fe. On eft fi accoutumé à ne voir, vivre les Chenilles que d’her-
bes & de Veuilles ,, que quand on trouve , dés Arbres criblés de
trousy qu’on les voit fécher fur pied, & même rompus & ren-
yerfés par terre , on né s’avife guères de penfer quece foit là
l’ouvrage de Chenilles ; cependant un- petit nombre de celle»,
dont je vais traiter, fuffit pour caufer ce dommage. Par bonheur
pour nous, elles ne le. caufent ordinairement qu’à une èf-
pèce d’Arbres peu e Aimée, qui d’ailleurs croît fi vite, & multiplie
fi aifémcnt, qu'on n’en,regrette pas Port la perte.- On com--
prend-bien que c’eft du Saule dont je veux parler; cet A r bre
eft le plus fujct à être endommagé.par ces Infectes; Us s’y
creufent mille trous, fouvept allez larges pour y pafTer le
doigt, & même le pouce; çe qui, bien des fois, intercepte le fue:
nourricier,.ou affoiblit le.jronc à ;un point, que l’Arbre en
meurt, ou qu’il tombe au moindre vent..
J’ ai bien'trouvé dp ce?, Chenilles dans des troncs d’Ormes,,
mais plus rarement : & , dans le Bois de la Haye , j’ai même *
vû des Chênes qui en avoiént été endommagés; ce qui prouve -
qu’elles s’attaquent auiîi: quelquefois à cet Arbre , qui, par fa:
dureté,.. fembleroit devoir être à l’épreuve de leurs dents. .
Pourquoi je Q u o i q_u’ i l en foit, le Bois dé Saule eft leur nourriture la* l'ai appellée, ! „ ,, „ V
cheBiiie du* plus commune,; & 1 on ne trouve gueres, en nos Quartiers, de ■ Sois déSaulé. J
rangée de Saules, un peu vieux, dont les troncs n’âyent, la plupart,
été entamés par cet Infecte, que j ’ai nommé, pour cette
raifon, la Chenille du Bois de Saule...
C omme mon but, dans cet Ouvrage,,n’a pas été de faire
m is—
l’Hiftoire de cette Chenille, mais Amplement d’en dévelo-
per la ftruéhire intérieure, je ne me fuis point appliqué à fui-
vre cet Animal dans tous fes procédés cachés & difficiles à
découvrir, avec tout le foin & toute l’afliduité que requièrent
de pareilles recherches; ainfi je ne fuis pas en état de donner,
à cet égard, tout l’éclaircifTement que l’on pourroit délirer
; cependant j ’efpère- que ce que 'j ’en - vais dire fuffira,
pour fàtisfaire la jufte curiofké de ceux qui voudroient con-
noitre, avec quelque détail, les opérations & le s procédés
d un Infeéte, dont le mécanifme va devenir l’objet de leur attention.
C e t Infeéte, comme toute autre Chenille, doit fa nàiffance
à un Oeuf. La Phalène, qui le pond, a foin de le dépofer contre,
.le tronc d’un Saule, & quelquefois d’un autre Arbre, auquel
il refte attaché par une humeur vifqueufe, qui le couvre
en ce moment, & qui, peu après, fe durcit à l’air de manière,
qu’aucune pluye ne fauroit la diffoudre.
L O euf eft très petit; il n’a pas la groffeur d’un grain de
M ille t* : il a la forme d’un Sphéroïde oblong; examiné avec
une,forte Loupe , on voit que de larges filions endoyans &
inégaux parcourent fa longueur * , & que ces filions font eux-
mêmes traverfés par des ftriûres très ferrées, qui les croifent;
ce qui donne, à cet Oeuf, quelque air d’un tifTu d’ofier. Ces
Oeufs font d’un blanc de lait dans l’ovaire; pondus, ils deviennent
gnfatres-, & de larges rayes, d’un brun rougeâtre très
fonce, effet de la liqueur vifqueufe dont la Phalène les teint,
Elle natt d’tfli
Oeuf.
Defcription
de cet Oeuf.
* PI. I. Fig. i ,
* P U . Fig. 2,