
avec k charrue fur un ou deux pas de long,
& quand la charrue eft dans la terre à une profondeur
convenable , il faut attacher alors le
fembrador au train de la charrue de telle façon |
eue les' clous des roues puiffent s3accrocher à ;
là terre j & les faire tourner uniformément. r
-3'0. Les oreilles de la charrue étant plus larges
qu’ on ne les. a faites jufqu’ à préfent , il. en ré-
fulter? deux avantages ; premièreme nt , elh s
donneront plus de. largeur aux filions pour recevoir
les femences , & elles recouvriront mieux
ceux qui font enfemencés ; fecondement, elles
empêcheront que les greffes mct:es de terre &
les pierres ne donnent des coups contre le fembrador
, au' cas que cês mottes iraient pas été
brifées & les terres enlevées 5 mais s’ il y avoit
dans un terrain une fi grande quantité de pierres
que la charrue ne pût y pénétrer, alors le laboureur
doit pafftr outre, en enlevant la charrue
jufqu’à ce qu’il retrouve une terre praticable ;
il faut enlever en même-tems le fembrador 3 dont
le poids trèr-léger ne fait point un grand embarras
au laboureur.
4q. Quand une feule paire d’oreilles ne fuffit
point à la charrue .pour écarter les tno;t,s de
terre & les pierres , on pourra y ajouter une :
autre paire d’oreilles de quatre ou cinq pouces
plus hautes que les premières , & de même
grodeur, que l’ on placera dans un endroit convenable
du train de U charrue , & cependant
un peu en arrière des autres oreilles; par ce
moyen, le fembrador fera parfaitement garanti
& défendu contre les pierres & les mottes de
terre, comme l’expérience l’a fait voir.
. y0. A u rapport des fermiers les plus expé-,
rime n tes , le teins propre aux femailles eft quand
la fleur de la terre eft fèche, ou qu’elle approche
un tant foit peu de l’humidité-; dans l’un ou
l ’autre de ces cas, les roues de ce nouvel inf-
trrme' t tourneront fans obftacle -, & les trous'
par où tombent les femences ne feront pas fermés
par la boue.
6°. Quand on fe fervira du fembrador comme
il convient, on femera en froment trois céla-
mines ou environ un quart de boiffeau; &: en
orge, cinq célâmines ou un demi-boiffeau dans
autant de terrain qu’il en faudroit pour femer
environ un boiffeau & demi fuivant l’ufage ordinaire.
S i , dans cette proportion, il fe trouve
plus ou moins de ' femence, cela- proviendra de
quelque défaut dans l ’inftrument, ou de la négligence
du laboureur.
7°. Il faut proportionner les cuillières aux
grains , & en faire faire exprès pour chaque
efpèce de femence.
8 On doit faire, les filions très-près les uns
des autres j en forte que la charrue en repaf-
fant puitfe mieux recouvrir le précédent fil'on
qu’on vient d’ouvrir & de femtr.
9°. Après avoir enfèmence un terrain, on doit
le rendre aufli uni qu’il eft poflible, à l’ exception
des lîflons qu’on a faits pour l’écoulement
des eaux, comme cela s’eft pratiqué jufqu’à préfent
; mais il fufhra d’en biffer un à chaque
diihnce*de quatre verges ; .car l’expérience nous
a appiis qu’un terrain où on n’a lai fie aucuns
filions ouverts, rapporte plus de bled que celui
où on en a biffé beaucoup , par la raifon que
dans ce dernier cas, le froment, l’orge ou d’autres
grains font fujets à dépérir par la féchereffe ;
& c ’eft à quoi l’on doit fur-tout prendre garde
en Efpagne , qui eft l’ une des plus fèche s contrées
de l’Europe.
io ° . On a obfervé en 1664, dans plufieurs
endroits de f Efpagne, que les terres ensemencées
au mois de feptemb/e av.oient produit de
meilleur grain que celles qui l’ avo;ent été en
octobre ; & celles emblavées en octobre , du
bled mieux conditionné que celles femées en
novembre; ce qui prouve qu’il eft plus avantageux
de-' femer tôt que tard. ( Recueil académique'f
‘.SEMENCES. Toutes les femences demandent
.d’être recueillies bien mûres, bien nettoyées -,
& confervées dans un lieu fec pendant l’hiver,
enfermées dans un petit fac étiqueté de leur
nom & de l’année de kuç récolte, pour celles
qui fe confervent plufieurs années , ce que le
manuel çi-àprès indiquera fuffifammenr.
Il faut toujours ehoifir ce qu’il y a de plus
beau, pour le biffer grainër : on au a de bonnes
femence» de melons & de choux-fleurs , en fai-
fan t ce qui eft dit à ce fujet aux articles de ces
plantes.
L’ expérience nous apprend que, dans le jardinage
ainfi que dans le refte de l’agriculture ,
il eft fouvent avantageux de ‘changer les femences
y fur - tout quand on s’apperçoit que
refpèce n’eft plus fi belle que les années pré-
e.édemes-
Il faut alors tirer fes femences de quelque contrée
voifine, ou de quelque ami fur qui demeure
dans cette contrée, avec lëquel on fait des
échanges.
Faites toujours tremper vos femences, vingt-
quatre heures ou environ, dans de l’ eau de
fontaine, rivière ou ruiffeau : ne vous fervez
d’eau de.puits qu’à défaut d’autre;, n’y mettez
jamais ni vin, ni autres ingrédiens : c’eft une
I invention de quelques jardiniers charlatans, ' qui
n’eft propre qu’à gâter les femences.
