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des membres morts , des chicots, des argots,
des onglets , des chancres , des gommes , des ;
galles & de tout ce qui eit difforme ou nuifiblé;
comme suffi le débarraffer de la punaife , des
pucerons , des chenilles , des vers qui s’entortillent
dans les feuilles, des perse-oreilles qui-
déchiquètent ces dernières , & des mouffes qui
les abîment.
ÉMOTTER j c’ eft rompre les mottes dans
une allée avec la herfe ou le rouleau ; c’eft aufli
ôter les mottes de terre attachées aux racines
d’un arbre.
ÉMOUSSER j c’ eft, dans le jardinage, gratter
les parties mouffeufes des arbres , employant à
cet effet un petit morceau de bois fait en forme
de lame de couteau, ou même le dos de la fer-
ette. Jamais on ne doit émoujjer qu’après des
umidités.
EMPAILLER ; c’eft envelopper de paille ; ce
qui fe pratique dans le jardinage à l’égard des
figuiers, afin de les préferver de la gelée ; on
empaille aufli les grofeillers pour conferver leurs
fruits , en automne; les cardons pour les faire
blanchir ; on empaille encore les tiges des arbres
dans les pépinières pour les garantir des lapins.
EMPLATRE ; c’eft un médicament qui s’applique
fur les plaies , foit des animaux, foit
des yégetaüx. Il y- a pour les plantes différentes
fortes d'emplâtres qu’on eft dans l’ ufage
d’emp’oyer, mais qui ne font point toutes également
falutaires. Par exemple , la cire verte ,
dit Schabol, employée pour les plaies des orangers,
leur eft ties préjudiciable. 1°. La cire par
elle-même eft un defficarif, par conféquent elle
ne peut attirer la fève , 8e doit reculer la gué-
rifon. 2.°. Elle eft en même-tems un graifeux
qui jamais ne peut faire alliage avec aucun liquide,
telle que la fève. j° . Perfonne n’ ignore que le
verd-de-grïs qui fert à verdir cette cire ne foit
un poifon : le peu qu’il y en entre ne peut donc
être que dommageable. Aufli les plaies des orangers
ainfi panfées font des tems infinis à guérir;
au lieu qu'avec la bouze de vache, elles fe cica-
trifent d abord.
Vonguent faim Fiacre fert ordinairement & emplâtre
pour les plaies des végétaux. ( Voye^ ce
m o t ) .'_
EMPORTE-PIÈCE ; outil fait en forme de
fermoir d’un ménuifier , & employé à la greffe
qui porte ce nom. ( Poyrj Greffï ),
EMPORTER. ( s’ ) On dit qu’un arbre s'emporte,
lorfqu’il ne pouffe que du haut, & point
opî peu du bas & des côtés. On dit aufli qu’il
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s*$ntforte quand H pou {Ta avec trop de vivacité,
& qu'il eu à craindre que Ta croiffance ne foit
trop hâtive & nuifible.
EMPOTTÈR j c'eft mettre une plante avec
fa terre dans un pot ; ce qui doit fe faire avec
précaution fans rébranler, & fans trop appuyer
deffùs.
On a un pot de fayence ou de te r re , d’une
grandeur proportionnée à là plante qu’ on veut
empotter; on l’emplit de terre ou de terreau ,
qu’on preffe avec la main, afin que dans la fuite
elle ne s’affaiffe point, Sc on y met la plante.
Ces pots font d’un grand îsfage & d’une grande
commodité : on les tranfporte où l’on veut ;
on en garnit les parterres pour les orner de fleurs
nouveïes dans toutes les faifons...
ENCAISSER. C ’eft , dans le jardinage, mettre
dans une caiffe neuve un arbufte ou toute autre
plante , quand la t rre étant ufée , on les tire de
l’ancienne caiffe avec la motte de. terre , dont
on ôte toute la vieille terre pour en mettre de la
neuve à fa place.
On appelle demi-encaijfement quand, au lieu
d’ôter toute la terre, on ôte feulement celle du
tour de l’arbre pour en mettre de la neuve.-
ENCLUME. \J enclume fur laquelle le faucheur
redreffe & bat la lame de fa faulx, eft une petite
maffe de fer platte en-deffus & fe terminant en
pointe , pour être fichée en terre , dans un madrier,
ou dans un étau.
ENFOUIR. En terme de jardinage & d’agriculture,
c’eft cacher dans la terre, feulement en
fuperficie ; au lieu qu * enterrer , c’eft mettre avant
dans la terre. Il faut enfouir les graines & les
femences pour les faire germer. Le laboureur
enfouit fes grains pour empêcher les ©ifeaux de
les manger. On dit enfouir du fumier, lorfqu’ on
l'enfoncé dans la terre pour faite des couches
lourdes.
ENGORGEMENT. Ce terme , dans le jardinage
, figdfie l’embarras caufé dans les canaux
d’une plante ; ce qui vient de trop de plénitude
de la fève. Quand on n'a pas foin de lâcher la
ligature d’une greffe en la coupant par derrière ,
il s’y forme un engorgement, une obftruction ?
& ce qu’on appelle une ftrangulation , un étranglement.
