
11 B I N
puis retournant vers le troifième , de-là près du
quatrième, & ainfî fuccefiîvement, & la planché
le trouvVt formée de cette manière, eft bordée
de deux filions.
D autres labourent à plat toute la terre avec
la charrue a verfoir ; & quand le champ eft en-
femence & herfe, ils font , de diftance en distance
, des raies qui'forment les planches 5 mais
par cette méthode , on forme au bord des planches
une petite élévation qui, joint à ce que .les
planches font plates , fait que l’eau s’en écoule
moins bien.
.Comme le but de ces filions eft d’égouter les
eaux, il faut les diriger fuivantTa .pente du champ
qu on laboure , afin que l’eau s’écoule plus promptement.
r
Quand on veut labourer par b i lions dans les.
terres^ fablonneufes , on laboure quelquefois la
terre a plat, on la (eme & on enterre le grain avec
la herfe ; puis on forme à deux pieds les uns des
autres, de profonds filions avec une charrue
faite exprès qu’on nomme charrue à billonher. Elle
n a point dê contre , mais un foc, long & étroit,
avec deux grands verfoirs fort évafés du manche
de la charrue, & échancrés en deffous ; de forte
que cette charrue fait par fa pointe un coin qui
ouvre la terre, le milieu des verfoirs }a ren-
verfe fur les côtés, & leur extrémité la plus éva-
fée, qui eft échancrée, appbnit. cette terre, ce
qui donne au billon une forme dé dos-d’âne trés-
régulière. Mais cette façon de labourer n’eft praticable
que dans les fables ; une telle charrue
corroyeroit une terre arg'ileufe , dans laquelle
ce foc auroit même de la peine à- s’ouvrir un
paflage.
.BINAGE ; c-’ eft un labour fuperficiel. On dit
en général donner un binage , pour fignifier un
léger labour.
BINARD ; efpèce de grand charriot dont les
quatre roues font égales , & qui a un plancher
fur lequel on met des charges tort pefantes.
BINER ï c’eft labourer fuperficielletnent les
plantes pu les plate-bandes avec la binette 5 ce
qui ne fe pratique que lorfqu’elles ont été labourées
foncièrement.
On entend aufii par biner , donner le fécond
labour aux terres à bled durant l’année de jachère.
Si la première façon n’a été donnée
qu’après l’hiver, on bine fix femaines ou un mois
après. Au refte, l’on avance’ ou diffère ce travail
j félon la température de l’air ou la force des ,
terres.
§ BINETTE 5 petite pioche , infiniment de jardinage
j compofé d’un côté de deux pointes de
B CE U
fer ou .fourches un peu recourbées , & de
I autre d un fer plat, large, & coupant d’environ
deux pouces par le bas. Ces deux parties
font jointes par un oeillet, qui fert à tenir le
manche dé 1 outil. On fe fert de la binette pour
labourer légèrement de menues plantes.
BISANNUEL. On donne -ce nom aux plantes
qui pouffent leurs premières feuilles avant I’hi-
ver, qui ne montent en graine que l’année fuî-
vante, & ne meurent qu’après s’être, refemées.
Telle eft Tangelique des jardins.
BLANC. On nomme ainfi une efpèce de lèpre
qui fe communique aux feuilles , aux rameaux *
& même aux fruits de quantité d’ arbres & de
plantes. Cette maladie des végétaux fe nomme
aufii meunier3 à caufe de fa blancheur. Elle les
rend tout blancs & les couvre d’une matière co-
toneufe qui arrête leur tranfpiration. Les melons,
les concombres , parmi les plantes potagères 5 &
le pêcher, parmi les arbres fruitiers , font les
plus fujets à cette maladie.
Blanc. C e \terme fe dit aufii de petits fila-
mens blancs qu’on trouve par couche fur les
mottes de fumier chenci , & qui font la matière
ou la matrice dès champignons. C e ft pourquoi
on infère ces fiiamens blancs dans les couches à
champignons.
BfiEUF. Voyei Animaux propres au labour.
Voyei aufii A ccoupler les boeufs.
Boeuf. Cet animal peut être confidéré comme
un des inftrumens'de labour. Un bon boeuf fout
la charrue doit être jeune, ni trop gras , ni trop
maigre 5 avoir la tête courte & ramaffée , de
grandes oreilles bien velues^ & très-unies1, les
cornes de moyenne grandeur, mais fortes &
luifantes , le front large , les yeux gros 8z noirà ,
le mufle gros & camus , les nafeaux ’ bien ouverts
, les dents blanches & égales , les lèvres
noires, le cou charnu, de greffes & pefantes
épaules , la poitrine large, le *fanon pendant
jufques fur les genoux, les reins fort larges, le
ventre fpacieux & tombant, les flancs grands ,
les hanches longues, la croupe épaiffe , les"j arabes
& les cuiffes groffes nerveufes , le do's
droit & plein, la queue pendante jufqu’ à terre
8c garnie de poils fins & touffus 5 les pieds fermes
, lé cuir épais & fouple, les mufcles élevés,
l’ongle court & large.
II faut qu’il foit fenfible à l’aiguillon , obéif-
fant à la voix & bien dreffé.
Si l’on achète des boeufs qui foient accoutumés
à la charrue , on s’épargnera la peine de .les y
réduire 5 mais ce n’eft que peu-à-peu, & en s’a-
B (E U
prenant de bonne heure , qu’on les accoutume a
porter volontiers le joug & fe laifler conduire
aifêment. Dès l’âge de deux ans & demi, ou trois
ans au plus tard, il faut commencer à les ap-
privoifer & fubjuguer. SiTon attend davantage
ils deviennent indociles & fouvent indomptables.
