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RUCHES. Nous devons encqro, l'apporter- ici.,
d’après la Bibliothèque phyjiqo - vconornique , un
exçcilenc roémore fur une nouvelle -m: tuer e de
conilruûe les ruches pour, le gouvernecpcrit des
abeilles.
Une longue expérience & une étude, : réfléchie
des ouvrages de Ducarne 3 de Blangy j Poteau
, Rozieï 3 Ricoiu; & autres fur lès -juches
& les ruchers 5 nous font alTurer que la- nouvelle
manière que nous proposons ici,de con.Ç-j
truire les ruches' ert préférable a 1 ancienne 3 foie j
parce qu’elle eft moins difpendieufe 3 fort parce
qu’elle réunit de plus grands avantages. Nous
allons préfenter aux ledteurs cette nouvelle nie-
thode de la manière la plus; (impie, avec le:ibin
qu’exigent les abeilles dans les divers tems de
l'année, & nous nous bornerons à de courtes
obfervations , d’ après ceux qui ont écrit fur cette
matière.
Conftruiïion des nouvelles ruches.
Une Yuche eft compofée de plufieurs petites 3
appelles haujfes. Pour faire une h*ufte3 il tant
de la paille fraîche de feigle-3 propre 3 & e^tie'
rement dégarnie de fes épis & de fes feuilles3
& qui n’ait point été mouillée ; elle doit n avoir
aucun mauvais goût ni aucune mauvaife odeur.
L ’ouvrier ferre cette paille par cordons avec de
l’o lis r, ou de la ronce 3 ou 3 ce qui feroit le
mieux 3 avec la fécondé écorce de tilleul. Il unit
e «fuite lès cordons les uns aux autres 3 il en
forme' une hauffe de trois à quatre pouces d élévation
3 & il en fait une efpèce de couronne
d’une largeur uniforme, & de douze a •
pouces de diamètre en dedans oeuvre. On obfeis
vera la plus grande exactitude pour faire toutes
les hauffes de la même dimenfion, afin qu elles
puifent s’adapter exactement l une fur l'autre.
( Voyez pl. XXXVII, fis- i , «ne ruche en paille a
deux hauffes). '
Chaque hauffe aura un fond de bois de chêne
ftns aubier, ou de bois blanc, de meme diamètre
, de manière qu’il l’effleure en dehors.
'C e fond fera attaché'à la paille avec du fil de
f î t ou d'archal. Les planches qui le cdmpoferont
feront de vùliges , bien jointes, & de trois a
quatre lignes d’épaiffeur. Chaque fond fera perce
de cinq grands trous d'environ deux pouces de
diamètre, à égale diftance , à prendre du centre,
pour établir la communication des abeiJes dgns
toute la ruche , 8c leur procurer la facilité d allonger
leurs rayons. Outre les cinq grands trous ,
on en percera dans le refie du-fond cinquante,
ou foixante petits de huit à dix lignes de diamètre
, pour fervir d’ iffue aux abeilles. On aura
grand ’ foin que chaque trou foit bien net j &
pour cet effet, dès qu'il fera percé avec la vrille,
on y fera paffet une broche rougie aa fea.
Il U c
Si Teflaim dont on forme le commencement
de la ruche eft fo r t , on réunira trois hauffes
enfembïe jpour.le recevoir, chaque hauffe fe
joint à une autre avec de la bouze de vache
fraîche; à mefure que le^travail avancera , fi
la ruche compofée de trois hauffes -eft pleine ,
vous en ajourerez une quatrième par-deffous ,
enfuite une cinquième, enfin jufqu’à -ièpt , fi
-l'année eft abondante. On aura foin .fie les bien
affujettir, pour que le vent, ni aucun autre accident
, ne les renverfe pas.
Si l'efiaim eft foible , vous ne- mettrez que
deux hauffes ; la hauffe qui terminera la ruche
fera furmontée par un fond fans trou, qui pouua
être plus large que la hauffe de quelques lignés
tout autour. II fera affujetti avec une pierre ou
une brique, qui fera enfuite couverte d un chapiteau
d e . paille comme les ruches ordinaires ,
afin d'empêcher la chaleur‘du foleil de le tourmenter
■ & de le faire déjetter.
