
ERGOT. C ’eft l'extrémité de toute branche
morte ou vive que le jardini r latfle par négligence
à un arbre , au lieu de la couper près de
la tige.
9 ESPACER. C ’eft , dans une plantation, laiffer
la diftance régulière qui doit être obfervée entre
les arbres d’ un efpalier , ou d’une allée 3 ou d’un
quinconce.
ESPADE HOLLANDOISE. Les HoUandois
ont inventé une machine pour efpader ou broyer
le li; fans l’endommager. En voici la defcription.
El e eft repréfentée dans la figure i 3 pl. L1V.
C ’eft une planche mince qui a une large échancrure
dans un de Tes côtés , & qui eft élevée
perpendiculairement fur un châflis d’une forme
quelconque , pourvu qu’il foit a fiez pefant pour
refter- fixe : ils fufpendent leur lin dans cette
échancrure j il eft impoflible par cette fituation
que Ycf ade. tombe fur la fil die dans cette portion
dangereufe i ù elle réfifte plus fortement 8z fe coupe auffi plus fac Lment. Et comme des
inftrumens bien faits, répondent à plufieurs fins,
cette machine dirige li coup de l’efpadeur 5 la
main qui foutient le lin eft à couvert, & l ’ori fait
l’ouvrage étant aflîs. '
Les HoUandois préviennent les inconvéniens
de là méthode françoife, par la forme & la
largeur de leur efpade qui eft prefque circulaire,
fig. 3 » & qui n"a guères moins de dix - huit
pouces de diathètre. La plus grande force de cet
inftrument tombe exactement où elle peut caufer
le moindre dommage fur la partie la plus épaifle
de la filaffe ; car l’efpadeur le tenant par le
manche A , fa plus grande "aétion eft en B ou
en C i & s’exerce, fur le milieu même de la
poignée, qui eft plus "fort & qui ne reçoit qu’un
coup léger j car les HoUandois ne battent pas la
ülafïe avec a-, tant de force que les ouvriers fran-
çois. Les fils féparés & difperfés vers les côtés
ne font point tendus, ~ mais ils fe contournent
doucement-autour des bords de Yefpade , & retombent
e; Luite faas être endommagés. il en eft
de même des bouts de la fila fie qui s’élèvent aux
coups : ils ne peuvent s’ entortiller auiour d’une
efpade de cette forme 5c de cette grandeur ; ils
renco ntrent en s’élevant un plan large & uni -,
ainfi ils ’oopofent aucune réfiftance, & ils re-
toTib nr doucement & dans leur entier. ( Foye^
Bro y é hcllandoise.
ESPALIER. Dans le jardinage, c’eft une mu-
ra lle an-pied de laquelle on plante des arbres
qu’on attache enfuite à cette muraille ou à un
. trei’iage, ou de quelque manière que ce foit.
Quand on plante des arbres en efpalier, il faut
les déverler exi les plantant en-deçà du mur à la
diftance de neuf pouces ou environ ; autrement
les racines touchant au mur , ne pourroient
point agir. De plus , quelque pluie qui puiffe
tomber, jamais les arbres ne s’en reffent°nt
quand ils font plantés à plomb du mur. La direction
des efpaliers eft un des chefs-d’oeuvre
du jardinage , & on ne fait pas prifer affez le
travail régulier & entendu d’un efpalier formant
le plus fuperbe coup-d’oeil.
L’ ufage a aufli donné le nom à!efpalier à l’arbre
même.
Le contre-efpalier eft un arbre p’anté à l’eppo-
fîte de Y efpalier , autour des carreaux d’un
jardin. On l’appelle encore Amplement efpalier.
Les efpaliers ne fervent pas feulement à l’em-
belliffement & à l’ornement des jardins, mais ils
font auflî d’ un grand profit d’une grande
utilité. On en dreffe y parce qu’au printems il
arrive fouvent des matinées fraîches & des gelées
blanches , caufées, foit par la fraîcheur de
la terre ou par le vent du Nord, qui gâtent les
fleurs .les plus hâtives & les plus délicates,
comme font et lies des abricotiers 8c de toutes
fortes de pêchers, & même dé quelques poi-
rièrs, nous privant ainfi du plaifir & de la fa-
tisfaétion que nous aurions eue de leurs fruits.
