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ou gaulertes avec de bons ofiers , 8e on conduit f
la vigne obliquement fur ces gaulettes ; on dre {Te
des efpèces de contre - efpaliers , de façon que
le midi donne en plein entre deux , ce qui ne
peut fe faire qu’après avoir planté dans cette,
direction.
.Les anciennes vignes peuvent s’arranger & fe
dreffer fur ce plan; au mois de novembre, pour
les ceps ; en m arsp our les échalas , en laiflant
néanmoins une diftance moindre que ci-deflus
entre les ceps.
Comme il faut fouvent renouveller les vignes ,
on peut , fur le plan que L’on vient de donner ,
faire des trous entre les vieux ceps , & planter
de la manière ci-deflus ; & alors 3 pendant que '
les jeunes ceps croîtront , les vieux donneront
toujours du fruit 3 & enfuite on les arrachera.
Cette forêt de meres - vignes 3 qu’on couche
8c qu’on propage fous terre 3 8c fouvent
prefque à la fuperficie , prend tous les fucs
de la terre & s’en nourrit ; il n’en refte plus
que les < moins bons pour les ceps & pour les
raiiîns 3 &c.
Cette façon de dreffer la vigne n’eft point nouvelle
: depuis long-tems elle eft en ufage dans le
pays d’Auxerre , Tonnerre 3 Coulanges - la - vi-
neufe , & dans tout le pays dit la petite Bourgogne
qui , dans fon étendues-produit plus de
vin 3 proportion gardée 3 qu’aucun autre pays
de la France 3 8ç dont le vin eft très-eftimé.
Les meilleurs engrais pour la vigne font les
^terres, les. gazons pourris, la vafe ou le fond
des marres , les boues des villes , les terres nouvelles
> mais le fumier n’y doit entrer que bien
confommé , & mêlé avec de la terre franche ,
ou bien , enterré profondément.
Il fau t, en taillant, avoir égard à l’embonpoint
de la vigne, ne point tailler de bonne heure
dans les climats où les gelées font à craindre ,
jamais avant la fin de février jufqu’au commencement
d’avril. La vigne taillée avant ce tejns ,
périt tôt ou tard.
Peu ou prefque point de provins, li ce n’eft
dans la jeunefle d’une vigne, car , provigner des
ceps ufés & viciés , que peut*on efpérer ? Il vaut
donc beaucoup mieux avoir en réfeivé une pépinière
de replant.
Cette pépinière de replant fe fait dans quelque
coin vide au bas de la vigne, & par-tout
où l’ on veut. On fait une jauge entre deux , à
trois pieds de large, de dix-huit à vingt-quatre
pouces Ae profondeur, fur chaque côté de laquelle
€>n couche des boutures ou retranches d’une
belle venue, à dix-huit lignes ou deux pouces
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de diftance , que Ton recouvre enfuîte de bonne
terre : on tâche que ces boutures aient dans le
bas du bois de deux ans , comme on l’a dit ci-
dejEfus : on leur donne le plus d’ étendue poflîble
dans cette jauge ; on en recourbe les deux bouts,
avec cette différence qu’on n’en laifle. fortir de
terre qu’un de chaque côté.
Suivant la nature & la vigueur de la vigne ,
on taille depuis un oeil jufqu’à quatre dans une
vigne élevée en contre-efpaliers, on laifle cinq
ou fîx courfons ou brochettes , que l ’on taille à
plus ou moins d’yeux , fnivant la vigueur de ces
courfons ; s’ils étoient tous également vigoureux,
il faudroit néanmoins les tailler alternativement,
l ’un court, l’autre plus long, pour ne pas ruiner
la vigne ; c’eft ainfi, fur-tout, que l ’on taille les
treilles.
On ne taille jamais près du bouton, pour que.
la fè v e , qui vient enfuite abondamment, ne
noyé point le bouton; c^eft donc à l’oppofition,
derrière celui où la taille doit fe faire , environ,
un pouce au-deffus.
Il feroît mieux d’ébourgeonner avec la fèr-
pette, que de caffer, comme on fait , avec la
main : on ne doit fe fervir de la main que pour
jetter bas les entr,e-feuilles.
Le premier labour que l’on donne à la vigne ne
doit pas être fi profond que le fécond : dans l’un
& l’autre, il faut que la bêche plané * c’eft-à-
dire, foit un peu couchée en bêchant autour du
pied ; il faut enfuite biner ou ratifier profondément
, pour troifième culture : on fe fert dans
bien des endroits d’ une fimple ratifîoire pour cet
effet, mais elle ne fait qu’un peu retourner la
fimple fuperficie de la terre; là houe ou houette ,
à bec allongé, mordvoit plus dans la terre , 8c
vaudroit beaucoup mieux.
Pour le labourage ordinaire, la fourche plate „
eft préférable à la bêche.
Un bon cultivateur donne une quatrième culture
en faifant ratifier fes vignes , pour détruire
les herbes au commencement de la maturité du
raifin.
Mais fi l’année a. été fort fèche, on.né doit
point faire ce labourage j & fur-tout dans les
terrés légères.
Le premier labour fe donne après la taille ; le
fécond, après l’ébourgeonnerrient, avant que le
raifin foit en fleur ; le troifième , quand le verjus
eft bien formé ; le quatrième, quand le raifin
commence à mûrir. ( Ÿ~9yt\ les planches XIX
& X X .)
