
* 3 4 s L A B
Si on vouloit labourer les terres de Beau ce
avec les charrues fans courre & fans roues qu’on
emploie dans les terres extrêmement légères ,
à peine égrarigneroit-on la terre. De même > fi
Oft vouloir labourer des terres très-forces & ar-
gfilleufes avec les petites charrues qu’on emploie
en Beau ce , on ne feroit qu’ un labour fuperficiel
qui ne vaudrôit rien. Audi les laboureurs de
Beauce ont-ils des charrues à verfoir pour défricher
les Tain-foins, les îufernfs, &r pour labourer
les chemins où la terre eft quelquefois fi
dure que les charrues à oreille romproient plutôt
que de l’ouvrir.
A l’égard des terres fortes qui ont bien du
fond , il faut les labourer le plus profondément
qu’il eft pofiible , & pour ce là il faut de fortes
charrues qui aient de la largeur ; car fi elles font
étroites, comme il faut ouvrir la raie tout auprès
des filions qu’on 'vient de former , & comme la;
terre réfifte beaucoup, la charrue retombçroit
dans le fillon ; au lieu que quand la charrue eft;
large, elle entame la terre à une plus grande
diftance du fillon, & elle l’ouvre fans tomber
dans le fillon précédemment formé.
L’objet au’on fe propofe en labourant les
terres , eft de détruire les mauvaifes herbes, 6c
de brifer la terre de façon qu’elle foit réduite en
petites molécules. La bêche eft bien propre à
remplir ces vues, parce qu’en retournant la
terre , l’herbe fe trouve recouverte de beaucoup
de terre, où elle pourrit : d’ailleurs elle remue
la terre à huit ou dix pouces de profondeur.
Mais cette opération eft longue, pénible &
coûteufe, dè forte qu’on ne peu: en faire ufage
que dans les jardins.
La charrue eft beaucoup plus expéditive ;
mais communément elle ne remue pas la terre à
line aufii grande profondeur , & fouvent elle la
renverfe tout d’une pièce fans brifer les mottes ;
car le coutre coupe le gazon, le foc qui fuit
l’ouvre , & le verfoir ou l’oreille le renverfe
tout d’une pièce fur le côté. L’agriculteur anglois
s’eft attaché à perfeélionner ce labour,
& pour cela il a imaginé une charrue qui porte
en avant quatre courtes au lieu d’un. Ces cou-
tr&s font placés de façon qu’ ils coupent la terre,
qui doit être ouverte par-le fo c , eh, bande de
deux pouces de largeur 5 ce qui fait que le foc; j
ouvrant un fillon de fept à huit poucés de . largeur
, le verfoir renverfe une terre bien divifèe'
qui ne forme plus de grolfes mottes plates ,
comme le font les charrues ordinaires. Il arrive
de-là que quand on vient à donner un fécond
labour, la charrue ne trouve à remuer que de la
terre meuble au lieu de rencontrer des moires >
ou même des gazons qui ayant pris racine depuis
lq dernier labour, font aufti difficiles- à- di-'
L À B
vifer que fi la terre n’ayoit jamais été la*
bourée.
D’ailleurs, Tull prétend qu’avec fa nouvelle
charrue il peut remuer la terre à dix , douze, &
quatorze pouces de profondeur; & comme par
cette charrue on fait de profonds filions & des
billons fort élevés, la terre eft bien plus en état
de profiter des influences de l’air._
Quand on veut mettre en façon une friche ou
un champ qui n’a point été labouré depuis long-
tems, il faut que la terre foit très-humide , fur-
tout fi elle eft forte , car fans cela elle feroit fi
dure que les coutres ne pourroient la couper, ni
le foc la renverfer. Mais quand les terres font eu
.façon, il faut éviter de les la b o u -cr loffqu’ellës
font fort humides ; car alors le trépignement des
chevaux & le foc même corroyent 8c agîütinent
les terres fortes, à peu près comme le font les
potiers lorfqu’ils préparent leur terre pour eh
faire des vafes,, 8c ainû l’on gâte la terre au lieu
de l’améliorer.
Cependant la charrue à quatre coutres la corroyé
moins que la charrue ordinaire ; parce que
le foc de celle-ci la détache par une préffion ,
au lieu que les coutres de l ’autre l’ayant coupée
en plulieurs pièces fort petites , "le foc la renverfe
fans prefque la pétrir. D’ailleurs, comme'
la charrue à quatre coutres entre dans la terre
jufqu’ à la profondeur de douze ou quatorze
pouces , elle y trouve la terre affez fèche, lors
même que celle du defïus eft très détrempée.
Tull recommande qu’ on mette tous les chevaux
les uns devant les autres quand on laboure
une terre molle, afin que marchant tous dans
le fillon, ils ne pétrifient pas tant la terre.
Si la terre eft en bonne façon, l’on peut la
labourer parle fec > mais letêms le plus avantageux
eft •lorfqu’elle eft un peu pénétrée d’eau,
fur - tout pour la nouvelle charrue qui aüroit
peine à piquer bien avant fila terre étoit fort
fèche.
Il eft vrai que comme cette charrue pique bien
avant & qu’elle remue beaucoup de terre , il
faudra employer plus de force pour la tirer 5
ainfi il fera néceflaîre de meure trois chevaux
au lieu de deux, & quatre au lieu de trois.
Mais on fera bien dédommagé de -cette augmentation
de dépenf« par la perfçdtioh qu’on donnera
au labour.
La charrue à quatre focs ne fert que pour lés
principaux labours, pour défricher les terres,
ou pour mettre en bonne façon Gel’es qui n’ont
point été labourées, ou qui l’ont été mal depuis
fong-tems. Elle eft encore très-propre à
faire -dés labours d’hiver , 5c Ton peut s’enferVir
de t-ems en te ms pour former - de .grands filions
L A M
dans le milieu des plates-bandes entre les ran-
gées de bled.
