
Enfin j on appelle plant le fcion ou le petit
tejetton qu’on tire de certains arbres pour planter.
PLANTATION ; aflion de planter.
P lantation Ce dit auffi d’une partie de terrain
m peu étendue , nouvellenaent plantée ou
à planter.
On peut planter toutes fortes d’arbres dans
les quatre afpeéts, mais le meilleur eft le levant.
Il n'y a que le pêcher qui ne fe plante jamais
au nord. On évite encore d’y planter des fruits
â pépin, d’été ou d’ automne; les fruits d’hiver,
les prunes , les abricotiers y viennent paffable-
ment, quoique tardifs.
Pour planter avec fruit, il faut défoncer la
Terre de quatre pieds de profondeur, dans toutes
fortes de terrains , & l’on met à part la terre
de la première fouille. Si on ne fouille pas la
terre entre trois ou quatre pieds de profondeur,
Jamais les arbres ne profitent bien.
Le meilleur tems pour planter eft à la chute
des feuilles , en oétobre & novembre ; on peut
auffi planter en mars.
Quand on a le tems de faire les trous cinq à
fis mois avant de planter, l’arbre réulïit beaucoup
mieux.
Si la terre des trous eft trop graffe, trop g’ai-
fetife ou trop maigre , il faut la corriger en la
mêlant.
Quand on plante un arbre à la place d’un autre,
il faut changer la terre du trou , & la renou-
veller de bonne terre.
Entre les vieux pêchers , il faut planter , au
printems, des amandes en code, que Ion aura
fait germer dans du fable pendant l'hiver , pour
ne plus être déplacées.
O i les greffe après la fécondé pouffe , quand
le bois elt de groffeur fuffifante.
Avant de planter un fujet, il faut bien examiner,
i° . la tige de l’arbre, & n’en- planter
que de bien fàins , revêtus de toutes leurs racines
& de leur chevelu , le plus qu’il eft pof-
fible.
1 “ . Voir, s’il n’y a point de racines mortes ,
ou rongées par les vers, ou éclatées, & les retrancher.
j° . Ménager foigneufement le pivot, ne jamais
le c il per près du tronc.
4°. Ne point toucher au chevelu, à moins
qu’ il ne foit chanci ou pourri.
5° . Rafraîchir l’extrémité du pivot 8c des racines,
er, bec de flûte, du côté qui doit pofet
fur terre.
6°. Bien efpacer les racines, 8c les bien dif-
tribuer, de forte que les fortes 8c les fpiljles
trouvent également par-tout, fans en tordre ni
gêner aucune dans fa pofitian ; finon l’arbre (8c
fur tout le pêcher) ne pouffe que d'un côté}
s’il n'y a que de groiles racines, il faut les mettre
du devant, fans chercher à placer la greffe du
côté du mur.
__ Il faut obferver, en plantant, que la terre
qui a été fouillée, s’ affaiffe au moins d’un pouce
par pied; 8c comme la greffe ne doit jamais être
entërrée, il faut prévoir cet' affaiffement ; ainfi,
quand on a creulé de quatre pieds, il faut que
la greffe foit, en plantant, à cinq ou fix pouces
au-deffus de terre.
Quelque arbre que l’on plante , il faut qu’il
ait trempé pendant vingt-quatre heures dans quelque
mare de fumier ou eau bourbeufe.
Avant de planter, mettez de la bonne terre
au fond du trou ; le mieux eft d'y mettre deux
ou trois lits de gazon, dont on renverfë l’herbe
en-deffous ; on jette enfuite de la terre, fur
laquelle on pofe fon arbre ; on efpace les branches
; on jette légèrement de la miette de bonne
terre fur les racines, fans rien plomber avec
les pieds ; on fe contente de l'arranger avec la
main, de la faire couler entre les racines, 8c
de la preffer légèrement avec la main ; puis on
m t la terre de la première“ fouille , fi elle .eft
bonne, finon on a recours à d’autre : enfirte
on foulèye légèrement l’arbre, afin que la terre
coule entre toutes les racines : prenez toujours
vos mefures I de façon qu’ après l'affaiffement
à prévoir, votre greffe foit toujours au-deffus
du niveau du terrain ; l’ on achève de Combler
de bonne terre 8c l’on met du fumier fur le
trou.
Il faut planter plus avant dans une terre légère
8c fab'onneufe, que dans une terre forte ; mais,
dans l'un 8c l’autre cas, il faut qu’ on ne puiffe
endommager les racines en labourant.
On plante moins profondément le pêcher greffé
fur amandier , que celui fur prunier ; parce que
le premier pivote, 8c l’autre trace.
Règle générale : tout arbre ne doit jamais être
plus profondément en terre , que depuis un
pouce au-deffus de la naiffance du tronc, juf-
qu’à trois.
Dans les terres humides 8c fpongieufes, on
enfonce moins les racines, on courbe meme le
pivot en genouillière ; dans ces terres, il faut
au fond du trou, qui fera au moins de quatre
Îdeds, mettre des pierres fans être ferrées , fur
efquelles on met le gazon, puis on plante.
