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Obferv.ations,
£n général , la manière de fe fervir des bêches
eft la même , puifqu’ il s’agit de couper une
tranche de terre , de ,1a foulever, de retourner
le deflus deffous, & fi la terre n’eft pas émiet-,
tée j de la brifer avec le plat de la bêche, après
en avoir groflfiérement féparé les parties par quelques
coups du tranchant.
L’ouvrier , fuivant la compacité du terrain ,
prend plus ou moins d’épaifîeur dans Tes branches
> il;préfente la partie inférieure fur la terre ,
en donnant uh~coup avec ce tranchant > enfuite
mettant le pied fur un des côtés de la partie
fupérieure de la pelle , tenant le manche des
deux mains , il preffe , & des mains & du pied,
& fait entrer la bêche jufqu’à ce que fon pied
touche le fol; la bêche alors eft enfoncée a la
profondeur de douze pouces. Pour y parvenir,
fi la terre eft dure , faj?s déplacer fon murument ,
il le pouffe en avant, le retiré en arrière fuc-
cefïîvement, & cet inftrument agit comme agiroit
lin coin 5 il détache enfin la portion de terre
qu’il veut enlever.
On doit v o ir , par ce détail, l’ avantage réel
des 4e , 5 e & 6e bêches ci-deffus.
La main dont le manche eft armé , fert de point
d’appui aux deus bras de l’homme qui travaille.
Son corps eft porté prefque totalement, fuivant
fa force & fa pefanteur, attendu qu’il ne touche
la teu-è que par le pied oppofé, de forte que
l’inftrument entre plus facilement, puifque l’effort
eft plus grand 5 au contraire , en fe'fervant des
autres bêches , un des points d’appui fe trouve ,
il eft vrai, fur le haut de la pelje , mais l’autre
n’eft pas au Commet du levier, puifque les deux
mains de l’homme font placées, l’une vers le
milieu de la hauteur du manche , & l’ autre près-
de fon extrémité. Quand même l’une des deux
mains feroit placée au Commet, elle n’auroit pas
l’avantage qui réfulte de’ la réunion des deux
mai as de l’homme fur la main, ou manette du
manche des bêches. On ne fauroit affez apprécier
la grande différence occafionnée par cette
fiir.ple addition.
La bêche, dite lichet jimple, a l’avantage d’avoir
un manche plus long , & la grandeur du levier
lui donne beaucoup de force pour foulever la
terre , & plus de terre, avec facilité; mais l’avantage
de la longueur du levier n’équivaut pas à
celui qu’on obtient pour enfoncer la bêche en
te r re , lorfque fon manche eft armé d’une main.
La bêche tuquoîfe n’eft pas enfoncée en terre
prefque perpendiculairement comme les précédentes
s mais très-obliquement, ce qui eft ne-
cfcflité par la longueur de ion manche, & par î
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la hauteur à laquelle eft placé fon hoche-pied.
Avec les autres bêches , on fe contenté de retourner
la terre , mais avec celle-ci, on la jette
à quelques pieds de diftance. On commence par
ouvrir un foffé de la profondeur d’un pied, fur
deux pieds de largeur , à la tête de l’ étendue
du terrain qu'on fepropofe de travailler. La terre
qu’on retire de ce foffé eft tranfportée fur les
endroits les plus bas du champ , ou difféminée
fur le champ même : alors, prenant tranches
par tranches fucceflives, la terre eft jetée dans
le foffé, le remplit infenfiblement, et il en eft
ainfi pour toute la terre du champ. On ne peut
difeonvenir que ce labour ne foit excellent , &
la terre parfaitement ameublie à une profondeur
convenable.
Un autre avantage que les Luquois retirent
de cet infiniment, eft la facilité pour creufer
des foffés , et former des reyêtemens; ils jettent
fans peine la terre à la hauteur de huit pieds,
et forment avec cette terre un rehauffement fur
le bord du foffé, femblable. à un mur. C ’eft
avec cet outil que ces cultivateurs laborieux ont
rendu le fol de la république de Lucjues , un
des plus productifs & des mieux cultivés de
toute l'Italie.
Voici la conftruction.d’une nouvelle bêche , qui
réunit de très-grands avantages, car le jardinier
peut, à l’aide de cet infiniment, faire beaucoup
plus d’ouvrage avec moins de-fatigue, & elle
peut être fur-tout-très-utile , & fouîagër les
vieillards qui , quoique courbés fous les années ,
cultivent la terre avec, plus de courage que de
force.
Un agriculteur inftruit, confidérant le travail
pénible des pauvres malheureux qui bêchent la
terre , fit réflexion' que, dans ce travail, les
bvas font l’office d’un levier dont les reins font
le point d'appui. Dès ce moment, il imagina^ de
tran('porter ce point d’appui dans le manche même
de la bêche, afin d’épargner à l’ouvrier une peine
qu’ d ne peut long-temps foutenir, & dont il
fe reffent toujours, lorfqu’il commence à avancer
en âge;
On confirait un manche de bêche , dont la
partie qui touche au fer , à la longueur de- dix
à douze pouces, doit être équarrie & percée
de trous- à un pouce de diftance les uns des
autres ", afin de pouvoir y ajufter un morceau
de bois léger , comme de faille , de fapin, ou
de tilleul, de la longueur de huit pouces , taillé
en mortoife, qu’ on affujettira avec une petite
clavette de fer 011 de bois, & qui fervira de
fupport : la partis de ce fupport qui touche la
terre doit avoir ttois pouces de large , afin de
ne point s’enfoncer en terre, iorfqu’on viendra
à p efèr fur la bêche.