Au lieu de placer les ruches, ainfi compofées
de leurs hauffes, fur unê planche à côté les unes
des autres, on établit chaque ruche féparément
fur une table ifolée. Cette tablette doit être de
pierre, fi cette matière eft commune dans le
pays j fi elle èft rare-, la table fera faite* d'uns
ou de plufieurs planches dé chêtie bien fe c ,
fans aubier, de deux pouces d'épaiffeur, de forme
ronde , & de quatorze à quinie pouces de diamètre.
11 faut avoir foin que la rainure ne puiffe
jamais occafionner de fentes,- 8c s'il en furve-
noic, on les remplira avec de la bouze de vache,
ou, encore mieux, avec du roaftic de vitrier.
Le côté de la tablette fur lequel fera établie
la ruche, doit être bien p o li, & la table fera
de forme concave , fe terminant en pente douce
à une ouverture quarrée de fix à fept pouces.
A l'aide de cette pente , tout ce qui tombera
de la ruche,' foit abeilles mortes ou papillons ,
retombera néceffairement fur cette ouverture,
qui fera l'endroit le phis bas, le poli empêchant
que rien na puiffe s’arÆter ailleurs. -Cette ouverture
fervira-encore à donner de l'air aux abeilles,
à examiner leur travail, 8c à voir le moment où
il eft à propos de donner une haqffe , fans cau-
fer le moindre dérangement, enfin à les nettoyer.
On pratique, à cette ouverture , une feuillure
dans laquelle on place un cadre de bois d g ja
même dimenfion, qui puiffe entrer jufte fur toutes
faces. A ce cadra eft attachée une grille de fer-
blànc ou de fer battu, percée de puits trous,
à-peu-près comme une greffe râpe, ou une grille
de fil de fe r , affez ferrés pour que les abeilles
ni les papillons ne puiffent entrer ni fortir. Cette
grille fera attachée1 à la table par deux tourniquets
qui l’affujettirout à volonté. La table
R U G
fera foutenue fur trois piliers de bois de chêne
ou de pierres, ou de briques, à environ un pied
& demi de terre. Elle fera termineéVfur le devant
par une avance en forme de bec', de trois a
quatre pouces de long , dans le milieu de laquelle
fera pratiquée une rigole en pente douce iur
le devant, pour faciliter l’ecoqUnient de beau,
& pour fervir de chemin aux abeilles pour entrex
dans-la ruche.
Avantages des nouvelles rucl/cs fur les anciennes.
Expofer les inconvénient des anciennes -ruches,
auxquels les nouvelles né font point fujettes ,
c'eft déjà montrèr l’avantage de Ces dernieres.
Par la forme des premiètés, il eft tinpoffible de
bien diftinguer tous les gâteaux de cire vieille
qu'il feroit à propos de retrancher, parce qu elle .
fe g â te , répand une mauvaife.odeur, 8c tint
mourir les abeilles. Il eft -t-rès-difficile de ne pas
enlever quelques gâteaux de ciré neuve , qui
contiennent ordinairement plus de couvain, St
l'on- arrache de la cire neuve , duns'Iaquells il
n’y ait pas" encore de couvain dépofe, il ratidra
que les abeilles emploient, à réparer le defaltre,
le tems qu’ effeS auraient occupe a augmenter
le nombre des alvéoles. Lorfque 1 annee eft .a-
vpvable, 8c que la ruche eft bien peuplee „faute
de trouver de l’efpace dans la ruche mêmet,;. elles
font un ouvrage perdu en travaillant e tu.dermes ■
On renverfe les- ruches ordinaires pour eh ttter
la cire & le miel:; il refte des débris de" ciré,
le miel coule , les guêpes le Tentent, il peut
en arriver de tous côtés pour s’approprier le
miel & les débris dé cette cire , 8c il en refuite
le pillage. Comme on travaille un peu à tâtons, m m m i p i ° n fe t° rnbé,i'ur
de la reine, on ne peut plus efpérer d’effaim
pour l’année, trop heureux fi la ruche ne .périt
pas toute entière. L’expérience apprend que ,
dans ces fortes de ruches, il eft prefque impof-
fible.dé garantir les abeilles des fouris , des vers,
des papillons St de tous lés infeftes qui.-font
fouvent: périr une ruche. On ne peut pas plus
entretenir les abeilles dans la grande propreté
qu’elles aiment :
A t neqne munditice magnas par cura per uroes
Privatafque doiriQsnil fordis in tçdibus.