Afin donc de prévenir ces inconvéniens qui font
affez ordinaires , on s’ eft avifé de chercher des
abris contre des murailles, qui par leur hauteur
& leur épaiflfeur garantiffent du mauvais vent, &
qui recevant les rayons du fehil augmentent la
force de la chaleur j & les arbres plantés contre
ces murailles , treilliffés & ajuftés convenablement
fur des perches qui y font attachées, font
ce qu’ on appelle efpaliers- Parlons maintenant de
la manière dont ils doivent être faits.
Il faut premièrement choifir un mur de clôture,
qui ait le foleil levant & le midi, & qui
foit bien fait & élevé au moins , s’ il eft pofiible ,
de $louze pieds de haut ; car plus il eft h aut, plus
long-tems il fert à cet ufage cfefpaliers. De toife
en toife de largeur il le faut garnir de trois
crochets de fe r , attachés l’iin au - deffus de
l’autre, l’ un à un pied de diftance de terre;
l’autre à cinq , le troifième à dix , & ce dernier
débordant du mur trois doigts plus que les
autres , pour le fujet que nous dirons ci-
après.
Secondementil faut faire une tranchée d’une
toife de largeur , en la prenant du pied du mur ,
8c de quatre pieds de profondeur, dans 1 été ,
fi cela fe peut, & la laiffer ainfi ouverte deux
ou trois mois, afin que le fond puiffe jouir de
la chaleur du foleil & de l’humidité des pluies.
Au commencement de l’ automne il faut remplir
cette foffe de là même terre, fi elle eft bonne ,
en l’amendant encore avec du fient bien con-
E S P
Comme, ou fi elle n’eft pas toute bonne, oter
celle qui e.lt mauvaffë , comme la terre argilleufe
& le fable jaune ou rouge, & y eTi remettre
d’autre apportée d’ailleurs > car fi l’on plante en
mauvaife terre ", ou qui ne foit point amendée ,
les arbres ne prennent qu’avec peine, 8c ils font
comme en langueur fans pouvoir profiter j du
moins ils en croiffent lentement.
Les arbres qu’il y faut planter , font ceux qui
font les plus tendres au froid: comme les abricotiers
, toutes fortes de pêchers, foit venans
de noyau, foit entés ou fur leur propre efpèce ,
& fur pruniers, abricotiers 8c amandiers, di-
verfes efpèces de pruniers > plufieurs fortes de
poiriers, qui doivent être entés fur épines ou
fur coignafliers, pour demeurer nains ; des figuiers
, & les autres qui feront de même tempérament
, ou qu’ on defire avancer!
On les peut planter en deux faifons ; favoir ,
en automne & au printems. On peut préférer
l ’automne, parce que la terre a encore quelque
chaleur, 8c que les arbres ont du tems avant la
rigueur d e l’niver, pour commencer à lier leurs
racines avec la terre, ou au moins pour s'accommoder
avec elle, afin d’en tirer aide. pour
fe défendre contre le froid. Pour cet effet il les
faut prendre dès qu’ils'commencent à fe dépouiller
de leurs feuilles , & en les plantant les
arrofer une bonne fois fi la terre eft fèche j &
alors on peut fe difoenfer def les tailler, fur-
tout s’il y a de groffes branches à ô te r , parce
que le grand froid furvenant, & trouvant de fi
grandes plaies , pourroit pénétrer au-dedans , &
faire mourir l’arbre , ou uu moins l'incommoder
grandement. Il vaut mieux attendre vers la fin
de l’hiver à en retrancher ce qui eft convenable.