B Ê c
On fent combien cette bêche évite de 1
lorfqu'on W enfoncée en terre avec le pied , U
ne s'agit plus que de pefer fur le manche de la
W M m le fupport devient,alors le point
d’appui i la WÊ& fe leve Par ce rToyer* ^ f
queTes reins fatiguent tant ; & pat le maniement
ordinaire de la poignée, on jette la terre^dans
la place où on le juge a propos 5 ainfi S e tra .
vaiF eft infiniment plus doux , et on peut le fou-
tenir plus long-temps.
A l'aide des trous qu'on a pratiqués au manche
de la bêche, on approche ou I on éloigne le
fupport du fer de. la bêche , fuivant qu on fent
plus d'aifance , & fuivant la grandeur dé jà per-
P * . *11 „ T?« Co m n r n rm a n t a CCtte
Bêche angloife. Inftrument très-commode pour
fouir les graviers durs , les glaifes fortes ou les
terres -à craies.
On donne feize pouces de long au fer de cet
inftrument, & quatre ou cinq de large avec une
épaiffeur proportionnelle. Le manche doit _en
être très-fort. Voici la maniéré de s en fervir:
commencez par creufer une petite tranchée de
dix ou douze pouces de profondeur , 5c enfoncez
à deux ou trois pieds de-là 1 inftrument dans
la terre avec une hie ou maffue > apres ftuoi •>
deux hommes péferorit fur l'extrémité du manche,
& lèveront la terre julqu’à l’endroit o u i on a
creufé la tranchés. Ce moyen eft puiffant & tres-
expéditif.
BÊCHE de la province de Lincoln en Angleterre.
On fe fert de cette bêche- dans les marais de la
province de Lincoln : fes bords font auffr tran-
chans qu’un couteau , & par conféquent très-
propres pour couper les racines des mauvaifes
herbes , fur-tout dans les endroits où ii n’y aj>as
de pierres. Quelques-unes ont un de leurs cotes
tourné, de façon qu’ en donnant un coup dans
la terre , la tourbe (e trouve coupée comme elle
doit l’être , de forte que , lorfque le terrameft
marécageux & mou, un homme lait autant d ouvrage
en un jour avec cefte bêche , que deux autres
avec une bêche ordinaire.
Bêche du comté d!EJf?x. On fe fert dans le
comté d’Effex , en Angleterre , d une beche ^ dont
le fer eft très-large ; le manche’ eft enchaffé dans
une douille où il y a une elpèce de fer , pour
pofer le pied deflus, & que l ’on tourne du côté
qu’on veut. C ’eft une des meilleurs'dont on puiffé
le fervir pour bêcher Iqs glaifes dures et pefantes ;
mais elle eft trop petite pour les terres légères.
Beche de la province de Hertforden , en Angleterre.
Cette bêche, extrêmement tranchante , a
fon fer qui fe relève en forme de croiffant. On
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s'en fert particuliérement pour détruire les fourmilières.
BELVEDER. C'eft dans l’endroit le plus élevé
d'un jardin, une plate-forme foutenue d'un gla-
çis de gazon , ou revêtue d'un mur de terrafte,
& fouvent ornée d'arbres taillés en berceau ,
d'où l'on peut jouir d'une belle vue , et du fpec-
tacle d'une vafte étendue de la campagne.
BÉQUILLE j inftrument de jardinage ; fon fe r ,
moins large que celui de la ratiftoire, eft îe-
courbéen rond; le manche eft aufti plus court. Cet
inftrument a pris fon nom de ce que jadis au
bout de fon manche, il y avoit un morceau de
bois en travers, pofé comme celui qui forme une
béquille d’infirme ou de,vieillard. Au refte, cette
forme démanché eft plus emburraftante qu utile.
BÉQUILLER , biner , ferfouir, bêchoter, fe dit
dans le jardinage , quand on fait un fort petit
labour avec une roulette, ou une efpece de
béquille , ou avec la ferfouette ou la bêche, dans
des caiffes d’arbriffeaux , ou dans des planches
de légumes ou de fleurs.
Cela fe fait pour ameublir la terre, Jorfqu’eüe
paroît battue , en forte que l’eau de pluie ou
les arrofemens pu.iffent pénétrer jufqu’au fosd
de la motte de terre , ou du moins en-deffous
de la fuperficie , pour fervir de nourriture aux
racines.
BERCEAU. C ’eft dans un jardin un cabinet
ou une efpèee de galerie faite de treillage
garnie de verdure.
On drélle aufti des allées couvertes en forme
de berceaux.
BESOCHE ou PIOCHE. Ces deux inftrumens
de jardinage font à-peu près a même chofe ,
excepté que la befoche eft. camufe & la pioche
eft pointue.
BILLIONS ( Labourer en ). C ’eft laiffer d’un
fillon à l’autre , trois ou même feulement deux
pieds de diftance. Cette pratique eft ufitée pour
les terres les plus fujettes aux inondations. On
! peut la regarder comme une efpèee de labour en
| planches.
Le laboureur ne trace pas le premier fillon
au bord de la pièce > il commence à deux ou
trois pieds au-delà ; puis il en ouvre un autre en
deçà , lequel remplit ce premier fillon. Enfuhe
il tourne en former un troiftème de 1 autre coté
du premier, for lequel il rsnYe.de encore la terre
de ce troifième ; c’ eft ce qui fart le milieu de
la planche : après r u e i, il continue à labourer
en tournant du troifième fillon auprès du fécond 5