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la co upera. Ainfi faucher le bled ne parot? avantageiix
qu’auprès 1des capitales ou 1a pailiie fe vend
cher . 8c où on achète des fumiers. Dans des
provîinces où l’on eft dans I’üfajge des feier le'
bled , le fermier fait ràmalfer le chaume après
la ré coite , pour en faire de la li ciè£e & le ré-
Iduire: en fumier ; c’eft une dépenfe qu on ne fera
pas II on fauche, parce que la faux coupe pref-.
que à ras de terre. D'un autre côté , cette dé- i
penfe de ramafter le chaume eft fi petite , comme '
de 36 fous par acre , que cette épargne ne mérite
pas de faire courir au bled le rilque d'être
mouillé.
D ’ailleurs , il y a une grande différence d’être
obligé de faire entrer le tout dans le temps de
la récolte , où les ouvrages preflent, ou bien ;
de ramifier le chaume quand on a du loifir. Plus |
les gerbes feront longues , plus il faudra de
temps & de bras pour les voiturer, de place
pour les ferrer ; ce n’eft pas être économe que j
de multiplier le travail dans un moment où les !
ouvriers font plus chers , 8c où il y a plus d'ouvrage
urgent que dans tout autre temps.
FAUCHET ; c'eft le nom que les fermiers
donnent au rateau , qu'ils promènent dans un
champ pour ramafler le foin.
y Ce rateau a fes deux côtés garnis de dents
de bois.
FAUCILLE 5 inftrument dont on fe fert pour
feier le bled & couper l’herbe. ( Voyeç pl. X X IV ,
fig. 27. ) La faucille confifte en une lame d'acier
finement dentelée âc courbée en demi cercle.
Cet outil eft emmanché dans une poignée de
bois y ainfi avec la faucille l'on coupe d’une main
l'herbe , les bleds , Sec. que Ton tient à poignée
de l'autre main.
Dans quelques cantons, comme en Provence, '
la faucille n’a point de dents, mais un tranchant-
bien affilé.
FAUX j inftrument dont on fe fert pour faucher
le froment * le feigje , l'orge, l'avoine, les
prés 5c les gazons. Il eft compofé d'une grande
lame d'acier* large d’environ trois doigts, courbée
3c emmanchée au bout d’un long bâton.
{ Voyc^ pl. X V , Sc pl. XXIV , fig. 16. ) Dans la
faux fimple , il y a une manette fixe , ou une ef-
pèce d'arrêt en bois placé à l'extrémité du
manche , 8c qui eft empoigné par la main gauche
de V ouvrier.
On fait auffi dans quelques cantons des faux
avec une manette courante qui s'abaiffe ou s'élève
fuivant la longueur des bras du faucheur.
La faux compofée , a au-deflus de la lame de
l#ng5 doigts pu baguettes qui font arrêtés fur
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un montant de bois 8c retenus par des vis dan#
ia même direction que la faux. Il y a des pays
o ù , au lieu de ces playons en bois, on fe fert
de petites tringles de f-r de la groffeur d’une
plume à écrire. Le montant auquel ces playons
font adaptés eft également de f e r , ainfi que la
pièce qui part du manche de la faux & eh fou-
tienc toutes les différentes parties.
L’acier de la faux a une trempe bien plus douce
que celle des coignées, des couteaux, des ra-
foirs , parce qu’ayan à abattre une grande quantité
d'herbe ou d’épis, il eft impollible que fort
taillant ne s'émouffe fréquemment dans un jour,
de quelque manière qu’il foit trempé. Si la trempe
étoit dure , on ne finiroit pas de la rapporter
au taillandier j mais en biffant à l'acier afiez de
corps 8c de foupleffe pour qu’il puiffe être applati
par le marteau lans fe cafter,, on met le faucheur
ea état de faire l’office de taillandier. Ainfi dès
que le tranchant eft trop gros 8c trop moufle ,
il pofe fa faux fur une petite enclume , qu'il
porte toujours avec lu i , 8c le rabat à petits
coups de marteau ; après q»„oi il fuffit de repafler
le tranchant avec une pierre oui eft à peu près
de la grandeur d’une pierre à rr.foir , mais dont
le grain eft plus gros.