Que fi l’on plante au printems, il faut planter
les arbres hâtifs , comme les abricotiers & les
pêchers, plutôt que les. tardifs, comme poiriers
& figuiers, & les tailler & couvrir la plaie
dé c ire , de poix-réfine, ou d’autre chofe fem-
blable, afin que la chaleur ne la faififfe & ne
l’empêche de fe recouvrir.
Il ne les faut planter ni plus profondément que
d’un pied, fur-tout en lieux froids 8c humides,
ni plus près les uns des autres que de quinze
pieds, parce qu’ autrement leurs branches fe tou-
cheroient incontinent 8c fe confonderoient, &
elles ne porteroient pas tant dè fruit ; l’expérience
faifant connoître qu’un arbre étendu à fon
aife, portera plus de fruit que quatre qui
s’entrepreffent , & fe couvrent les uns les
autres.
Au mois de mai que les chaleurs commencent
à venir, il faut la première année après que la
terre aura été labourée , la couvrir toute, s’il
eft polfible, de quatre doigts d’ épaiffeur avec
ESP 91
de la fougère amaffée dès l’année précédente,
pu avec de la paille, ou du foin, ou d’autre
chofe femblable , pour conferver la fraîcheur aux
nouveaux plants. Si l’année fe trouve fèche 8c
chaude, il faut arrofer aiïez abondamment de
quinze en quinze jours par-deffus la fougère
même 8c fans l ôter ; car il vaut mieux en donner
ainfi beaucoup & peu fouvent, que. d'y retourner
deux fois la femaine , ce qui ne fait
qu’abattre la terre & la durcir. Vers la S. Jean
il fera bon de détourner la fougère 8c de don er
un autre labour , en prenant foigneufement
g irde de toucher aux racines des arbres ; parce
que le labour tient la terre plus fraîche en ouvrant
fes pores 8c y faifant entrer l’air j 8c cela
fait, il faut remettre la fougère 8c recommencer
la même chofe à la fin de feptembre.
Cette même année il faut Liffer pouffer aux
plants tout b bois qu’ils voudront, fans les bleffer
& les altérer en leur ôtant leurs jets , au moins
y doit-on aller avec une grande difcrétîon &:
retenue ; mais il n’eft pas bon de leur laiffer
porter fruit, parce que cela les avorte & les
empêche de pouffer du bois. '11 faut aufli laiffer
les jets libres, fans Jes lier & violenter ; 8c
même il n’eft pas befoin de dreffer {‘efpalier,
parce que le bois ne feroit que fe pourrir inutilement
aux pluies. Mais la fécondé année , fi
les p'ants ont beaucoup pouffé, ou la troifième
fur la fin de l’hiver, avant que les bourgeons
des arbres pouffent, il le faut dreffer & y lier
doucement les rameaux des arbres, en les élar-
giffant & les étendant convenablement en forme
d’éventail , & en retranchant les petites branches
du dedans , qui ne peuvent ni pouffer de beau
bois , ni fe tourner en bourgeons à fruit; il
faut aufli continuer à labourer la terre quatre
fois l ’an j favoir, au printems, à la S. Jean, à
la fin de feptembre, & au commencement de
l’hyver.
En labourant il faut prendre garde d’enterrer
le.collet de la greffe du poirier ou du pommier
enté fur côignafli r , parce qu’il pourroit prendre
racinè, 8c croîtroit puiflamment, comme un
arbre franc , fans qu’on le pyt retenir nain.
Quand les efpaliers font en fleur, il arrive
quelquefois des gelées du matin , & enfuite de
grandes ardeurs du foleil qui brcüiffent les fleurs
& font périr le truit. IJ faut prévenir le mal par
le moyen des plus hauts crochets dont j’ai parlé,
débordans du mur plus que les autres ; car en
attachant des perches de l’un à l’autre, & à ces
perches des toiles qui fe couleront jufqu’au bas ,
fans toucher les fleurs & les fouler, on fàuvera
le fruit.
II. n’eff pas bon de laiffer nouer du fruit aux
. bouquets de fleurs qui viennent par fois à la
M i