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aujR ne voit-on pas que cette opération fafle enfler, en quoi
que ce foit, la Chenille; preuve évidente*, que les conduits aériens
fe vuident, & que, s’il y a encore de l’air renfermé dans
fon Corps, hors de ces conduits, la porofité des parties de la
Chenille & de fa peau , permet, à cet air, d’en fortir avec facilité.
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E n f in , la troifième raifon, qui me fait douter de la refpira-
tion des Chenilles, c’eft que quand on les tient plongées dans
l ’eau, on ne voit pas que la petite bulle d’air, qui remplit ordinairement
alors la cavité des ftigmates, groflifle & diminue alternativement
, comme il fembleroit devoir arriver fi la Chenille
refpiroit; D ép lu s , nôtre Chenille réfifte,à cette fubmer-
fion, un tems beaucoup plus confidèrable que tout Animal, qui
refpire, ne paroît, dans les mêmes circonftances, y pouvoir ré-
fifter ; car j ’ai tenu des Chenilles du Bois de Saule, pendant
l’E t é , jufqu’à 18 jours entièrement fubmergées dans des tubes
remplis d’eau. Après avoir été efluiées, & lailfées dans un lieu
tempéré, elles ont repris, en moins de deux heures, leur mouvement
, qu’elles avoient perdu dès la première heure de leur
fubmerlion: : o r , je ne crois pas qu’on ait vu , jufqu’ic i, aucun
/ Animal refpirant, qui réfifte-, en E té , à une fubmerfion auffi
longue.
M a i s , d ira -1 -o n , fi les Chenilles ne relpirent point, à quoi
leur fert la quantité prodigieufe de vaifleaux aériens, que
l’on fait qu’elles ont ? On pourrait répondre à cette queflion
par une autre, & demander, fi les Chenilles relpirent, pourquoi
n’ontn’ont
elles pasfles poumons? car l’un & l’autre femblent également
néceflaires à la refpiration, & c’eft un fait avéré, depuis long-
tems, qu’elles .n’en ont point ; ce qu’il y a de certain, c’eft
que les vaifleaux aériens leur font néceflaires, puifqu’eües en
ont ; & qu’ils leur font même très néceflaires, puifque leur
nombre eft prodigieux ; mais à quoi leur fervent-ils? c’eft ce
qu’on ne fauroit déterminer avec certitude; on peut pourtant
avancer, avec aflez de ' vraifèmblance, qu’un de leurs uiages
doit être de concourrir , avec les nerfs , à la contraétion dès
mufclés, pour opérer les mouvemens ; vu que j’ai expérimenté
plus d’une fo is , à nôtre Chenille, que lors que je couvrais
d’huile , à quelques reprifes, les ftigmates de trois ou quatre
Anneaux qui fe fuivent, cês Anneaux devenoient gonflés &
paralytiques, & le reftoient pendant plufieurs jours, après quoi,
ils fe desenfloient & reprenoient leur premier état d’aâivité;
apparemment parceque l’huile s’étant enfin diflipée , les vais-
féaux s’étoient réouverts.
O n a vu , dans le Chapitre troifième, que nôtre Chenille Les jambes;
avoit 8 paires de Jambes , diftinguées en antérieures -, intermédiaires
& pojlêrieures ; que les fix antérieures étoient articulées
,, & fe terminoient par un Ongle crochu ;• que les huit intermédiaires
, & les deux poftérieures n’avoient point d’articulations,
& fe terminoient par une Plante de pied ovalaire; & que
la plante des intermédiaires étoit entièrement environnée de
Crochets, pendant que celle des poftérieures n’en avoit Amplement
que par devant,
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