Au moyen de la trempe douce la lime peut
mordre fur le tranchant de la faux , 8c ce tranchant
n’eft pas des plus vifs j mais la grandeur
de la maffe dont il fait partie , la longueur du
manche auquel U tient, 8c la vîtefie avec laquelle
la faux eft pouflee , fuppléent au défaut de l'extrême
dureté.
Quelques taillandiers compofent la trempe de
cet inftrument avec la plupart des minéraux , &
même des préparations de minéraux , outre grand
nombre de plantes d’efpèces différentes 8c fur-
tout de celles qui ont l’odeur forte. Réaumur
regarde comme inutiles beaucoup de çes ingré-
diens, quelques-uns même comme nuifibles. Il
obferve que le fond fe réduit à tremper la faux
dans du fuif ou dans des matières équivalentes 5
8c il penfe qu’en la trempant dans l’eau bouillante
ou chauffée .à un certain point, l’on pour-
roit donner au taillant le degre de dureté & de
foupleffe qui lui convient.
Comme il eft difficile dans fcs faux que le
trempe foit parfaitement égale , il ete très-rare
d’en trouver de bonnes. C'eft cependant de leur
bonté que dépend la facilité de l’ouvrier dans
le travail, 8c l’art de faucher parfaitement &C
de ne point biffer d’herbe qui ne foit coupée.
On pourroit avec un peu d’habitude apprendre
à diftinguer les bonnes faux j en y paftânt U
pierre à aiguifer, on fent fi elle mord également
par-tout , ou bien avec une petite'lime on en
eflaie le degré de dureté. Lorsqu'on la choifit la
plus
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plus égaleportlble, te du degré de trempe requis,
on remarque les endroits où U faux eft la plus
tendre ; & lorfqu'on la bat dans ces endroits-là ,
on humefte le marteau ainfi que la petite enclume
j dans les endroits au contraire où elle eft
la plus dure , on la bat à froid : ce battement
occaiionnant de la chaleur détruit un peu la
trempe,, & rend la faux plus égale dans.fgs parties.
lin point des plus eflentiels eft que l'ouvrier
paflfe fa pierre à aiguifer fur îa faux toujours
dans le même fens, parce qu’elle y forme dès
efpèces de petites dents qui fe trouvent alors
toutes inclinées du même côté : au lieu que û
on la paffe tantôt dans un fens, tantôt dans un
autre, les dents font inclinées en divers fen s ,
Se la faux ne coupe pas fi bien. Il eft d’autant
plus avantageux de fe fervir de bonne faux dans
les prairies où l’herbe eft fine , qu'il eh »fuite
quelquefois plus d'un écu de profit par arpent.
M o y e n de p er fec tion n er les faux & fa u c i ll e s . .
