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d'eau contenue dans le cyliitdre , 8c la fait fortir
par les ouver.ures.
On peut faire les ais aufti longs 8c auffi larges
que l'on veut , fuivant la hauteur où i'on veut
elever l'eau 5 il faut feulement obfei ver que plus
la pompe eft longue, plus le cylindre doit être
petit j parce que la colonne d’eau eft p’us pe-
fante. Un homme peut faire aller avec beaucoup
de facilité une de ces pompes , qui a douze pieds
de long , un pied en quarté, & qui épuife une
grande quantité dans une heure , parce que le
mouvement fe fait dans l'eau fans aucune abf-
traétion , laquelle oppofe plus de réfiftance que
la pefanteur même de l’eau.
Un des grands défautsjles pompes ordinaires ,
fui vaut l’obfervation de Mortimer, eft que leurs
ouvertures ne font pas égales, te que le pifton
agit fur l'eau. J'en ai éprouvé 1 inconvénient,
dit cet auteur, dans plulïeurs pompes, fur-tout
dans une de 6o p;cds de long, que je fis percer
d'un bout à l'autre de quatre pouces & demi*
je pouffai le pifton jufqu’au bas avec des perches
que j ’emboîtar l’une dans l'autre 8c liai avec de
petites bandes de fer: je fis faire ces bâtons de
la grofleur de l'ouverture de la pompe , pour
diminuer le poids de l'eau dans le cylindre j
après que j’y eus fait ce changement, je levai
trois fois autant d’eau avec la u.oitié moins
de force que je n'en avois employé auparavant.
Ces fortes de pompes font fujettes. à- moins de
réparations que les pompes afpirantes que la
moindre chofe dérange.
POMPE pour arrofer les plantations. ( F'oye^
pl. XXV , fig. ƒ j & fon explication. )
POMPER j c'eft proprement é’ever de l'eau
avec le fecours d’une pompe. On dit par analogie
que les racines pompent les fucs de la terre ,
comme le pifton d’une pompe afpire l’eau
pour s'élever dans un réfervoir. Non-feulement
les racines pompent & afpirent les fucs qui leur
font contigus, c'eft-à dire, ceux qui,font à
l'entour d'elles, mais encore les fucs éloignés
haut & bas & au pourtour.
POREUX ; qui a des pores. Il eft dans les
plantes grand nombre de fujets fort poreux ; telles
’ font les plantes à odeurs fortes ; de même toutes
les plantes aromatiques & les^ fleurs parfument
les airs.
PORTIQUE j décorat’on faite ayec des arbres
dont les branches font taillées en arcades.
Il eft rare de trouver des portiques dont les
cintres foient bien proportionnés. Il y en a de
vingt cinq pieds de haut qui n’en ont que quatre
d'ouverture. Les règles de proportion exigent
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que la hauteur ait trois fois la largeur} ainfî, un
cintre qui a fîx pieds d'ouverture, doit avoir
dix-huit pieds d'élévation.
Portique de treillage; c’eft une décoration
d'archueétureen pilaftres, montans , fronton, &c.
faite de barres de fer 8c d’échalas de chêne,
maillés, & qui fert pour l’entrée d’un berceau
dans un jardin.
POTAGER > jardin où l'on cultive toutes
j fortes d’herbages, de légumes & de fruits. Un
potager bien tenu , où tous les légumes-fe fuc-
cèdent, & où règne la propreté jointe à une
belle ordonnance, préfente l’agréable & l’utile,
& fernble préférable à un parterre émaillé de
fleurs. ( Voyei pl. XXVI. )
Qu'il nous foit permis, pour bien remplir cet
article, de rapporter ici l’excellente doctrine du
rédacteur des Décades du cultivateur, que nous
avons eu déjà occafion de citer comme un guide
fûr& expérimenté dans plufuurs autres endroits
de cet ouvrage.
Préparation du fo l d*un légumier.
Voulez-vous avoir des légumes monftrueux
pour la grofleur ; ayez un fonds de terre de deux
pieds de profondeur uniquement compofédedébris
de couches, de débris de végétaux unis à qu.n-
tité de fumiers j enfin une quantité d'eau fuffi-
farte aux arrofemens. Ces légumes f ront magnifiques
à la vue j mais le goût fera-t-il fatisfait?
Non j ils fentiront l’eau te le fumie \ I es laitues ,
les herbages que l'on cultive en Hollande, font
monftrueux par leurs volumes > ils étonnent , &
voilà tout. Leur graine tranfportée & femée
ailleurs, quand les circonftances ne font pas
égales , la plante acquiert en qualité , en faveur,
ce qu'elle perd en volume ; & femée plufieurs
fois de fuite dans un terrain médiocre, elle revient
par dégénërefcence au premier point dont
elle eft partie, fur-tout s*il y a une grande différence
dans le climat.
Defirez-vous obtenir des légumes bons & bien
favouveux ; ayez une terre franche, modérément
fumée & arrofée ; mais ce n'eft pas le
compte des maraîchers , il leur faut du beau
& du promptement venu ; la qualité leur im*
porte peu.
C'eft d'après l'un ou l’autre de ces points de
vue qu'il faut choifir le fol d'un jardin. Comme
on n'eft pas toujours le maître du choix, l'art
doit fuppléer à la nature , & il en coûte beaucoup
lorfqu'on veut la maîtrifer. C'eft au propriétaire
à examiner le but qu’il fe propofe ; il
travaille à fe procurer des légumes pour fa eon-
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fommatîon , ou pour en fa’re vendre la plus
grande partie. Dans ce cas, qu'il difpofe donc le
loi de fon jardin en conféquence j voici une loi
générale, capable de fervir de bafe à la culture
de tous les légumes en général. L'infpedtion des
racines décide la nature te la profondeur du fol
qui leur convient. Les plantés potagères font ou
à racines fibreufes , ou à racines pivotantes. Il
eft clair que les premières n'exigent pas un grand-
fonds de terre, puifque leurs racines ne s'enfoncent
qu'à cinq ou fix pouces de profondeur.
