d’ailleurs, que les Chryfalides font des Chenilles fous une autre
forme. J’avois ci-devant mis en doute fi elles refpiroient. Mr,
de Geer, a combattu ces doutes. Et maintenant il paroit bien
démontré, qu’elles ne refpirent point du tout; à moins qu’on
ne veuille nier la vérité d’un très grand nombre d’experien-
ces, que Mr. Martinet a fait pour éclaircir ce point, & dont
il a publié le détail dans une Differtation Latine de la Refpi-
ration des Chryfalides, imprimée à Leide en 17J3., & fi cet
Infecïe en fon état de Chryfalide ne refpire pas, on hafarderoit
certainement beaucoup d’affirmer fur une Analo gie, fouvent
trompeufe, qu’il refpire dans fon état de Chenille, quoi qu’elle
foit privée du principal organe de la refpiration, je veux dire
les poumons.
U n autre doute, qui cfeft refté fur un point du moins auffi
important, eft de favoir fi la nutrition fe fait, dans les Chenilles,
d’une façon femblable à la nôtre, & fi ce que l’on a toujours
appellé le Coeur de cet Infeéte, n’efl pas un Vifcère def-
tiné à un ufage très diffèrent. On verra dans ce Traité, peut-
être avec furprife, que quoique ce Vaiffeau, qui eft des plus
grands, foit rempli d’une liqueur allez propre en apparence à
pouvoir faire l’office de Sang, & que cette liqueur y foit con-
ftamment agitée par des fyftoles & diaftoles régulières, je n’ai
pourtant trouvé, à ce Vifcère, aucun indice d’Aorte, de Veine
cave, ni même d’aucune Veine ni Artère que ce foit, par où
la liqueur pût fe répandre dans toutes les parties du Corps, &
retourner au Coeur. Je n’ai même trouvé en aucun autre endroit
de l’Animal la moindre trace quelconque de Veine ni d’Artère,
tère, & il eft affez apparent, que s’il y en eut eu d’analogues
à celles des grands Animaux, elles ne m’eufTent point échapp
é , puifque j ’ai bien pu fuivre fes Nerfs, qui dans nôtre Corps
ont généralement moins d’épaiffeur que les Veines, & que j’ai
même fuivi dans un très grand détail fes Bronches, qui par
leur quantité font encore plus difficiles à fuivre en ce fujet,
que ne le font les Nerfs.
T o u t cela donne bien lieu de douter, que ce qu’on appelle
le Coeur de la Chenille, le foit effectivement, & que la nutrition
dans ces Animaux fe faffe d’une façon femblable à la
nôtre. Peut-être parviendra-t-on tôt ou tard à faire voir, que
cette quantité furprenante de graiffe répandue dans tout le
Corps de la Chenille, & avec laquelle les autres parties communiquent
par nombre de fibrilles, fupplée au defaut de circu-'
lation de fang, & qu’elle eft comme une efpèce de terroir préparé
par la Nature, d’où chaque partie , par le moyen de cas
fibrilles, tire pour fa nutrition le fuc qui lui convient, comme
chaque Plante le tire de la terre par fes racines. L ’Analogie
peut avoir fes ufages; mais elle feule, je le répété, eft un mauvais
guide en Hiftoire Naturelle;, fouvent.elle.nous trompe dans
les cas où on le foupçonneroit le moins; ainft, de ce que le
Corps des grands Animaux eft nourri par le fang qui circule
dans leurs Veines, il ne s’enfuit pas néceffairement que la nutrition
fe faffe auffi de même dans toutes fortes d’Infedes,
C omme je ne me fuis.propofé de publier qu’un fimple Traité
d’Anatomie , l’on ne doit pas s’attendre à trouver ici de
grands détails Pliyfiologiques; cette partie, fi pleine d’incertr-
% * 3 tudes,