Lès payfans de.Siléfie fe plaignaient depuis
long-temps dë ne pouvoir fe procurer des f a u x
te des faucilles qui fuffent tout à ia fois légères,
tranchantes & durables. Cependant on employoic :
les meilleures matières pour ces inftrumens , &
ces matières étoient travaillées avec foin ; mais
des expériences réitérées ont fait voir que la
perfedtion de cës uftenfîles dépend de la proportion
entre le fer Se l’acier dont on lès forge ,
de leur parfait amalgamage , & du degré moyen
de dureté de cette compofition. Les papiers
Oublies de Breflaw ont en conféquence répandu
inftruétion fuivante :
Il faut tâcher de lier le fer Se l’ acier de façon
qu'il n’ y ait entre eux aucune réparation ; lorf-^
qu'on les forge , il faut réduire la maffe en lingot'
rond. En faifant fouvent paffer ce lingot par le
feu , la maffe s'épure , & fes parties font plus
prêtes d’obéir Se de s’unir. Avec le microfcope
tous les inftrumens tranchans font de vraies feies ;
les pierres même avec lefquelles ont les aiguife ,
quelque fines qu’ elles foient, les dentelent. On
fait que le fer Se même l’acier 'on des veines ,
c’eft-à-dire , des fils détachés qui régnent dans
la longueur de la maffe. C ’eft à jeter ces veines
du dos fur le tranchant des inftrumens qu’il faut
travailler de façon qu’ elles aillent former les dents
imperceptibles de la faucille ou de laffaux. Par
ce moyen ce qui auroit rendu l’outil cajffant , lui
donne de la felidité en contenant les parties qu’il
divifoit. Pour cela la matière étant préparée,
comme .n l ’a dit, on met la barre ronde au feu ,
on la laiffe à peu près rougir , on l’affujettit en-
fuite à un étau , on la tourne à droite Se à
gauche ; & tant qu’elle conferve de la foupleffe,
on travaille à rejetter les veines vers le tranchant.
Les îr.ftrumèns font d’autant plus parfaits que leur
asrt aratoire.
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tranchant approche plus de la feie dont les dents
fortent comme à travers de ia lame : ils ont la
dureté convenable. Les faucilles 8c les faux travaillées
fuivant ce procédé ont été trouvées fort
fupérieures aux autres.
La faux brabançonne , outil compofé d*un crochet
8c d'une lame afiez large dont la pointe eft
relevée , le tout eft adapté à un manche un peu
courbe & court.
La faux hollandoife eft pareillement compofée
d’une lame large dont la pointe eft Caillante ,
avec un manche courbe dont l ’extrémité fe ter*«
mine en boule.
Faux L orraine , owkache-pàille ; inftrument
d'agriculture*
Il y a "différens ufages pour la nourriture de*
beftiaux dans les étables. Le plus dangereux de
t«us eft de ne pas hacher le fourrage 8c de le
donner fans même féparer la paille du grain ,
comme cela arrive dans quelques campagnes trop
éloignées de l'oeil des propriétaires. Parmi ceux
qui font dans l'ufage de hacher la paille 8c le
fo in , il y en a qui fe fervent de différens procédés!
Le plus ordinaire eft l’emploi d'une faux à
deux pointes en fotme de demi cercle , attaché«
à un banç fur lequel eft aflis l'ouvrier.
La faux appellée gramola eft cependant beaucoup
plus utile 1 elle eft compofee de trois ou
quatre morceaux de fer dentelés, ou petites faux
attachées fur un pivot par autant de demi-cercles
fixes & pareillement de fe r , qui les traverfent ,
8c qui font fortement ferrés à. un manche de bois.
Le tout eft afiemblé fur une table adhérente à
la muraille $ le feul manche fe mène 8c fait agir
en même-temps les petites faux fur le fourrage
placé au-defious d'elles. Les avantages de cette
machine font, i°. d’épargner le tempsj 2®. d'avoir
du fourrage 8c furtout de la paille plus écrafée ,
plus menue, 8c par conféquent d’une digeftioa
plus facile j de plus , le fumier qui provient de
cette paille eft plus gras 8c meilleur pour les
vergers.
Mais elle a un inconvénient pour ceux qui en
font ufage ; il arrive fouvent qu’ elle offenfe l’extrémité
des doigts de l’ouvrier qui lui préfente
la paille & le foin, à moins qu’ il n’y apporte une
extrême attention. La faux Lorraine fupplée à ce
défaut. On la nomme ainfi parce qu’elle a été
^apportée en Tofcane par les Lorrains : elle eft
compofée de deux monuns de bois (Pl. XXXVI',
fig, 6. ) qui , au moyen d’un troifième B , pofé
j en travers , foutiennent une caillé C pleine, dans
| laquelle on met la paille ou le foin D , qu’oa
* veut hacher. La faux E , eft la même que ceU*