’arbre, il faut les faire fervir de
branches-crochets ; ou fi ces branches ont leur
naiffance à l’extrémité de ces dernières , on .les
taille fuivant la vigueur de l’arbre, à un, deux
ou trois yeux. -
Si ces branches font trop multipliées , on en
abat de deux une, & on les taille alternativement
à un , deux, ou trois yeux.
On abat celles des branches-crochets qui font
ufies , rabougries ou viciées , 8e.qui ne donnent
aucune apparence de porter ou fruit.
Qn recepe toutes les branches chiffonnes , fans
exception, à moins qu’ on en caffs quelqu'un©
des plus fortes, pour mettre l’arbre à fruit,
s’il n’y eff pas fuffifamment.
On abat également toutes les gourmandes &
branches à boisNmitiles , mal placées dont
on ne peut tirerqiuçun parti.
Le coup d’oeil doit influer pour beaucoup fur
toutes ces opérations ; c’eft lui qui d.a.i.t décider
fur le plus ou le moins, fur le bel ordre & l’arrangement
, & il fait éviter la confufion & la
mul.tip icité des branches, fi préjudiciables aux
arbres,
1! fau t, fur-tout, prendre garde à la fituation
des boutons , & taffler fur ceux qui fe trouvent,
de c ô t é , autant qu’il eff poffible , afin que la
pouffe , qui en doit fortir , n’apporte aucune
confufion.
Si l’arbre eff jeune , il faut tailler long, pour
dompter fa fève; s’il eff de moyen âge, on le
taillemédiocrement, fuivant fa vigueur; s’il eff
vieux, fi les pouffes font chétives, ôn le tail'e
très-court ; & , prefqüe par-tout, à un oeil ; on
le taille même alors fur des branches chiffonnes,
à défaut d’autres.
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Règle générale : il ne faut point laiffer trop
de bois fur un arbre , & jamais n’en élever-perpendiculairement
fur la tige , & prendre toujours'
fon bois fur des branches obliques.
Une autre règle , c’eft de nè jamais croifer
les branches : il faut que l’oeil puiffé fuivre ,
depuis la tige , la naiffance de chaque branche ,
fans être arrêté.
Une, autre règle générale--, c’eff. que , plus un
arbre jette de bois,.plus il faut lui en laiffer ,
pour dompter fa fè v e , & l’amufer.
Mais , quand il eff devenu fage, e’eft-à-dire,
quand il ne pouffe pas trop en bois , on taille
médiocrement.
Si un arbre fe porte plus d’un côté que de
l'autre, on taille très-court le côté foi b is , pour
renforcer la fève dans cetts partie; & l’autre,
oh le taille très-long , pour dompter la fève.
En général, on ne fauroit donner trop d’ex-
tenfion à un arbre eh ,'efpaiisr.
Les arbres en contre'- efpaliers fe taillent de
même que ceux en efpaliers, fi ce n’eft qu’on
les taille Sur les deux faces.
Les quenouilles fe taillent, au pour - tour ,
comme un efpalier , & l’on proportionne la taille
à la figure qu’on veut leur donner.
A l’égard des buiffor.s , il faut élever toutes
les branches obliquement ; nulle ne doit être perpendiculaire
ou verticale , mais .toutes , latérales
& obliques, c’eft-à-dirs , de côté.
Pour former un buiffon, après que le jeune
arbre a été planté comme on a d it, on choifit
trois branches de côté , que l ’on taille court, &
au paliffage, on donne aux pouffes de l ’année , la
forme d’un gobelet, en les affuj et cillant d’abord
au moyen d’un petit cerceau.
A la taille fuivante , on fuit cette dire&ion ,
en obfervant dé ne tailler que fur l’oeil du dehors
, & jama's fur celui de dedans , à moins
que la branche ne s’écarte trop; auquel cas ,
pour Ja remettre dans fon rang , il faut tailler
fur le bouton du dedans , ou de côté., fuivant
la direêfon dont cette branche a befoin.
C ’eft une erreur de croire que , pour former
un buiffon , & le couronner, comme on-dit, il
faille tailler également le haut ; ce couronnement
ne paroît qu’à la taille , & difparoît à la poulie..
Il faut , au contraire , tailler long fur les branches
les p'us vigoureufes , & tailler court fur
les fluettes : cette opération fait qu’à la pouffe
& à l ’ebourgeonnement, les branches deviennent
égales ; finon on rabat les branches en niai,
juin -, juillet & août.
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A l’égard des, branches du pourtour, fi quelqu’une
fe jette trop- en dehors à l’ébcurgeonne-
ment, on la coupe près l’écorce , & on ne la
caffe jamais à moitié ., comme font la plupart
des jardiniers, pour rendre le feuillage égal; on
ne caffe que quand on veut mettre à fru it , &
de la façon ci-déffus dite.
Quand les arbres ont pouffé, il nè faut pas
attendre à 1 année- fuivante pour abattre les
petites branches mortes ,- mais le faire le p u-
■ tôt poffible.
De la. taille du. pêcher.
Les règles générales ci-deffus détaillées, ont
aufli leur application pour le pêcher : ce que nous
j allons dire n'eft que des exceptions particulières
à cet arbre.
Quand , par fucceflion de te ms , les branches
du pêcher font trop haut montées , & que le bas
fe dégarnit, on rabat ces branches d’année en
année , & on profite de celles qui pouffent aux
environs, & des gourmandes voifines, pour rapprocher
la taille.
Le pêcher eff celui de tous les arbres fur
lequel on doit le plus ménager des branches
de réferve.
A la taille du pêcher , on caffe les lambourdes
par le bout, fans cependant trop les rogner ; on
ne touche point aux brindilles.
Il fauf bien remarquer d’où naiffent ces brindilles
& ces- lambourdes , parce qu’on doit con-
ferver la branche &r ne point l’abattre, fi elle
eff courte ; fi elle eff longue , ne la taillez que
le moins poffible, finon le fruit avorteroit.
Si le pêcher s’eff trop emporté par le haut,
Tannée précédente , on le rabaiffe, en le taillant,
fur celle des branches qui aura pouffé de l’oeil le
. plus bas , fur la taille précédente.
Si le pêcher , déjà vieux , pouffe de bonnes
branches du bas , on les ménage pour renou-'
veller l’arbre i 8e on les taille long.
Les branches à fruit & les branches-crochets
. doivent être taillées ; les fortes , à cinq ou fix
yeux , & les foibles , depuis un jufqu’à trois.
Obfervez que le pêcher donne du fruit partout
, & non pas feulement fur les lambourdes
&. les brindilles , mais le fruit eff plus beau &
plus -afluré fur celles-ci.
On ne doit tailler le pêcher qu’une feule fois ,
8e ne point pincer & abattre les gourmandes,
lors de leur pouffe ; cela fait avorter les fruits :
il /aut.les laiffer croître, & les paiiffer juf-
qu’en juillet ; alors on les rabat à deux , trois