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de ce fei produifant, il s’en fera un excellent, fi
creufant en terre une foffe de fix pieds de large,
de quatre de profondeur, & d'une longueur pro-
ortionnée à la quantité de fumier dont on aura
efoin , vous la rempliffez d’une couche de fumier
menu, bien pourri , d’environ i pouces
d’épaiffeur, fur laquelle vous en mettrez une.
autre de pareille hauteur de bonne terre ,, une
autre de marc de vendange , une de fumier de
mouton, une autre de fumier de pigeon & une
autre de vache , y mêlant les tiges 8c les feuilles
des citrouilles , concombres Se melons, même
leurs fruits gâtés & pourris*, continuant à mettre
alternativement une couche fur l’autre , juf-
qu'à ce que la folfe foit reqiplie ; puis ayant jeté
quantité d’eau defius, vous l’acheverez de couvrir
de tèrre, & la laifferez deux ans fe confom-
mer & pourrir, ayant foin d oter des herbes qui
croîtront deffus eh abondance. Il fera bon de
faire la folfe en un lieu frais, ou proche d’un
puits , afin de la pouvoir atrofer pour la faire
pourir plus tô t , 5c empêcher que le fumier ne
le brûle faute d’humidité ;, Se par ce moyen vous
aurez au bout dé deux années un fient gras Se
bien pourri, qui fervira d’un excellent remede
aux arbres malades, & d'un grand fecours aux
plus vigoureux. Il feroit bon d’en faire tous
Ses automnes , afin d'en avoir toujours de bien
cdnfommé 8c pourri7; mais ceux furtout qui aiment
ou qui ont charge des orangers, citronniers
&■ autres plantes rates qui fe mettent dans
des cailfes, Se (qui par conséquent ont befoin
d ’une grande nourriture, n’en doivent pas être
dépourvus , puifqu'ils la trouveront fuffi&mment
dans cette forte de fumier. Que rien ne fe perde
donc , 8c que tout ce qui pourra,être employé
en faits foit recueilli auffi foigneufement que le
mérite l’utilité qu’ils apportent, 8c fpécialement
fes fruits pourris, 8e qui tombent avant d’être
mûrs ; car ils fetvironit aux mêmes arbres,, ou à
d'autres femblables , d'une nourriture propre à
leur nature.
Chaque forte de fient étant féparée, doit être
mife en monceau par . un aftaiffement foigneux ,
oui aidera 8c avancera la pourriture. Le plan de
fa terre où ils. feront amoncelés doit être un peu
concaTe & ferme , afin que' leur jus ne, fe perde
quand il viendra à couler. Pour cet effet , il tje
faut pas■ que les fa its foient mis, en un lieu penchant,
ni delfous les gouttières . des maifonsi,
de peur que l'abondancè ,‘4’eau ne. les lavé St
«’ emporte leur bonté ; celle des pluies fuffif pour
contribuer à leur pourriture. Les fients lés plus,
pourris font les mejlleqrs, pour augmenter la vertu
productive de la terre , 8c s’ il éroit poffible d’at- j
tendre leur perfeétion , on ne devroit les ’T
ployer que la troifieme année," 8c alors ils ne:
produiraient que de bons effets , tous les incon-j
véniens qui fo n t dans, les-fions nouveaux: étant;
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paffëS , comme la puanteur de leiît pourriture ^
qui donne mauvaife odeur & ’mauvais goût , &
leur chaleur exceffîve qui rend la terre intempérie
, tue les plantes , & engendre des animaux
qui les mangent.
Cependant les fients nouveaux ne feront pas
inutiles, les uns ' fervant d’un bon remede aux
arbres , les autres préfervant les plantes de la rigueur
du froid j ceux-ci fai Tan t germer les graines
, ceux-là ehafîant les mauvaifes brouées , 3c
donnant à ,1a terre des fecours très-profitables.
Nous avons déjà dit que les fients à demi-pourris
fervent à préparer & à échauffer les terres
argilleufes trop preflees & trop froides ; & quand
ils font achevés de pourrir , ils leur diftribuent
leurfel&leur vertu. La meilleure faifon pour les
employer eft l’automne} car alors le fient efü diffous
en terre par les pluies qui furviennent} & durant
l’hiver il eft préparé pour la production qui
fe fait au printems, étant bien mêlé par les. labourages.
On le peut auffi employer au printems , -!orf-
qu’on prépare la terre pour les femencos & les
plantes } mais l’été il eft féçhé trop foudainement
par la chaleur véhémente qui empêche fa vertu,
& fa propre chaleur le rend intempéré par celle
de cette faifon» ( Extrait du Traité du Jardi~
nage. )
FILAMENT î c’eft un petit fil long & délié f
tel que les racines menues & alongées que les
fraifiers pouffent fur la çerre-.
FILANDRE, FILANDREUX. Ces termes,
dans les plantes , fe difent de tout ce qui a la
forme d’un fil , ou qui fe tire & s’allonge comme
des fils. Ainfi l’on d it, en parlant de la coups &
de la taille des branches , qu’elles doivent être
nettes & aucunement filandreufes.
FILTRATION ; c’ eft l’aêtion de couler une
liqueur à travers quoi que ce foit, pour la clarifier.
La *ature a établi dans" les plinres une
forte de filtration pour fpiritualifer la fe v e , afin
qu’elle puiffe s’infinuer jufque dans les moindres
plis , ceux même des feuilles. Cette même action
de filtrer appartient à quantité de parties
internes des plantes , mais plus fpécialement aux
feuilles, dont le miniftere eft ; d’épurer & de filtrer
là feve.