Il y a des engorgemens provenant de quelque
vice particulier de la fève qui eft arretée & interceptée
dans fon cours ; & telle eft la raifon
pour laquelle tant de branches d’arbres ont des
( efpèces de paralyfies en divers endroits où l’écorce
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fe fèche. Ces parties affez communément ne reprennent
point de vigueur, & l'on eft oblige de
les recéper plus bas à quelque endroit bien
vivant.
La plupart des greffes font engorgées; & ce
vice ne doit être attribué qu'à la précipitation
qui préfide aux' opérations du jardinage , à la j
mutilation des racines ,✓ & au défaut d’attention, j
à I'affaiffement qu’éprouvent néceffairement les
terres remuées. Les badins ou crdux qu’on fait
aux pieds des arbres pour dégorger les greffes ,
font une foible reffource , & ne remédient point j
à l'inconvénient qu’on veut éviter.
ENGRAISSER la terre. C ’ eft l ’améliorer &
la feitilifer par des engrais- & amendemens.
ENTE. Dans le jardinage , ente, ou l’action
tenter, eft la même que greffe ou greffer. C’eft
une opération du jardinage par .laquelle, en plaçant
d’une certaine façon un oeil ou un bout de
rameau d’un autre arbre fur une branche d’un
arbre d’une autre efpèce , on change l’efpèce de
celui fur lequel on greffe.
On ente ou l’on greffe également les arbiif-
feaux & les arbuftes, un jafmin d’Efpagne, par
exemple, fur un jafmin commun , foit en fente,
foi t'en écuffon , foit en approche. On greffe aufli
la vigne, mais en pied, & dans le tronc même ;
autrement l’ancien fujet repoufferoit^toujours &
ruineroit la greffe. On peut enter aufli les fleurs
& les herbages même, j
Les anciens greffoient des fruits fur les arbres
des forêts ; mais ces fortes d‘ entes ne durent
qu’un tems, après quoi elles périffent.
ENTONNOIR j inftrum ent de jardinage. Les
jardiniers qui élèv en t 'des a n a n a s, fe ferv en t ,
p o u r les a rro fe r, d’u n entonnoir de fe r b la n c ,
qui a la form e d ’une pipe, © n fait de cès entonnoirs
de différentes longueurs, jufqu’à n e u f &
dix pieds..
ENTRE-HIVERNER; terme d’agriculture.
C ’eft donner un labour aux champs pendant
l ’hiver.
ÉPAULÉ. ( arbre ) C'eft un arbre qui eft tout
de côté , lorfque la moitié de lui-même, ou une
partie notable a péri par quelque accident ; ce
ui arrive prelque toujours par la faute du jarinier.
i° . Parce qu’il n’a pas eu foin de ménager
des branches & des bois de réferve en cas
d’accident.
1 • Parce qu’il a mal conduit Ion arbre de
Art aratoire.
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longue main fans le renouveler, voyant du bois
•vçule'& défectueux.
3e. Parce qu’il aura caffé une groffe branche,
faute de précaution 5c de ménagement.
4°. Parce qu’un accident ayant épaulé Y arbre,
il ne l’a pas redreffe en le dé pâli flan t entièrement
, fi c’eft un arbre en efpalier ; & fi c'eft
un buiflon , en tirant des branches du côté
vide.
EPIDERME. On donne ce nom à l’envelope
extérieure de l’écorce de l’arbre. C ’eft une membrane
mince qui s'enleva aifément quand les arbres
font en pleine fève, & plus difficilement
lorfqu’ils pouffent avec moins de vigueur. Elle
eft très - adhérente aux branches qui lont fè-
ches.
EPIERRER. C ’eft ôter d’ une terre les pierres
qui s’y rencontrent ; opération fort fimple qui fe
fait, foit avec un rateau , foit avec une claie ou
un panier à claire-voire. Én épierrant des jardins ,
on fait des tranchées dans les allées pour y enterrer
les pierres. On épargne ainfi le tranfport,
le les allées deviennent plus fèches ; mais cela
n’eft pas praticable pour les champs de grande
étendue. On en fait des monceaux, nommés en
quelques provinces murgés ; on les porte enfuite
dans les chemins qu’on veut affermir. Au refie,
[’expérience apprend que l’abondance des pierres
n’eft point toujours nuifiblé à la végétation ; au
contraire, il femble que le froment & certaines
plantes fe plaifent dans un terrain pierreux ; cependant
on fent qu’il eft à propos d’enlever les
groffes pierres ou les roches qui troublent le
labourage.
Une terre émotée en tout fens parpiufîeurs
labours, fe nétoie plus facilement de pierres
que celle qui eft moins bien travaillée.
EPLUCHER. C ’eft, en terme de jardinage,
i° . arracher les mâuvaifes herbes d’un terrain en
culture.
2°. C ’eft débarraffer un arbre d’une partie de
fes fruits , lorfqu’il y en a une trop grande quantité
de noués.
3*. C ’eft ôter le bois mort & les branches
chiffonnes qui nuilent à la végétation de l’arbre.
4°. C ’eft nétoyer une grappe de raifîn des
grains qui font gâtés.
EPOUVANTAIL. C ’eft, dans un jardin, oa
dans up champ, tout ce .qu’on drefle ou qu’on
apprête pour faire peur aux oifiaux, 5c écarter
les animaux qui viennent manger les'graines &
les fruits.
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