organes du Tact. La peau de la Chenille , dure & grenée
comme elle e f t , ne femble guères fufceptible d’un fentiment
fort délicat, qui ne pourroit être que très incommode pour un
Animal deftiné à vivre dans des cavités, fouvent' fi étroites,
s que ce n eft que par bien du travail & des efforts, qu’il le transporte
d’ un endroit à un autre; cependant, comme, en bien
des circonftances, un fentiment délicat pou voit lui être néces-
* .
faire , il eli très' probable qu’il en jo u î t , malgré la dureté de
la peau & de les écaillés, au moyen des Poils qui les percent,-
car fi ces Poils communiquent avec le fécond tégument, comme
il m’a paru, ce tégument, tendre & nerveux tel qu’il eft,
doit recevoir toutes, les imprelfions que les corps étrangers
font fur ces Poils, & les faire reffentir à la Chenille, quelque
foibles qu’elles puiffent être , par la raifon que la peau, tout
près des Poils, implantés dans la peau, & la petite membrane
qui environne les Poils, implantés dans les. écailles, étant
très flexibles , laiffent , au Poil, la liberté de céder à la rencontre
du moindre objet, & que ces Poils font chacun comme
autant de petits Leviers allez roides , dont le point d’appui
.eft au corps de l’Animal, & qui, venant à être prelTés jufqu’à
un certain deg ré, fon t, fur le fécond tégument, un effort
d’autant plus grand , que la diftance, de l’endroit de la preiïion
. au point d’appui du P o il, excède celle qu’il y a de,ce point,
au fécond tegumeut. Je dis jufqu’à un certain degré, parce-
que fi la preflion eft fo r te, le Poil fe courbe & ne fait alors
| | . l’office de Levier qu’autant qu’il a de roideur. Et ce qui rend
encore
encore plus probable que les Poils font des organes du Tact,
c’eft qu’il eft très certain que les Chenilles fentent par l à , &
que, pour peu qu’on- touche à leurs Poils, elles font des mou-'
vemens qui donnent a connoitre qu’elles s’en apperçoivent.
Q.u a n t aux Stigmates '*, nous avons dit, qu’à la vue fim- Les Stigmates,
pie, ils paroiffoient comme autant de petites cavités affez pro- Fig!
fondes, bordées d’un trait brun ellyptique, & qu’au fond de
ces cavités on découvrait une raye de même couleur. C ’eft
en effet tout ce qu’on peut y remarquer tans Verres, lors qu’on
les regarde fur le Corps de la Chenille ; mais ce n’eft point a-
lors tout le ftigmate que l’on a vu ; on n’en a vu que le def-
fus; le refte en eft caché par la peau, au travers de laquelle il
pénétré dans le Corps de la Chenille. Il faut donc l’en détacher
pour le bien reconnoître, & c’eft ainfi .que nous allons
l’examiner, avec une Loupe, dans les Fig. 3, 4 , & y , de la
Fl. II. , où la Fig. 3. eft celle d’un ftigmate vu dans fa pofition
naturelle. La Fig. 4 ., celle d’un ftigmate vu dans le fens op-
pofé, & la Fig. y ., celle d’un ftigmate qui fe préfente de côté.
Aux Fig. 3 & y , j ’ai laiffé quelques reftes de h peau de
l'Animal* afin qu’on pût diftinguer la portion du ftigmate qui
paroît au deffus de la peau, de celle qui fe trouve au deffous;
mais, comme tout ce qui paroît à la Fig. 4. eft fous la peau,
la peau meme n’y a point été repréfentée. Je dois encore a-
vertir que ces Figures font celles des huit dernières paires de
ftigmates, en tout femblables à ceux de la première paire,
qui font tant foit peu plus grands, & ont fur la peau un contour