Pr«£d. Ruft. L. 14.
Comme les ruches font ordinairement établies
fur de longues planches, lorfqu’on vifite les
abeilles, l’ébranlement d'une feule ruche trouble
toutes les autres. On ne parle pas de ceux qui
tuen.t les abeilles pour s’emparer del'eur dépouille j
c’eft le comble de l’ignorance. '
Les nouvelles ruches, ne font pas^ exp.ofees_ a :
tous ces inconvéniensnSi l’on a recueilli un effaim.
R’U C i<?i
foible , on le laill'e dans une hauffe feule qu’on
place fous un autre e fiai ni pareillement foible.
’ Quand ces deux effaims feroient_ fprtis a trois
femaines ou un mots de diftance 1 un de 1 autre,
ils fe, réuniront Se en formeront un bon qui ne
craindra point l’hiver. Pour l’affurer davantage,
on peut arrofer E s deux avec un bon verre de
miel 8c autant de vin eu t ,'refroî.iK enfembïe,
affez liquides pour que le plus grand nombre
des abeilles en foit mouillé ; enfuite on tcet'.e
les jointures des hauffes tout autour avec de la
bouze de vache, 8c on les fume un peu.
Pour efiléver lè miel 8c la c iré , apres avoir
' ôté les fonds fupérieurs qui couvrent la ruene ,
on détache très-doucement la hauffe de deflin ;
! on replace le fond fur la hauffe de laquelle-ort
vient de 'détacher celle qu’ on enlève , on l’em-
* porte à l’ombre , loin du rucher., ou. chez fo i,
pour que les abeilles ne la fu'vent pas ; on chaCfe
avec un peu de fumeê celles qui pourraient
: y être reliées ; «n l'examine enfuite à fen aife
dans le cours de la journée ; on s'approprie le
tout ou g ne partie de la récolte qu elle contient.
S’ il y a du couvain, onTjr laiffé, & le
.. foir op rapporte cette hauffe , qu’on met aq bas.
I de la ruche dans la même ppfition qu’elle éroit
en haut. Il eft facile d’enlever àinii" & de vifi-
ter fucceffivement toutes' les hauffes les unes
après les autres; Si, dans quelqu’une, il fe trouve
de la vieille cire ou de la moififfure , ou de la
vieille pouffière dé fi tirs, on la nettoie-: s'il
s en trouvoit fur la tablette ou fur les fonds,
on les lave avec de l’urine fraîche, 8c la ruche
eft toujours en bon état. Pour remettre les hauffes
dans la même fttuation où on les a prifes ( ce
qui eft effentiel ) , on y trace une ligne rouge
ou- noire, qui foit affez fenfible pour pouvoir
les replacer précifément comme elles étoient.
Soit par l’ouverture quarrée qui eft au centre
de la tablette, foit par l'infpection des hauffes,
il eft facile de s’ affurer s’ il faut donner une nouvelle
hauffe , ou s’il eft befoin de donner de la
nourriture aux abeilles. Comme il ne faut pas
être trop avide de miel, on eft à portée de
favoir la quantité qu’on en peut ôtér, 8c celle
qu’on en doit laiffer pour que la ruche foit toujours
dans l’abondance..Enfin, on eft à même
de prendre toutes les précautions néceffaires,
fans crainte de fe tromper.
Voption des ruches ; leurs vifîtes ; nourriture des
abeilles.
Il n’eft pas indifférent de placer les ruches dans
un lieu quelconque , fans choix 8c fans diftinc-
tion. La pofition qui leur convient le mieux,
eft la proximité d’unè habitation , afin d y veiller
plus facilement. Le foleil «te fept heures du matin