La patience, la douceur , les . careffes mêmes
.font les feüls moyens qu’il faille employer. La
force & les mauvais traitemens ne ferviroient
qu’à rebuter pour toujours cet animal. Il faut
donc lui frotter le corps, le flatter, lui donner
de rems en tems de l’orge bouilli , des fèves
concaffées , & d’autres nourritures femblables,
'dont il eft le plus friand , & toujours avec du fel
qu'il aime beaucoup.' En même tems, on lui
liera fouvent, les cornes , quelques jours après
on lui mettra le joug j une- autre fois on l’ attachera
à la charrue avec un autre boeuf de même
taille & qui fera tout dreffé 5 on Tes attachera
enfemble, à la- mangeoire 5, on les mènera de
même au -pâturage, afin qu’ils fe connoiffènt &
s’habituent à n’avoir que des mouvemens communs.
On n’emploiera jamais l’aiguillon dans les
commencemens ; il ne fendrait qu’à rendre le
boeufp][xs intraitable.1 Il faudra aufii le ménager,
& ne le faire , travailler qu’à petites, repr-ife.s, car1
il fatigue beaucoup jufqifà ce qu'il foit entièrement
dreffé ; par cette même raifon , on doit
lui donner alors plus” à manger .que dans lés autres
tems.
Ce que l’on dit ici des boeufs doit pareillement
s’entendre des vaches qu’on veut accoutumer à
la charrue , car il n’y a de force que du plus au
moins ; pour le relie , c’eft la même nature qu’on
a à gouverner, la même taille & les mêmes poils
qu’on doit choifir.
Il faut affortir la vache autant qu’ il eft poffible
avec un boeuf de fa .taille & de fa force , ou avec-
une autre vache , pour conferver l’égalité du
trait & maintenir le foc en équilibre.
En été , c’ èft-à - dire depuis le môis. de mai
jufqu.en feptembre, les.boeufs vont deux fois par
jour à la charrue. Comme la grande chaleur les
incommode 3 il faut les conduire au travail dès
la pointe du jour, jufqu’à-neuf heures du matin
qu’on les ramènera-à l’étable pour les faire repaître^
& prendre du repos j ou bien on les laif-
fera pâturer à l’ombre jufques vers les, deux heures
qu on les ramene à la maifon pour leur donner
du fon ou de^ l ’avoine. Puis on retourne à la
charrue jufqu a fept heures au primeras ; en hiver
8f dans l’automne, on peut les faire travailler
fans interruption depuis huit ou neuf heures du
matin jufqu’à cinq ou fix du foir.
Dans le tems où le boeuf ne travaille pas, il
fuffit de le nourrir de paille &r d’ un peu de foin ;
mais quândil travaille , on doit lui donner beau-
c oup plus de foin que de paille. En é té , fi on
BOS • 53
manque de foin, on ls nourrira d’herbe fraîchement
coupée.
BOISSEAU ; mefure de diversxrorps fecs, tels
que les grains , la farine , les graines, la cend.e ,
le charbon, le fe l, plufieurs fruits.
Le boijfeau varie beaucoup fuivant le-s lieux.
BOMBÉ j élevé en dos de bahut. On a foin
que les plate-bandes & les allées d’un jardin
foient bombées, ou plus exhauffées dans le milieu
que fur les côtés, tant pour l’écoulement des
eaux que pour la grâce de cette forme.
BORDER. En terme de jardinage , c’eft battre
avec le dos de la bêche le bord d’une planche
ou d’une plate-bande, le long de laquelle on
tend un cordeau pour l’alligner en la labourant,
afin que la terre ne fe répande point dans l’allée,
& que les »eaux des pluies & des arrofemens ne
puiffent fe, perdre.-
BoRDER une 'plate-bande, un' parterre ; c’eft
élever au pourtour differentes plantes, du buis,
pu même des planches pour contenir la terre &
les eaux.
BORDURES. Ceft , dans le jardinage, ce qui
limite les allées, les planches, les quarrés du
jardin. Les bordures les plus communes font celles
de buis. On fait .aufii des bordures avec toutes
fortes de-plantes qui montent peu i entr’autres,
; le thim , l’hyffope , la fange , la lavande, & autres
herbes odoriférantes-; on en fait pareillement
avec le perfil, Toteille , les fraifiers.
Maintenant on eft affez dans l’ufage de faire
des bordures de parterre avec des planches de
bois de chêne épaiffes d’un pouce, & qu’on
retient avec de petits avant-pieux enfoncés en
terre. Oh lai fie ces planches faillantes de quT-
oues pouces de plus que la terre. On leur donne
une couleur comme le vert.
On fait tout fimplement des bordures en élevant
la terre le long des planches & quarrés du
jardin, & en l’affermiffant avec le. dos de la
bêche.
BORNER. Ç ’eft refferrer un talus , un tapis de
verdure dans une étendue limitée. On tend un
1 cojdeau au pourtour, & on coupe avec la bêche
I! tout ce qui excède l’alignement circonfcrit.
BOSQÜET. C ’eft une efpacé de terrain garni
| d’arbres à plein vent, non fruitiers, d’arbriffeaux,
d’arbliftes , de diverfis plantes & de palif-
| fades régulièrement tondues , & de char vdlles
* par compartiment, cù l’on pratique des allées.