Les fécondés, au contraire , demandent une terre
qui ait du fond, te une terre un peu tenace. Sans
l'une te l'autre de ces conditions, elles ne pivoteront
jamais bien. Or , fi le terrain n’eft pas
préparé par les mains de la nature, il faut le faire
ou renoncer à une bonne culture. Afin de diminuer
les frais, le propriétaire deftinera une partie
de fon terrain aux plantes à racines fibreufes , &
l'autre aux racines pivotantes , & lui donnera
par le travail ou par le mélange des terres , la
profondeur convenable. Il eft aifé, dans le fond
d'un cabinet, de preferire de pareilles règles j
il n’en eft pas ainfi lorfqu’il s'agit de les mettre
en pratique ; le travail elt long , pénible , très-
difpendieux , te fouvent trop au - deflus des
moyens du cultivateur ordinaire : celui qui fe
trouvera dans ce cas, doit fe réfoudre à ne défoncer
ou à ne mélanger chaque année qu'une
éténdue proportionnée à fes facultés} s'il emprunte
pour accélérer l ’opération , c'eft folie.
Il n'eft pas pofiible d'attendre aucun fuccès,
fi on rencontre une terre argilleufe; la préparation
qu'elle demande , coûteroit plus que l'achat
du fol. La terre rougeâtre que le cultivateur appelle
aigre, eft dans le même cas ; elle eft bonne ,
tout au plus , à la culture des navets. Un des
grands défauts de la terre pour les jardins, eft
d'être trop forte, trop compà&e, trop liante j
elle retient l’eau après les pluies , fe ferre , s'a-
glutine & fe crévajfe par la féchereffe. Lorfque
le local ou la néceflité contraignent à la travailler
, la feule reffource confifte à y tranfporter
beaucoup de fable fin, des cendres, de la chaux,
de la marne, de grands amas de feuilles , &
toutes fortes d’herbes, afin d'en divifer les pores.
Malgré cela, en fuppofant même tous ces objets
réunis 8c tranfportés à peu de frais, ce ne fera
qu’après la troifième ou quatrième année que l'on
commence réellement à jouir du fruit de fes
dépenfes & de fss travaux.
Après, avoir reconnu la qualité de la couche
fupérieure j 11 fqu'à une certaine profondeur, ou
doit s’aflurer de la valeur de la couche inférieure.
Sicelle-ci , par exemple , éft fabloneufe, elle
abfôrbe promptement l'eau dé la fupérieure , 8c
le jardin exigera de plus fréquens arrofemens. Si
au contraire elle eft argilleufe, il ne fera pas
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nécsffiire , d'arrofer autant pendant l’ été ; mais
dans la faifon des pluies, il eft à craindre que
les plantes ne pourriffent. Ces attentions préliminaires
font indifpenfables ayant de fixer l'emplacement
d’un jardin. De ces généralités paf*
fons à la pratique.
Long-tems avant de tracer le plan d’ un jardin ,
on doit avoir examiné mûrement les avantages 8c les inconvéniens du local, la pofition de
l'eau , la facilité dans fa diftribation, la commodité
pour les charrois, le tranfport commode &
le lieu du dépôt des engrais j enfin, la pofition
où feront conftruits le logement jdu jardinier, le
hangard deftiné à mettre à couvert les inftrumens
aratoires, te le terrain deftiné au placement des
couches, des chaflïs , des ferrés, & c . fuivant
l'objet qu’on fe propofe..
Le plan 8c le local une fois décidés , & le
jardin tracé , il ne s'agit plus que de défoncer le
fo l, afin que dans “la fuite on foit en état de le
travailler par - tout également. Si un particulier
aifé entreprend la confection d'un jardin, il doit
ouvrir des allées de communication entre chaque
grands carreaux > celle du milieu & qui corref*
pond à l'entrée, fera la plus large. Le jardin de
l'humble maraîcher n'a pas befoin de cet agrément';
fon but capital eft de profiter de plus de
fuperficie qu’il eft pofiible.
Les allées tracées, on enlèvera la couche fupérieure
de terre , 8c on la mettra en réferve ,
fuivant que le terrain total fera pierreux ; on
excavera les allées , afin de recevoir les piètres
& les cailloux qui fe préfenteront lors de la fouille
générale.
Le grand point, le point effentiel eft de fi bien
prendre fes précautions, qu’on ne foit jamais
obligé de manier ou tranfporter deux fois la
même terre.
Si le fol eft marécageux ou fimplement humide,
ces pierrailles deviendront de la plus grande utilité
, & ferviront à établir des aqueducs, ou
filtres , ou écouloirs fouterrains, qui tranfporte-
ront les eaux au-dehors de l’enceinte.
La fouille du total de l’emplacement doit être
de trois pieds de profondeur. Si on veut écono-
mifer, on donnera ce travail à l’entreprife , & à
tant par toife quarrée de fuperficie fur la profondeur
convenue. Mais pour ne pas conclure
un marché en dupe , on commencera à faire
fouiller, à journées d’hommes, une ou deux
toi fes, 8c on jugera ainfi, toute circonftance
égale, quelle doit être la dépenfe générale , &
combien on doit payer par toife. Si on défire
connoître bien particuliérement le prix, il faut
que le propriétaire ne quitte pas un feui moment
fes travailleurs, & qu’il calcule enfuite à com