rant la même carrière, virent plufieurs des chofes que j ’avois
vues j & s’ étant fait un Plan moins étendu, m’enlevèrent, en
publiant leurs Obfervations, une efpèce d’honneur que je
croiois avoir également mérité. Picqué de ce que cela ne m’é-
toit arrivé déjà que trop fouvent, je me dégoûtai infenfible-
ment de ma première entreprife, & enfin ÿabandonnant tout
à fait, je me déterminai pour une autre, dont les difficultés
me parurent propres à me laiffer le champ libre. Après quelques
elfais fur diffèrens Infectes, je m’arrêtai à la Chenille,
qui fait le fujet de cet Ouvrage, & j ’en entrepris l’Anatomie,
fans craindre qu’on ne m’y devançât ou ne m’y prévint; mais
encore s’en fallut - il peu que je ne me fuffe mécompté ; & fl
Mr. de.Geer, Chambellan du Roi de Suède, & Emule de feu
rilluftre Mr. de Reaumur, avoit eu, pour travailler, les mêmes A*
vantages que moi, l’Anatomie, que, dans le premier de fes Mé-,
moires, il a effayé de donner des Chenilles, & en particulier
de celle qui m’a fervi de fujet, auroit pu rendre inutile toute ma
nouvelle entreprife. Heureufement pour moi, nos Yeux ne fe
font pas trouvé faits de même: les liens ne lui ont reprefenté
les objets que comme très fimples & fans détail; les miens me
les ont fait voir comme très compofés, & dans un détail im-
menfe; ce qui a rendu nos Figures & nos Defcriptions fi dif-
femblables, que je ne doute pas que leur confrontation ne
fournifTe, à nos Génies créateurs modernes, une heureufe occa-
fion de bâtir de nouveaux Syfièmes, & de démontrer, car ils
démontrent tout, que la ftruéture intérieure des Infeéies, n’ayant
rien
rien de fix e , .il en reliilte inèoneeftablêment f c’eft-le'ton dé’
ces grands hommes,- que-les Infectes-^doivent leur exillence à
un Concours fortuit de MonadëS-,*- d’Atomés-, on dé Mbleeüleà
organiques‘ différemment affemb-lés ; -& que, fi l’on trouve'ces1
petits: .Animaux plus: -cdmpè#'s-'étî Hollande -qü’^h Suède1,c fe f f '
parce qfie les Principes dont 4à'rbneëntr-eUes°a;-produits1,‘'-ont1
eu moins d’actiyité: & de parichant à -s’üni’r dans un Climat’
froid, que fous un Ciel plusr:tempèrfié.c Maisi, fins entrer plus-
ayant dans des fpeculations, dont :1a fübfiWtdq?affe:maifphèFêV)
& laiffant ces hautes difcuflionS àr dès iGémies nés.pour--gén&~
ralifer toutes chofes ( * ) , & comjpofer ce que de mifc-rablos ET-
prits géomètres ôfent appellef des Ronians,' des 'Rêves1, ' pif
des Délires Philosophiques;, la vtuë, desiiEfTais. de Mr. de Geer
m’ayant raffiné, & fait comprendre,: que:mon travail pourroit
encore avoir un air nouveau, je le continuai, & iT auroit'été
fini il y a plus de .jfix ans , fij des .objets plus'intéreffahs né-
me l’euffent entièrement fait dilcontinuer, -dans un teins, ou il
ne me reftoit qu’à graver mes Planches, pour avoir tout achevé.
Mais les Emplois que j ’occupe m’ayant fait entrevoir .dans les-
Affaires, un vuide, qu’il me.parût utile de remplir, cette dé-
T : - cou-
(*) Je me rappelle-ici qu’un des Auteurs de la Bibliothèque raifonnéer, dans une dif-l
pute, ou il s étoif échauffé /[contre moi), àfoutenir THypothèfe-des Animalcules , ne Tachant
plus que répondre, s’avifa de changer tout à coup de Batterie? de nie-prêter, de fa pure,
l’hypçthèf© des dev.eiopèhiéhs ,rJ5t-de^la 'Comte-tU‘eicomméviî ^c’étoiib moi! -opinion ;
mais il s’eft fort trompé* s’il l’a cru férieufemeafc, : T’ai toujours eu ^p€ff«4e gofit, pour?-
tout ce qu’on apelle Syftêrh’es ; tlüJ plticôt HypoEhefi^1 que* jvai ' milfé ïôis fÂuhàrtté qu’on
*es. 3 {.Qutgs. Jes Scjiqnces . j ^ jnêiîi^^Oi ja: Théologie, (tant^ca&fe de leîù? inêer-
•tîtuHe, qui calife au peA 3e fruit qii’dn en retire, de du mauvais ùfâge que l’on en fait.
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