Mais l’agriculteur anglois ne prétend pas qu’on
donné tous les labours avec cette charrue. 11 ne
bannit point la charrue ordinaire ; il en approuve
même l'ufage pour les labours d’été : il recommande
aufii i’ufage d’ une autre efpèce de charrue
à un coutre qui n’a point de jo u e s , & qui eft
plus légère que la charrue commune. Il la nomme
la houe a ch evaux y parce que cet inftrument doit
faire un labour affez femblable à celui qu’on
fait , à bras d’homme : nous la nommerons h
charrue légère. C ’eft principalement avec cette
houe qu’il laboure les plates-bandes, ou qu’il
cultive les plantes pendant qu’elles font en
terre.
Pour bien exécuter ces labours, il faut que la
charrue foit légère •& maniable , qu’elle puiffe
approcher aufii près qu’ on veut des plantes, 8c
qu’ on foit maître de faire prendre au foc une
autre dire&ion que celle des chevaux. G ’eft pour
remplir ces intentions que Tull a fupprime les
roues ; & effectivement on fait qu’en Provence
les laboureurs font aller leurs charrues qui n’ont
point non plus de roues , fous les oliviers,
quoiqu’ ils foitent trop bas pour que les chevaux
puiffent paffer deffous.
Mais ces charrues de Provence ne font qu’égratigner
la terre , au lieu que l’ intention de
l ’agriculteur anglois eft que fa charrue la laboure.
C ’eft pourquoi il Ta artiftement cônftruite
de. façon que quand le cheval marche fuivant la
ligne A B ( PI. I I , fig. 20 ) , le coutre fuive une
ligne parallèle , mais-plus ou moins éloignée de
A B , telle que C D , EF , ou G H , IK. ( V o y e%
ANIMAUX p ropr es au la b o u r .')
LABYRINTHE ;bofquet formé d’allées étroites
qui fe croifent fi artiftement> que, lorfqu’on y
eft engagé, on trefuve difficilement la route unique
pour en fortir.
LAITERIE ; c’eft, dans la campagne, un lieu
à rez-de-chaufiëe , où Ton ferre le lait & tout
ce , qui fert au laitage, & où Ton fait le fromage
& le beurre. X 'Voye^ pl. XXXII & fon
explication , & quant au plan, pl. XXXIX ,
4 ) .
LAMBOURDE; on entend parce mot, dans-
le jardinage, une branche longuette de la grof-
feur d’un féru, plus commune fur les arbres de
fruit à pépin que. fur ceux à noyau. Elle eft placée
fur les côtés comme un dard , & a des veux
plus gros 8«: plus ferrés que ceux des branches ;
a bois. Les boutons à fruits naiffent fur les lambourdes.
LEP iJ5
r , LANDE ; on donne ce nom à une grande
! étendue de terre uniquement couverte de bruyères,
[ de genets, de brouffailles.
LARDER; en terme de jardinage, c’eft fourrer
avec la main du crottin chanci dans l ’intérieur
d’une couche à champignons, à travers l’enduit
de terreau ; en forte que toute la couche en
foit. garnie ; on rebouche les trous à mefure,
afin que l ’air n’y entre pas.
LATÉRALES ; branches. On donne ce nom
aux branches 8c aux bourgeons qui, au lieu de
pouffer droit en montant, croifîent & s’étendent
fur les côtés.
. LAVURE ; eau qui a ferVi à lav-er la vaif-
felle. Cette eau eft très-convenable à la végétation,
& c’eft un des meilleurs engrais quand
on Ta lai fie fermenter. Cependant il faut être
d’autant plus circonfpeôl dans l’ ufage qu’on fait
de cette eau, qu’ elle eft , comme l ’on fait, brûlante
, à raifon des fels & des fucs qu’elle contient.
J’ai vu ,. dit Schabol, un figuier placé dans
une encoignure d’une cour expofée au levant
& au midi. Il pouvoit alors avoir deux pouces
& demi de tour. En moins de fix ans , cet arbre
s’éleva à la hauteur du toit de la mai fon , Sc
grofîit de quatre pouces. Ses fruits étaient auffi
excellens que nombreux. Ses racines avoi.ent percé
les joints des pierres des fondations & s’éten-
doient à trente pieds fous le pavé de la cuifine,
plus bas de deux pieds que celui de la cour.
En les fuivant , on s’apperçut qu’elles remplif-
foient le puifard deftiné à en recevoir les eaux.
Cette pouffe prompte Se extraordinaire doit moins
s’ attribuer à la pofition du figuier le long d’ un
mur, qu’à l’ eau du puifard où fes racines s’éten-
doient.
LÉGUMES,; on donne ce nom aux petits fruits
verds qui viennent dans des gouffes, comme pois,
fèves-î on le donne auffi à toutes fortes d’herbes *
plantes Sc racines cultivées dans le potager, 8c
bonnes à manger.
Le jardinier légum ier y légumifte , ou niara’-
cher, eft celui qui fe confacre uniquement à
cultiver les légumes.
LEPRE ; maladie de! arb'es , qu’on nomme
aufii le meunier ou le b la n c . Elle attaque principalement
le pêcher. Elle fe manjfcfte par une
efpèce de duvet blanchâtre qui enveloppe les
feuilles du bourgeon en juin ou juillet. Il faut
enlever le bourgeon couvert de lèpre, fi non l’effet
feroit mortel 8c contagieux pour les autres bourgeons
: on arrête ces bourgeons à trois ou quatre