Celles de l'année font toujours les plus fores, ï
quoiqu’il y en dit qui fe confervent bonnes pen- j
dant plufieurs années. j
. Miller, agriculteur anglois, affûte qu’il a conf-
tainment éprouvé que la plupart des graines lèvent
beaucoup mieux dans de petits pots que dans
des grands. Pour ménager le terreau & le fumier
, il confeillfe de mettre les pots pour femer
for des couches médiocrement chaudes ; de ne
mettre ce terreau que dans les pots , & de
remplir les intervalles avec d’autre terre.
S E M E R ; c’eft répandre la femence''fur la
terre , & l’y enfouir en la couvrant de terre.
Il y a plufieUrs façons de femer ; favoir , h champ,
a plein champ ou a la volée, en rigole , en pots ;
c’eft-à-dire, en faifant de petits badins pour y
mettre pois, fèves . lentilles, &c. On dit encore
femer au talon dans les terres meubles 8{,les terres
légères , lorfqu’ en frappant fermement du talon-,
fur la terre , on y fait un trou dans lequel on
met,,des pois 5c autres femences, qu’enfuite on
recouvre de terre.
. Suivant le proverbe, qui féme dru recueille clair,
& qui féme clair recueille dru , les habiles femeurs
font chiches de femence, _ 8c cependant recueillent
le double de ceux qui la prodiguent' Mais
pour s’affurer de la bonté des femences , il faut
mettre la graine tremper dans l’eau tout ftm-
plement durant cinq ou fix heures. Les -graines
qui ont des amandes bonnes vont au fond, celles
qui font vuides furnagenr. On enlève avec une
écumoire tout ce qui flotte. On met les bonnes
graines lécher au foleii ou en un lieu fe c , en-
fuitë on les’ fème avec la certitude d'une bonne
& prompte germination.
On fème, c’ eft-à-dire qu’ on répand du grain
ou de la graînê dans une terre qui a été auparavant
fumée & labourée. La graine doit être
bien mûre & enterrée à une profondeur convenable,
félon fa groffeur. Il faut femer un peu
Une circoEftance des plus favorables pour le*
fe-mailles , eft que la terre fe trouvé un peu
humide , fans être affez humedtée pour fe pé-_
irir ; car il faut que le deffus foit un peu affermi
avant les gelées, pour que le grand froid pénètre
plus dru dans les terres maigres & légères , que
dans les bonnes terres.
La faifon de femer chaque forte de grain , eft
conftamm;nt un article fournis à la diferction
d'un prudent agriculteur qui doit fe régler fur
la qualité de fa terre. Plus tard on? fème au
printems dans une bonne terre fujette à produire
des herbes inutiles, meilleure eft la récolte. Au
contraire , dans un terrain fec & de- fable, on
fe trouve toujours bien de femer de fort bonne
heure au printems ; fans cela ,. la chaleur du
fo le ii, jointe à celle de la terre, font jaunir
& blanchit les plantes , & rendent la récolte
fort douteufe. Un été froid & humide eft très-
avantageux aux grains femés de bonne heure dans
ces fortes de terre.
moins dans la terre. Les pluies affèrmiffent
.ordinairement affez la terre , pour qu’ on foit
dilpenfé d’avoir recours .à d’autres moyens.
Il .arrive quelquefois que la terre, pénétrée
d’eau & battue par les pluies, ne peut être
labourée ni herfée. Les femailles fe font alors
très-mai. On eft même obligé de les ftifpendre
dans les terres fortes ; & tel qui comptoir en-
femencer foixante arpens de froment, n’en fème
quelquefois pas trente. Néanmoins la perte devient
peu confîdérable, lorfqu’ on fème des mars
au printems dans ces terrés.qui étaient préparées
pat plufieurs laboüts pour le froment. L abondante
récolte de ces mêmes ^grains dédommagé
beaucoup le cultivateur.
Au refte , quelque méthode que l’on fuive
quand les terres ont été labourées à propos ,
& lorsqu'elles ne font pas dans le cas de irop
retenir l’eau , on parvient prefque toujours à
bien faite les femailles.
'Suivant d’anciennes manièifs d.e labourage ,
i° , il eft à propos de commencer à femer lors.de
la première chute des feuilles des arbres , fi le
tems eft beau ; i ° . quand le foleii fait apper-
cevoir des toiles d’araignée lut les guérets, en
■ automne , on ne doit pas différer à femer : les
bleds germeront promptement.
L’ ufage le plus commun eft de femer à la
main , & l'habitude des femeurs fait qu’ils répandent
le grain affez uniformément. Pour cela,
on attache devant foi une efpèce de grand tablier
fait exprès , où eft une certaine quantité de
grains. Le femeur y'prend le bled à pleine main ,
& le jette en arrière du bras oppofé à la main
qui fème ; c’ eft , comme il eft dit ci-deflus ,
ce qu’on nomme femer a la volée. Le femeur
avance la jambe, droite en même-t_ems que le
bras droit qu’on fuppofe être Celui dont il fe
feit pour femer. En donnant à fon bras un mouvement
circulaire pour jetter la femence avec
fo rce , il ouvre peu-à-peu fa -main , afin que
le grain ne tombe point par tas , mais qu’il
s'éparpille & fe- répande comme une efpèce de
pluie.
L’ art du femeur demande beaucoup d’adrefle.
Les bons femeurs ont contracté l'habitude . de
prendre leurs poignées de grain affez précisément
les mêmes , pour répandre dans un arpent de
terre la quantité de grain qu’ils jugent convenable
, fuivant qu’ils veulent femer plus ou moins
épais : ils diftribuent fi également la femence,
qu’il n’y a pas un endroit -du champ plus garni