FLÉAU } infiniment dont l’ufage eft de battre
le grain. ( Vôye^ planche XVI. ) Il eft com-
pofé de deux bâtons d’inégale longueur,, attachés,
avec des courroies l’ un au boytde l’autre}
le plus long fért de manche. Lès jardiniers emploient
le fléau pour ‘battre les pois, les harico
ts , les lentilles , les fèves de marais. Un bâ-
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>on crochu fuffitpour les autres legumes. {Voye^
Batteur en grange. )
FLÉCHIR. En terme de jardinage on dit
qu’un arbie fléchit, pour fignifiet qu il dépérit.
FLEUR ; partie de la plante qui contient les
organes de la fruâïfication. Elle eft compofée
d’une tige ou queue , d’un vafe ou calice , ainfi
«ue de petites feuilles -qui forment la figure &
qui donnent les couleurs & les odeurs. Toute
fleur eft faite pour devenir fruit ou graine , ou
pour leur fervir de préparation. On appelle
fauffts fleurs celles qui par elles-mêmes ne nouent
jamais. Cependant ces fauffes fleurs contiennent
ce qu’on appelle des'poudres féminales , comme
les chatons d’arbres à b rW
Il y a au,Tl des fleurs qui font ftériles dans certaines
plantes, fur-tout dans celles qui fe multiplient
par la voie des boutures , des rejetons Se
des marcottes.
FLEURAISON ; c’eft le tems où les arbres &
les plantes font en fleurs.
FLUTE; on appelle greffe en flûte celle qui fe
fait par le dépouillement entier de la peau du
fujet qu’on applique fut la branche qu’on veut
greffer; Se à raifon de ce. que cette peau ainfi
dépouillée d’une feule pièce eft rende Se creufe,
en lui a donné le nom de flûte.
Flûte ; ( taille en iee de) cette façon de tailler
les arbres elt commune, quoique les bons jardiniers
la regardent comme- vicieufe.
FOLIOLE ; petite feuille qui accompagne les
grandes. Les folioles font attachées à une queue
commune, Se forment les feuilles compofées.
FONDRE , fe fondre ; on dit dans le jardi-
Bage qu’ une plante fe fond quand elle dépérit’
peu-à-peu & quelle devient a rien.
FONDS ; e’eft le terroir, le fol dans lequel
on élève des plantes , lorfqu’il eft bon & qu’il
-a été bien préparé..
FONGUEUX; ce terme fe dit d’un corps
qui participe de la nature du champignon, &
qui a des parties fpongieufes Se' cellulaires dans
toute fa fubftance. Il s’ applique principalement
au champignon formé fur les chênes, Se de leur
fubftance. Ce font des excroiffances vicieufes d'un
fuc dégénéré qui s’extravafe & qui fè coagule
à l’air. Ces épanchemens de lève n’apparaifienr
que fur des branches Se des arbres caducs, Se
toujours à l’endroit de leur adhérence 1 ecorce de
l’arbre eft defféchée.
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FORCES ; ce font de grands Se forts eifeaux
dont les jardiniers! fe fervent pour tailler les
buis Se paliffades. ( Voye^ C iseaux j
FORT; ( arbre ) c’eft un arbre vigoureux qui
pouffe quantité de belles Se greffes branches.
Une terre forte, eft celle qui eft compacte, argil-
leufe & difficile à cultiver.
Fort des racines \ c’eft l’endroit ou elles font
dans leur groffeur formée. Il faut avoir attention
, quand on plante, de ne point couper le*
racines dans leur fort.
Le fort des branches d’ un arbre eft l’endroit
mitoyen entre ‘ leur groffeur formée, Se celui
où elles commencent à diminuer.
FOSSE à fumier; c’eft un, trou plus ou moins
grand fait dans la terre, ordinairement dans les
baffe-cours, pour plus grande commodité; on
y dépofe. toutes les ordures qui peuvent faire
du fumier, on y jette les légumes montés, les
mauvaifes herbes, les fleurs fanées, qui s’y cbn-
fomment Se forment un très-bon terreau pour
l’année fuivante. Ces foffes font néceffaires,
Se d’un grand ufage dans l’exploitation des
terres.
F osses ; on appelle ainfi les trous que creufent
les vignerons pour y provigner la vigne.
FOUET-RÊNES ou Fo u e t - guide pour la
1 charrue. ( Koye^ C harrue de No r fo lk ).
t FOUCUE; c’eft la force & la vigueu» qu’on
remarque dans la pouffe de certains arbres. Le
moyen d’arrêter cette fougue, q :i pourroit être
huifible, c’eft de biffer travailler ces arbres
fans les tailler pendant un an. .Mais c’eft agir
contre nature que de vouloir réprimer leur fougue,
comme il n'eft que trop fouvent pratiqué , foit
en coupant les greffes racines , foit en faifant
un trou de tarière dans leur tronc , Se y chaf-
fant à force une cheville. Il y a même des jardiniers
qui, non contens de tourmenter ces arbres
fougueux dans le fein de la terre , les récèpept
pour leur faire pouffer de nouveau bois ; ce qui
tourmente ces arbres en pure perte, 8c fouvent
les fait dépérir.
FOUILLE ; ouverture faite en ter re, foit
pour une plantatioB d'arbres, foit pour un foffé ,
un canal, un mur, &c.
FOURCHE ; morceau de bois pointu par le
bas pour s’ enfoncer en ter re, Se garni par le
. haut de deux branches en forme d'un V , qui
fervent de fupport aux branches des arbres en
plein vent trop chargés de fruits.