Il faut toujours laiffer un pied , ou environ ,
de diftance entre le mur & l'arbre, & l'on fait
cambrer ou couder la tige , pour joindre le
mur.
Quand on plante par un tems fe c , il faut
arrofer , pour lier les terres.
Après avoir planté, l’on coupe les pouffes
inutiles, foit au pied , foit à la tê te , fans les
caffer ; on ne coupe point le maître-brin quand
on plante e& automne , Ton attend le printems
fuivant.
En\plantant des pêchers, il faut les éloigner
les uns des autres des neuf pieds dans les terres
légères & chétives , de douze dans les médiocres
, & de dix - huit à vingt - quatre dans les
bonnes.
, Les autres arbres en efpalier doivent être
plantés dans la même proportion, mais un peu
plus ferrés, fuivant la hauteur des murs de clôture
; fi ce mur a douze à quinze pieds de roi
en hauteur, on met une tige entre deux nains.
Quand l'arbre eft planté , on met au pied du
fum ër bien confommé par-deflus.
Au printems qui fuit la plantation d'un arbre,
lorfque cette plantation s'eft faite en automne,
on coupe le qanal direét de la fève ou maître
brin du milieu à la hauteur d'un pied au-deffus
de terre, quelquefois à un pied & demi quand
les yeux du bas font bien fains : le tout pro-
portionnément à la force de l'àrbre , fans excéder
néanmoins dix-huit pouces. Cette taille fe
fait un peu en bec de flûte, en commençant
derrière l 'oe i l , au niveau de cet oeil pour le
terminer pardevant à une ligne au-deffus de l'oeil.
Il ne faut point ébranler les racines, en faifant
cette taille : il faut enfuite labourer le pied de
l'arbre, enterrer la -fumier, & faire un baffin
autour pour recevoir les arrofemens.
On fait auffi cette taille à l'arbre planté en
mars, mais on ne laboure pas le pied de l'arbre ;
on met deflus du fumier.
Pendant le cours de l'année , on nettoie les
mauvaifes herbes , & en o&obre, on donne un
labour au p*ed de l'arbre, & on y met encore
deux pouces de bon fumier.
Ces labours & ces ratiflages fe Renouvellent
tous les ans en mars & en oétobre.;' mais on
n'y met du fumier que quand la terre en a be-
foin , excepte aux pêchers /auxquels il en faut
donner tous les trois a r s , & même tous les
deux ans dans les terres maigres.
Le fumier ne fe met point directement fur la
tronc.
Quand le jeune arbre pouffe., il n'en faut
| rogner, caffer , couper ni pincer aucune branche ;
mais à l’ébourgeonnement avec la demi-f;rpette
ou le ferpil o n , vous formez votre arbre fur
deux mères - branches , auxquelles vous faites
prendre la forme d'un V déverfé. Enfuite vous
îes paliflez.
Cependant, fi vous ne pouvez y trouver deux
branches qui foient propres à cette opération ,
attendez à l'année fuivante.
Le pêcher ne jfoufire point cette- opération la
première année ; il faut en paliffer toutes les
pouffes , fans en rien retrancher : quand il n'a
point pouffe, ou qu'il n'a pouffe que.foiblement
la première année , parce que la fcvc eft occupée
dans les racines , il faut attendre à la fécondé
année pour paliffer les branches, & dans ce cas,
on ne met le pêcher en V déverfé fur deux branches
, qu’à la troifième année.
A la fécondé année de la plantation d'un arbre
à pépin, il a donné des bourgeons fur les-deux
mères-branches; vous dépaiifiez le tout au tems
de la taille ; vous étendez d'abord le pl îs qu’il
eft poflible chaque mère-branche : enfuite vous
cherchez , en dedans & en dehors de chacune
de ces mères-branches , les plus belles poulies
de l’année précédente, pour en former le fécond
ordre de branches, c’eft-à-dire, les membres.
Il ne faut point tirer ces membres du devant
ou du derrière des mères : on retranche' toutes
les branches qui font dans ces d .ux nofitions ,
pour ne point faire ce que l’on appelle des dos
de chat ; il faut auffi éviter de croiftr aucune
branche. .
On rabat les mères-branches à quatre, cinq
ou fix yeux, quelquefois à trois ; ce qui réduit
le nombre des membres à quatre , cinq , fix &
quelquefois à trois : on taille auffi ces membres
à trois , quatre , cinq ou fix yeux, fuivant la
vigueur de l'arbre , & alternativement l’un à plus,
l'autre à moins d'yeux.
Dans le cas où l'une des deux mères-branches
feroit plus forte que l'autre, on taille- très-long
la’plus forte , & très-court la plus foible, afin
qu'elle pouffe à l'extrémité une gourmande plus
forte.
Règle générale : moins la fève a d'efpace à
parcourir, plus Iss pouffes deviennent fortes.
L’année fuivante, on allonge cette branche fur
la gourmande, & on la rend égale à l’autre.
Sur les gourmandes qui forment les membres,
vous trouvez des poulies ou bourgeons, qui font
X i