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VIGNOBLE ; pays dont une partie confidé-
rable des terres eft occupée en vigne$ propres
à faire du vin.
VIN ; c’eft une liqueur qu’on a exprimée des
raifins, & qu'on a laifle fermenter pour la rendre
propre à boire. Avant querce fuc tiré par ex-
preflion ait fermenté*, il eft d’un goût doux &
agréable ; c’eft ce qu’ on appelle communément
du moût.
On diftingue plufieurs fortes de vins. Leur
différence vie nt ou des diverfes efpèces dé raifins;
ou de leurs couleurs , odeurs & faveurs; ou enfin
des différens degrés de fermentation qu’on a
donnés au moût.
Pour faire un .excellent v in , on doit choifîr
les meilleurs raifins , c’eft-à-dire , ceux qui font
d’une bonne qualité , bien mûrs & fans pourri.
On égraine les grappes , ce qui eft très-facile en
fe fervanc d’une fourche de bois '3 longue de trois
pieds eu environ , qui ait à l’extrémité d’en bas
cinq ou fix fourchons dîfpofés en rond & non
fur une même ligne , long de chacun d’environ
nn demi pied.
D’autres emploient des fourches de bois qui
n’ont que trois dents.
On met une bonne panerée de raifin dans une
tine ou petite cuve; 8c avec cette fourche dont ,
le bout du manche, eft appuyé fous le bras, on
.remue les raifins, en les tournant, jufqu’à ce que :
Jes grains foient féparés de la grappe ; qu’ on ra-
mafle 8c jette à mefure dans un autre vaifieau
pour retirer le jus qui en dégouttera ; ou bien
pour y jetter de l ’eau , & faire pafler 'enfuite
cette eâu fur le marc pour en faire une boifibn
commune: On continue d’égrainer de la même
manière autant.de raifins qu’ il en faut pour la
pièfee qu’on veut remplir ; enfuite on. foule ce
grain féparé de la grappe, & on le jette à mefure
dans la cuve.
La cuve étant pleine , deux hommes , avec
chacun un rabot ( inftrument femblable à ceux
dont on fe fert pour éteindre la chaux vive ) ,
remuent- & agitent continuellement ce marc ,
jufqu’à ce qu’on tire le moût. Dans les années
chaudes, 8c quand la vendange fe fait par un
beau teins, vingt - quatre heures fuffifent pour
faire le vin : mais quand la vendange 'eft plu-
vieufe, il faut au moins deux ou trois jours.
Pour tirer le moût de la cuve on y enfonce
lin mannequin , au travers duquel il pafle féparé
du marc ; & le puifant ainfi, on l’entonne dans
la futaille qu’on a toute prête. Le vin qui refte
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au fond de la cuve , & qu’on eft obligé de tirer
par la canelle , n’eft pas fi bon que le premier.
VIS ; pièce de bois ronde & cannelée en ligne
fpirale. On s’en fert avec beaucoup de fuccès
pour encaifî'er & décaifier les orangers.
Deux tréteaux de quatre pieds ont chacun une
vis perpendiculaire qui entre dans un écrou cannelé
d’elle-même. Ces vis font furmontées de
crochets de fer qui reçoivent deux boulons de
huit pieds de long. On place entre les tréteaux
la caifle de l’oranger, dont on attache la tige à
ces boulons garnis de chiffons pour ne pas endommager
l’arbre. Lorfque la caifle eft ouverte , 8c que la motte eft un peu dégagée de terre ,
deux hommes paflent des barres de fer dans les
trous des vis 8c les font tourner en montant ;
l’arbre s’élève avec e lle , on taille fa.motte , on
remplit la caifle de terre neuve, & on y defeend
l’arbre avec la même facilité par un mouvement
contraire. Cette machine eft de l’invention du
célèbre mécanicien Laurent.
VIVACE . ( plante) On nomme ainfi les plantes
qui portent des fleurs plufieurs années de fuite
fur les mêmes tiges fans être tranfplantées.
Il y a des plantes qui font toujours vertes,
comme le giroflier, le violier ; d’autres qui perdent
leurs fêuïlles l’hiver, comme la fougère. On
diftingue les plantes vivaces de celles qui meurent
apjrès avoir donné de la femencé. Quelques plantes
‘'fie .font vivaces que par leurs racines. Le chêne
& l’oranger paflent parmi nous pour les plantes
les plus vivaces.
VIVE JAUGE ; fe dit de l’a'&ion de fumer ,
quand au lieu de ne mettre qu’une fuperficie de
fumier fur la terre, on fait des tranchées où l’ on
fait entrer une bonne épaiffeur de fumier. C ’eft
ainfi qu’on fum^ les arbres en les dégorgeant &
mettant au pourtour du fumier qu’ on laifle tout
l’hiver, & qu’on enfouit au printems. C ’eft de
la forte que les vignerons fument leurs fofles, 8c que les maraîchers fument leurs planches d’af-
perges.
VOLANT ; c’ eft un outil avec un long manche
de bois , armé d’un fer coupant, & courbé
en forme de croiflant de la lune. Il eft deftiné
à tailler les charmilles & autres paliflades. ( Voye%
C r o is s a n t . )
VORACES. ( plantes) On entend par ce mot
les plantes qui épuifent les autres plantes & qui
effritent la terre. Tels font le chiendent, le chou
& les autres végétaux qui confument beaucoup.